The Seeds, c’est l’un des grands noms des années 1960 que j’imagine plusieurs d’entre vous doivent déjà connaitre (on fera un article anachronique plus obscur lundi prochain…). Pourtant, un article sur les Seeds n’est jamais de trop. The Seeds était un groupe américain formé à Los Angeles en 1965. Il fera paraître un total de trois albums durant sa formation initiale, dont The Seeds et A Web of Sound en 1966. Il reviendra dans les années ’90 avec le concept de Flower Punk, mais là n’est pas notre sujet.
Le groupe débarque pas longtemps après The 13th Floor Elevator. Il aurait pu marquer l’histoire comme étant le premier groupe de rock psychédélique au monde et il n’en est finalement pas si loin si l’on considère que les 13th étaient plus pop que ce dernier. Mais qu’importe. Les Seeds sont et resteront pour leur musique parfois garage et psychédélique. On les retrouve aujourd’hui chez Ty Segall et compères, c’est déjà beaucoup. Cette popularité est en partie due à la personnalité du leader, Sky Saxon. Ce dernier prétendait avoir 200 ans et jouait constamment de feinter des crises d’épilepsie. Il était ainsi réputé pour ses prestations lives toujours débordantes d’imagination. Les textes des titres des Seeds évoquaient le sex drug and rock’n’roll, les Seeds dérangeaient et innovaient.Leur premier album, The Seeds, paraît en 1966 via GNP Crescendo, un petit label local par ailleurs connu pour son jazz. Il demeure à mon sens le meilleur essai du groupe. “Can’t Seem To Make You Mine“, le tout premier morceau, est à l’image d’une grande maison en bois. On n’y compte pas le nombre d’étages où les vieux vinyles jonchent le sol, où les bouteilles d’alcool rappellent l’ivresse des soirées passées. Cette maison, c’est la musique de The Seeds. Elle nous rappelle que le passé est toujours présent, et que son infinité apparente recèle toujours de nouveaux trésors. Son odeur nous est nostalgique. Les Seeds y sont très poétiques, ce titre est une franche réussite.
Certains titres des Seeds sont certes agréables mais sans trop d’intérêt, je pense à “No Escape“, “Girl I Want You” et “Pushin’ Too Hard“. Ce dernier est le grand hit de la discographie des Seeds, pourtant loin d’être le meilleur. On y retrouve ce Seeds très rock’n’roll sixties, finalement assez proches des autres groupes de l’époque, façon Kinks.
“Lose Your Mind” est un premier pas dans l’univers plus psychédélique/acide du groupe. On y rentre en plein dans “Evil Hoodoo“. Le son y est plus garage, les Seeds sortent les réverb’ et le bal masqué peut enfin commencer. C’est là que les Seeds sont les meilleurs, lorsqu’ils donnaient le La à un univers plus noir, plus lubrique. Il faut ensuite attendre “It’s A Hard Life” pour recroiser la route d’un excellent morceau, creepy et trash, une sorte de jam rythmé qui constitue l’une des pièces les plus psychédéliques de toute la discographie des Seeds. Si certains ont décrit les Seeds comme étant part de la mouvance art-rock post-Beatles, ce genre de titre fait démentir toute analyse de la sorte. Il y a également de cela dans “Excuse, Excuse“. L’album se conclut finalement sur “Fallin’ In Love”, une ballade plus proche des Zombies qu’autre chose.
Web A Sound, le deuxième album du groupe qui paraître quelques mois seulement après The Seeds, est plus intimiste (il n’y a qu’à écouter “A Faded Picture” pour s’en convaincre). Pourtant, je trouve moins réussi. Certes, le son de “Mr. Farmer” est y surprenant et le dernier, “Up In Her Room“, frôle la barre des 10 minutes ce qui laisse la place à de beaux jams psychédéliques, mais le reste de l’album pêche d’être trop conventionnel. Or, The Seeds étaient à leur meilleur lorsqu’ils se détachaient d’un son trop proto-pop, du cliché de l’époque. Je réfute donc l’étiquette d’un album plus psychédélique à ce dernier.
Au final, le groupe aura fait paraître deux singles, “Pushin’ Too Hard” et “Can’t Seem to Make You Mine“, avant de décider de se tourner vers plus de psychédélisme, vers une musique plus trash, un son garage plus prégnant encore. Ce fut au détriment de tout autre succès commercial, et c’est très bien ainsi. Les Seeds avaient fait le choix d’être de ces premiers groupes de garage punk, de ceux qui auront notamment donné naissance aux Stooges. La structure de leurs morceaux était toujours simpliste, ce qui jouait à leur avantage. Et finalement, les Seeds avaient en eux cette rage des meilleurs groupes sixties, je pense au Music Machine, je pense à The Creation, aux Deviants… Célébrons longtemps cette musique ! Je signale pour conclure qu’un nouveau documentaire, “The Seeds: Pushin’ Too Hard“, vient tout juste de paraître. Je vous invite vivement à le visionner dès que possible. Burger Records est dans le coup.
(mp3) The Seeds – Can’t Seem To Make You Mine (1966)
(mp3) The Seeds – Evil Hoodoo (1966)
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Cristophe
J'aime aussi beaucoup, et peut-être même que je préfère, la version de "Cant' seem to make you mine" par Alex Chilton.