LP Review : Drinks – Hermits On Holiday (Proto Psych Pop)


Drinks. Nous l’avons dit à l’occasion d’un premier article paru sur Still in Rock le 29 juillet dernier, Drinks est la nouvelle formation de Tim Presley qui a eu la bonne idée de s’accompagner de Cate Le Bon. Le premier album du groupe, Hermits on Holidays, est paru le 21 août dernier via Heavenly Recordings, également la maison de King Gizzard. Il contribue ainsi de faire de ce label le nouveau chantre de la musique psychédélique.

Hermits on Holidays est un album à statements, comme j’aime à les décrire. Cela fait plusieurs semaines que nous n’en avions plus eu sous la main. Ça fait du bien, il y a beaucoup à dire, et surtout, beaucoup de très bon à écouter. L’album s’introduit sur “Laying Down Rock“, le dernier single dévoilé. Un brin psychédélique, on y trouve un juste compromis entre l’univers des deux artistes. Son côté obsédant persiste après plusieurs semaines, c’est bon signe. 
Focus On The Street” est un titre tout ce qu’il y a de plus surprenant de la part de Tim Presley. En plein dans le mouvement Proto Pop, on se trouve là confronté à un morceau très dépouillé, également très punk, à l’opposé de ce que White Fence (et Cate) à l’habitude de produire. Et c’est excellent ! Avec ce titre, Tim Presley monte un cran supplémentaire dans mon estime. Sur des airs de Television Personalities, Drinks met déjà la barre très haut. “Cannon Mouth“, qui le succède, se veut plus weird. Il laisse le lead à Cate Le Bon sur un mélange de Space Lady (voir “Synthezise Me“) et de Stranglers/Slits. Le résultat est moins probant. 
She Walks So Fast” prend le relais. Pas si fast, il est introduit par quelques chutes studio, comme pour faire monter l’adrénaline. Une fois lancé, Tim Presley reprend ses allures anglaises pour se parer d’une musique à la frontière entre punk et psychédélisme. Le résultat n’est saisissable qu’après quelques écoutes. “Hermits On Holiday“, le titre self-titled auquel une attention particulière est toujours donnée, demeure “mignon sans briller”, comme décrit en juillet dernier. Il perpétue cet univers chaotique et aride où la musique semble pousser avec difficulté. “Spilt The Beans“, pour la première fois, rappelle Nico sur son album avec des Velvet. Il place incontestablement Cate Le Bon sur un piédestal. Tim rapplique avec sa guitare pour un des meilleurs solos de tout l’album. Le titre conserve une part de l’aspect mécanique des groupes précités sans négliger les influences psychédéliques des deux artistes. C’est très, très bon. 
Tim, Do I Like That Dog“, introduit le trio conclusif. On l’aura compris, le groupe aime à se faire attendre, délivrant des compo’ décousues qui semble avoir du mal à battre des ailes. Il ne décollera jamais, mais parviendra tout de même à nous faire visiter quelques horizons lointains, expérimentaux et Tim Presley-esque en ce que le son de la guitare nous rappelle celui de Is Growing Faith. “Cheerio“, le titre le plus court de l’album, serait-il une réponse au groupe Suicide (et son titre “Cheree“) ? A défaut de pouvoir l’affirmer, réfugions-nous sur “Time Between“, le dernier. Clairement inspiré des Velvet (version White Light, ce coup ci), il est un beau point final à ce premier essai étonnant.
Au final, Hermits On Holiday est un album fort intéressant à plusieurs points de vue. Le premier et le plus évident, il fait la synthèse entre Proto Pop et musique psychédélique. C’est un peu comme si Drinks parvenait à concilier Punk et Classic Rock, l’un étant la réaction de l’autre. Il prouve ainsi que la musique psychédélique peut se passer de longs jams, si besoin. Il prouve également que la qualité des deux artistes engagés, capables de beaucoup avec peu. 
Le second, il sert à démontrer que les Velvet U ont toujours la meilleure influence sur les groupes les plus inspirés. On ne joue pas avec leur héritage sans un immense talent, ce que Tim et Cate ont incontestablement. La Factory a encore de beaux jours devant elle, Drinks vient ici de le prouver avec passion. Sa musique est un bel hommage au groupe qui aura su transformer la musique expérimentale en véritable sanctuaire populaire au sens où il aura donné l’envie de composer à des dizaines de milliers. L’écoute de Drinks peut être compliquée, mais elle perpétue ce mouvement de masse, à la Basquiat, à la Charlie Parker. 
Le troisième et dernier, Drinks vient étoffer l’excellente discographie de Tim Presley. Le fait est désormais établi, tout ce à quoi il touche se transforme en or (psychédélique). Même sur de la Proto musique (entendez par là pre-pop, ou paleo-psychédélique), Tim Presley démontre l’étendue de son inspiration. Avec son W-X dans les parages, on se dit que nos beaux jours de 2015 sont assurés. 
Liens afférents :

Article de présentation de Drinks
Interview Still in Rock de Tim Presley

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