Vient alors le grand hit de la carrière d’Elvis Costello, le premier titre qui vient à l’esprit lorsque son nom est prononcé, “Alison“. Ce titre-là ouvre la tradition de ceux qui sublimeront les Queen Prom. Son “Oh it’s so funny to be seeing you after so long, girl” introductif résonne encore, alors que l’on trouve ensuite la raison d’être de cet album,
“
Oh, Alison, my aim is true“. Sans conteste l’un des meilleurs titres des années ’70, il est (très) heureux qu’Elvis Costello ait décidé de ne pas retirer son vieux
single de la maquette de
My Aim Is True. Il gagnera ses lettres de noblesse à l’aide de ces trois minutes. La douceur de sa voix et de sa musique allaient initier son style, Elvis pour
la vie.
“Sneaky Feelings” est plus bluesy et on y comprend pourquoi Elvis Costello est souvent associé au mouvement Pub Rock, celui de Nick Lowe, Dury et Graham Parker. Si le titre peut initialement paraître un peu fade, croyez en la magie Costello, sa voix vous gagnera. “(The Angels Wanna Wear My) Red Shoes” est déjà plus punk, de quoi nous préparer à l’énergie de sa Power Pop “Less Than Zero“. Est-ce une inspiration pour le roman de Bret Easton Ellis ? Quoi qu’il en soit, “Less Than Zero” s’impose à mon sens comme le deuxième chef d’œuvre de My Aim Is True. Son refrain est aussi imparable que l’arrivée des Ramones dans Rock ‘n’ Roll High School.
Il reste alors quatre morceaux. Le premier est “Mystery Dance“, le morceau punk-ish plus expérimental que les autres. Quelle (bonne) surprise que de trouver un tel morceau sur l’album. Le pont entre fifties et ’77 est ainsi formé. “Pay It Back” se veut plus jazz avec la première apparition d’un cuivre. Le tout est pour le moins habituel. Seul Richard Hell savait faire dans un genre similaire. Je passerai sur “I’m Not Angry” pour me précipiter sur “Waiting for the End of the World“. Visionnaire, la société télévision est déjà dépeinte avec précision. “Everyone was looking for a little entertainment”. La batterie nous mène énergiquement vers une belle fin du monde / de l’album.
Quelques années après la parution de l’album, NME et Rolling Stones le nomeront dans leur liste des 500 meilleurs albums de tous les temps, pour ce que ça vaut. On ne saurait oublier de citer l’après My Aim Is True, voir “I Can’t Stand Up For Falling Down“. C’est pourtant un petit miracle qu’Elvis Costello soit aujourd’hui reconnu comme l’un des grands noms de la scène anglaise de l’époque. Non seulement son premier album arrive en pleine concurrence de 1977, ce que je me plait à décrire comme la meilleure année musicale de l’histoire, mais en plus, il s’écarte assez franchement des codes punk (même s’il en conserve l’attitude). Et puis, Elvis n’était pas un autre
boys band, mais plutôt un p’tit mec à lunettes qui allait pourtant faire changer la face de la culture pop.Sous couvert d’être une sorte de produit, pochette, lunette, attitude, Elvis Costello était et demeure un artiste capable de se refuser au succès dans le but de pouvoir faire partager sa véritable musique. Son refus d’un
split avec Wreckless en atteste largement. Ce dernier fera paraître son “
Whole Wide World” la même année, alors, on se dit que finalement, l’histoire a pour une fois bien fait les choses.
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