LP Review : Ultimate Painting – Green Lanes (Indie Pop)


Album Review : Ultimate Painting



Green Lanes



********
FRENCH version
(english below)

Ultimate Painting, ou comment imposer un son en à peine deux ans d’existence. Vous le savez, Ultimate Painting est un groupe originaire de Londres. Il a déjà fait l’objet d’un interview (lien) et d’un album review (lien) sur Still in Rock. C’était en 2014. On parlait alors de “l’une des plus belles surprises Pop de l’année”.
Le groupe revient avec un deuxième album studio, Green Lanes, toujours via Trouble In Mind. Composé de douze morceaux, il reprend une partie de l’univers créé par son premier album. Seulement, Ultimate Painting s’est perfectionné et Green Lanes se trouve être un splendide LP de pop indépendante. 
Il y a quelque chose qui me rattache constamment à cette citation d’Oscar Wilde lorsque j’écoute Ultimate Painting : “Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises“. L’histoire est  ici un peu la même : la beauté de la musique d’Ultimate Painting est difficile à comprendre, tout se joue tellement sur des dizaines de détails que le groupe sublime, mais comment ne pas en tomber amoureux. Avec Green Lanes, Ultimate Painting perpétue cette tradition de l’éloge involontaire de l’irrationnel. La formule d’Ultimate Painting est des plus simples : un duo, l’un à la batterie l’autre à la guitare, et une voix. Rien de révolutionnaire dans le concept ni dans la conception. Pourtant, la brillance qui se dégage des morceaux d’Ultimate Painting, qui plus est de Green Lanes, n’a que peu d’équivalent. 

Parfois, je me dis qu’Ultimate Painting complète une sorte de mouvement de balancier. Il y avait les Velvet Underground, groupe tragique qui aura marqué l’histoire. Et puis, la pop a connu le début de ses tristes heures avec l’arrivée de la télévision et de la promotion de masse. En un sens, Ultimate Painting fait partie de cette élite qui annonce le retour d’une pop Velvet-ienne, comme si tout le reste n’était finalement qu’une “contrefaçon boiteuse de cet élan original et hardi vers l’infini“. Ultimate Painting, c’est le retour à une harmonie d’ensemble qui n’est que rarement atteinte. 
L’album s’ouvre sur “Kodiak“, l’un des titres les plus entrainants de tout l’album. Autant le dire, passez votre chemin si aucun accord de ces trois minutes ne vous arrache une pensée positive. On note déjà la splendide voix de Jack Cooper, une véritable signature du groupe. “Sweet Chris” est plus poétique. Ultimate Painting nous y indique qu’il a repris l’intention duale de son premier album, l’une ensoleillée, l’autre plus automnale. Logiquement, les voix y fonctionnent en duo. “(I’ve Got The) Sanctioned Blues” vient ensuite redonner un nouvel élan à Green Lanes. Je parlais des Velvet en introduction, leur influence me semble ici être des plus évidentes.
Two from the Vault” est entouré par “The Ocean” et sa reprise. Il nous présente l’une des plus gracieuses mélodies de l’album. L’harmonie des voix qui se fondent sur le son de la guitare forme une expérience tout à fait délicieuse. Je n’ai pas en tête d’autres groupes qui puissent prétendre arriver au même niveau de perfectionnement. “Break the Chain” propose de ne plus jouer le jeu, de sortir du système, le même que le groupe dénonçait ironiquement dans notre interview, “si un groupe créé une rupture, c’est probablement qu’il en a discuté avec son manager“. 

I Was Lost” est un autre morceau parfaitement exécuté. Lorsque l’on sait que le groupe garde toujours ses deuxièmes ou troisièmes prises, comme il nous l’avait confié à l’occasion de notre interview, on se dit que parvenir à allier tant de spontanéité avec une production si précise, c’est fort.  “Tee Zee Em” est une sorte de balancier, comme un symbole du temps qui passe. L’aventure continue.  L’heure de la moralisation semble avoir sonné avec “Paying the Price“. En réalité, Ultimate Painting se veut être plus rassembleur, preuve en est sur “Woken By Noises“. Le froid du dernier morceau, “Out in the Cold“, est conceptualisé par une guitare très présente. Alors que le son de cet instrument est souvent associé à la chaleur ainsi qu’à la sensualité, Ultimate Painting joue du paradoxe de la froideur pour se fondre lentement dans l’expectative d’un troisième album. 

