Peach Kelli Pop est une artiste que j’ai déjà eu l’occasion d’encenser plusieurs fois. Elle faisait récemment paraître le premier single de son nouvel album, Peach Kelli Pop III. Intitulé “Plastic Love“, on y trouvait ‘une petite pièce pétillante au milieu d’une scène qui recherche souvent un son toujours plus loud‘. A l’évidence, Peach Kelli n’est pas dans cette optique, mais il serait triste de ne pas voir que le message qu’elle fait passer n’en demeure pas moins redoutable.
Ce nouvel opus, qui fait suite au numéro I paru en 2010 et au II paru en 2012, est un album plus abouti que les précédents. Peach Kelli Pop y a accepté de confier une partie de l’instrumental à un de ses amis. Pour la première fois, elle a enregistré le tout dans un véritable studio, au ARW studios. Le résultat est scintillant. Cet album contient un nombre très élevé de hits. Mais ce n’est pas tout. Peach Kelli Pop fait ce que seuls les grands savent faire : passer un message sous couvert de mélodies innocentes. Pour ce, Peach Kelli a mis toutes les paroles de son album à disposition sur son bandcamp, une initiative fort louable.
“Princess Castle 1987” est la parfaite introduction à la frontière entre Garage et Bubblegum. Le choix du titre introductif est toujours très important, et force est de constater qu’il est ici absolument parfait. Il est vrai que la musique de Peach Kelli Pop rappelle parfois l’époque des vieux jeux vidéos où joie rimait (pour certains d’entre nous) avec délivrance de la princesse Peach. Le titre capture cela, en un sens. “Shampoo” fait part au cheesy que tout bon album de garage doit nécessairement contenir. Tout aussi bref que le premier, il participe à créer une introduction à fond la caisse. Pourtant, ce titre fait déjà place à des thèmes plus politiques (celui de la dénonciation de la société magazine-féminin, “Trying to be pure, perfect and clean I’ll be the best girl you’ve ever seen”). Ce n’est alors que le début.
Vient ensuite celui que j’imaginerai volontiers être le générique d’une série des années ’90, “Heart Eyes“. A vrai dire, Peach Kelli a même refusé d’inscrire les paroles sur son bandcamp, “too embarrassing to post”. Respectons le choix de l’artiste, je vous laisse entre les bonnes mains de cette mélodie pour les déchiffrer. Un “Bat Wing” qui “uses ultrasonic waves to find your grave” plus loin, Peach Kelli revient en force avec le single (décrypté ici), j’ai nommé “Plastic Love“. Et si l’amour s’accomodait finalement d’une perfection pastique ? C’est le message que Peach Kelli fait encore (tré)passer, “Perfect 10, ageless, firm”.
La doo-wah pop éclair revient sur “Nude Beach“, un titre qui emprunte au punk des Ramones pour nous ramener sur terre, au pays du topless. “Big Man” joue sur le même terrain, côté Nobunny. Après avoir asséné son “he calls me ugly when I say no”, Peach Kelli Pop nous rappelle que la virilité vraie pourrait se cacher dans le slip kangourou de l’artiste précité (euh). Après tout, il est juste que ce petit moment de féminisme (était-il vraiment nécessaire pour faire passer le message de l’album, Peach, la question est posée) fasse penser à la scène de Nobunny.
“Sailor Moon” est quant à lui l’un des morceaux les plus pop de tout l’opus. Egalement le plus court, Peach Kelli Pop parvient à nous emmener avec elle sur le bateau où les pizzas et autres bud’ jonchent le sol par dizaine. Vient ensuite “New Moon“, l’un des titres les plus aboutis de tout l’album. Peach Kelli Pop y est plus en contrôle et elle amorce le petit dernier sur une phrase finale, “You left me no light, you’re out of sight”. C’est alors qu’elle réédite la performance sur “Please Come Home“. Constituant un des titres les plus personnels de l’album, Peach Kelli Pop y trouve un souffle nouveau. Ce titre n’a aucun équivalent dans toute sa discographie. Elle avait déjà évoqué le thème de l’amour impossible sur “Plastic Love“, et voilà que l’obsession revient avec ce dernier titre qui semble finaliser l’impossibilité. C’est splendide, voilà tout.
Au final, Peach Kelli Pop III est indéniablement le meilleur album de Peach Kelli Pop. Alors qu’il contient toujours ces mêmes sonorités très cheesy, Peach Kelli Pop a fait le choix de l’engagement. Alors certes, Peach Kelli Pop n’est pas la première à dénoncé le culte de la femme mannequin. Mais elle est l’une des premières à le faire avec tant de grâce Bubblegum.
D’un strict point de vue mélodique, notons que l’album n’est jamais aussi bon que lorsque les titres sont concis. Sans hésitation, Peach Kelli Pop III concourra dans la catégorie de meilleur album de pop de l’année. L’album encapsule une grande partie du son Burger, et c’est très bien ainsi. Peach Kelli Pop le sublime avec toute la tendresse que sa voix apporte à l’univers trash du label. Et puis, politiser Burger n’est pas une si mauvaise idée lorsque c’est fait avec tant de justesse. Peach, well done!
(mp3)
Peach Kelli Pop – Princess Castle 1987
(mp3)
Peach Kelli Pop – Please Come Home
Liens afférents :
Article sur le single “Plastic Love“
Article sur son single “Dreamphone“
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