Baston est un groupe français, originaire de Rennes, qui vient de faire paraître son nouvel EP,
Gesture, via
Howlin Banana Records. On pourrait rapprocher ce nouvel essai de Baston avec
Jesus and the Mary Chain, ou les
Spaceman 3. En réalité, s’il est vrai que le style shoegaze y est parfois comparable, les voix sont bien plus engagées sur
Gesture que sur tous les autres albums des groupes précités. Là s’arrête donc la comparaison avec les grands noms du style. Là commence l’aventure Baston, nouvelle et pleine de promesses.
Baston décrit
Gesture comme un EP. Disons alors que c’est un gros EP, ou un mini-LP, (à la Mac DeMarco). Le fait est qu’il y a beaucoup à écouter (et donc à dire). C’est “
Maybe I’m Dead” qui introduit la marche sur des airs persans. On y trouve une sorte de synthèse de ce qui fait de
Gesture un très bel EP : un attrait pour des mélodies qui s’étirent, une production (surtout vocale) qui rappelle l’énergie
garage et un soin particulier porté aux mélodies. “
Maybe I’m Dead” est un très bon
single qui dénote déjà de l’excellente production de cet EP.
“
Decay“, le petit second, est plus signicatif de l’apport de Baston à la scène française. Cela m’amène à évoquer les autres comparaisons qui, j’en suis sur, seront faites avec Baston. Je pense à DIIV, Beach Fossils et plus généralement cette scène nord-américaine. Peut être peut-on y trouver des éléments de language communs, les réverb’, les jams et cette impression d’une brise matinale qui passe doucement sur le visage. Mais le fait est qu’aucun de ces groupes n’intègre une esthétique garage, pas plus que celle
noisy qui participe également de
Gesture. Sur “
Decay“, Baston parvient à former la parfaite synthèse entre shoegaze et énergie punk. Ce morceau est le premier fondamental de l’EP. Et puis, il fallait l’oser, le titre quasi-instrumental en deuxième position sur la maquette.
“Jacques Vaches (It’s Complicated With)” accentue encore la tendance. On dit salut aux copains d’Eagulls et on s’émerveille de ce monde lo-fi qui surpasse l’énergie de Galaxie 500. Vient alors “Holotape” qui arrive à mi-parcours. Le titre calme le jeu et nous reconduit vers les monts et merveilles de “Decay“. Ces morceaux instrumentaux ont l’avatange de nous laisser vaguer à nos émotions. Gesture joue constamment sur double théâtre, l’un, qui nous donne le champ libre, c’est celui des jams, des plages expérimentales et d’une guitare étirée au soleil, et l’autre, qui nous tire brutalement vers lui, c’est celui d’une voix décisive et de ses mélodies dynamiques.
Vient alors “
Sword” et comment ne pas voir en lui le grand hit qu’il est destiné à être. Temps fort de l’album, on y trouve un Baston au sommet de son art. La maitrise des réverb’ est parfaite, les voix accompagnent le plus beau refrain de l’album. L’hymne français de la scène shoegaze est là, assurément.
“
Honda” nous fait tomber amoureux d’un shoegaze plus
noisy. Seul titre qui n’ait pas été composé par Baston (mais B.
Wilson / M. Love), il apporte une nouvelle dynamique à
Gesture, plus proche de l’énergie d’un
live. L’explosion sonore de la deuxième minute rappelle la puissance de certains Pond. Ce morceau ressuscite en somme la scène de
Death By Audio, dans une ambiance à mi-chemin entre Dinosaur Jr. et la scène psychédélique australienne. “
Gefahr“, le petit dernier, est d’une autre espèce. Si la partie vocale est, pour le coup, plus proche des figures légendaires du shoegaze, Baston nous embarque dans un tableau krautpop à la Neu! / King Gizzard. Ce morceau de plus de 6 minutes décroche avec la culture
single en ce qu’il trouve sens dans l’ensemble créé par Baston. Il participe de faire de
Gesture un tout extrêmement cohérent. Le point final est marqué de l’ancre des grands albums de cette année 2015.
Alors, au final, que rajouter sinon que cet album grew on me, comme disent les Américains. Quelques écoutes permettent de se rendre compte de la part d’universel qu’il y a dans cet EP. Sans jamais tomber dans les méandres de la culture pop et en évitant tout aussi bien l’aspect ésotérique des albums qui veulent trop innover, Gesture est l’un de ses albums sans lesquels 2015 ne serait pas complète. Cela faisait longtemps que j’attendais qu’un groupe français s’essaye à ce style musical avec tant de justesse. Baston rappelle ses plus belles heures, celles du futur.
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