Je ne peux m’empêcher d’associer la musique d’Ultimate Painting à une musique automnale. Peut-être emporte-t-il le mieux ce que cette saison représente. La dorure des feuilles, les sentiers raffraichis sous les arbres d’une forêt humide, la chaleur des moments passés avec ses proches.  “Profondement triste et espérant des jours meilleurs, c’est un bon résumé” de notre musique, m’avait confié le groupe à l’occasion de notre interview. On retrouve cette force spleenetique sur Green Lanes
On ne sera pas étonné qu’Ultimate Painting cite “The Beatles, The Velvet Underground, The Beach Boys, Bob Dylan et The Byrds” comme étant ses cinq groupes préférés. Tout est affaire d’harmonie. L’idée d’équilibre se trouve complétée par la volonté du groupe de créer ses morceaux à la maison, au fil des inspirations, sans chercher de structure particulières. Ultimate Painting ne retravaille pas ses morceaux jusqu’à les faire résonner exactement comme il pouvait l’imaginer, faisant ainsi résonner la maxime de Wilde, “la logique est le dernier refuge des gens sans imagination”. On l’on en revient toujours à cette idée de l’indescriptible. 
Sévère avec les autres groupes de leur pays (“Les anglais sont bien trop sérieux et passent leur temps sur Twitter / Facebook / Instagram à essayer de se convaincre les uns les autres qu’ils sont cool. Je crois qu’ils devraient passer un peu plus de temps à essayer de produire de bons albums“), Ultimate Painting pourrait bien s’imposer une nouvelle fois comme étant le meilleur groupe européen de l’année 2015. Green Lanes est une histoire de sagesse et d’apaisement, de moments d’excitation comme de déceptions amoureuses. L’élégance de cette musique est de celle qui mettra d’accord les amoureux de la beauté, qui doit être recherchée en tout chose, la hargne du punk, l’adrénaline du rock’n’roll, le beat du jazz ou l’esthétique de la pop d’Ultimate Painting.

**********
ENGLISH version

Ultimate Painting, or how to impose a sound in only two years. As you already know, Ultimate Painting is a band from London. He has already been the subject of an interview (link) and an album review (link) on Still in Rock. That was in 2014. We said at the time that he was “one of the most pleasant surprises of the year.”

The band is coming back with a second LP, Green Lanes, via Trouble In Mind. Taking back the spirit created on his first album, Ultimate Painting has perfected his art and Green Lanes happens to be a splendid LP of indie pop.

There is something that is constantly reminding me of this quote of Oscar Wilde when listening to Ultimate Painting: “Women are meant to be loved, not understood.” The same goes with this LP: the beauty of the music made by Ultimate Painting is hard to understand, but how not to fall in love with it. With Green Lanes, Ultimate Painting perpetuates the tradition of the involuntary praise of the irrational. Ultimate Painting’s formula is quite simple: two musicians, one on drums and the other with the guitar. Nothing revolutionary at first sight. Yet, the brilliance of Ultimate Painting has little equivalent.

Sometimes, I tell myself that Ultimate Painting complete a kind of pendulum swing. There were the Velvet Underground, the band that made history. And then, started the saddest hours of pop music with the arrival of TV and mass promotion. In a sense, Ultimate Painting is part of this elite which heralds the return of a pop ala Velvet by focusing on harmonies before anything else.

The album opens with “Kodiak“, one of the catchier songs of the entire LP. Jack Cooper’s great voice is already in the foreground, one of the band true signature. “Sweet Chris” is even more poetic. We find back Ultimate Painting’s dual intention, melting sunny melodies and the spirit of the fall season. And then, “(I’ve Got The) Sanctioned Blues” gives a new impetus to Green Lanes. The influence of the Velvet is here quite obvious and very welcomed.

Two from the Vault” is surrounded by the two “Ocean“. It is probably one of the most graceful melodies of the entire album. The harmony of the two voices creates a delicious experience. I do not recall another band who accomplishes the same level of sophistication. “Break the Chain” proposes to no longer play the game, to leave the system, the one that Ultimate Painting ironically denounced in our interview, “anyone being disruptive these days has probably discussed it first with their manager“.

I Was Lost” is another perfectly executed piece of music. Knowing that Ultimate Painting always keeps his second or third take, achieving such a spontaneity with a precise production is masterful. “Tee Em Zee“, for its part, is a kind of balance, as a symbol of the passing of time. The adventure continues. The time for moralizing seems to come with “Paying the Price“, but Ultimate Painting aims at being more inclusive with “Woken By Noises“. The cold created by the last track, “Out in the Cold“, is conceptualized by the guitar. While the sound of this instrument is often associated with heat and sensuality, Ultimate Painting creates a paradox by using this instrument to introduce a cool atmosphere.

I can not help but associate Ultimate Painting’s music with the autumnal season. This LP is guiding us through the freshen trails of a rainforest torwards the heat of the moments spent with the loved one. “Deeply sad and hoping for better days pretty much sums it up,” as the band said in our interview. We find a splenetic force all along.

It is no surprise that Ultimate Painting mentions “The Beatles, The Velvet Underground, The Beach Boys, Bob Dylan and The Byrds” as his five favorite bands. Everything is about harmony. The idea of ​​ meticulousness is also supplemented by the band’s desire to create his music at home, without seeking any particular structure. That is why Ultimate Painting does not spend a great amount of time in a studio, according to Oscar Wilde’s maxim, “logic is the last refuge of the unimaginative.”

Quite severe with the other bands in his own country (“People in the UK get way too serious about everything and are constantly on Twitter / Facebook / Instagram trying to convince each other they’re actually cool. When they should be more concerned with making a decent record.”), Ultimate Painting might well be, once again, the very best European band of 2015. We must look for beauty in every things, in the raw energy of punk music, in the adrenaline of rock’n’roll, in the beat of jazz music or in the aesthetics of Ultimate Painting’s music.

Liens afférents :

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *