20 meilleurs albums de l’année.
Comme je le disais déjà l’an dernier, ces LPs ont été soigneusement sélectionnés avec pour ambition de se rappeler dans plusieurs années quelle aura été la grandeur de ces 356 jours. Un immense merci à ces artistes pour leur génie singulier.
Party on!
De l’inoubliable “Bogus Memory“, façon Animal House, en passant par le punk creepy de “Possessed To Party” façon Friday the 13th jusqu’aux chansons d’amour (sale) de “Tears In My Beers“, cet album est une énorme fiesta qui n’en finit jamais. Silly et trash, il ravira tous les amateurs d’un rock’n’roll volontairement grossier et assurément jouissif.
Que les âmes sensibles s’abstiennent de trop l’écouter, Sufjan fait partie de ces anges déchus toujours prêts à nous glacer jusqu’au sang, j’en veux pour preuve le titre introductif, “Death With Dignity“. Sans conteste son meilleur album, il a largement été représenté dans le flot sans fin des classements de fin d’année. C’est ainsi que Sufjan continue son parcours artistique hors norme.
Le reste, c’est une heure où le son rock’n’roll (re)trouve la simplicité des premières compositions de blues, façon Lightnin’ Hopkins. Et une fois encore, si ce style de musique n’est pas suffisamment hype pour attirer l’attention de Vice, tachons de ne pas nous laisser faire : sortez le whisky et enfilez vos boots, ça va swinguer !
Proche de l’univers des Velvet Underground, cet LP est à la fois expérimental et mélodieux. La douceur de la voix de Cate vient souvent contraster avec la guitare psychédélique de Presley, c’est un combo gagnant ! Au final, je ne doute pas que ce Hermits on Holiday obtienne une place de choix dans la discographie de Tim, et c’est dire, tant on sait à quel point il est le Roi le plus absolu en matière de pop psychée.
Le discrédit a été jeté sur cet album parce que Jackson Scott a été ce que l’on appelle un buzz band. Un single à peine et voilà qu’il était déjà nommé comme étant le prochain Ariel Pink. Si son premier album avait rassuré son monde, ce deuxième essai est plus ambitieux encore, parfaitement produit et inventif à chaque minute qui s’écoule. Jackson Scott devra s’accrocher à ce talent si singulier, sans écouter les mauvaises langues toujours avides de créer des stars sans les supporter ensuite.
Dans notre interview, Nic Hessler me confiait qu’il cherchait “avant tout à produire une musique catchy dont les gens se souviendront”. Le pari est réussi. On revient régulièrement sur l’écoute de Soft Connections parce qu’il est un opus qui se révèle avec le temps, façon Chris Cohen. Alors, si l’envie de danser avec votre amoureux vous prend soudainement, vous saurez désormais sur quelle musique le faire.
Si j’ai souvent prôné la nécessité que des formations de musique psychédéliques s’essaient à intégrer plus de Sun Ra (free jazz et autres expérimentations façon Blue Note), je ne peux que me réjouir que King Gizzard est finalement franchi le pas. “River“, le premier quart de cet LP, restera comme l’un des moments les plus surprenants de 2015. Une véritable expérience comme on en fait peu !
La science du détail de cette formation est sans commune mesure, un véritable travail d’orfèvre qui rappelle ce que faisaient les Zombies. “Kodiak“, le premier titre, donnait ainsi le ton d’un album à la fois groovy (voyez “I’ve Got The) Sanctioned Blues“) et mélancolique (voyez “Paying the Price“). Une chose est sure, ce duo londonien mérite largement son titre de meilleur groupe anglais de l’année 2015. Vers l’infini et l’au delà !
On se retrouve ainsi à danser sur “Plastic Love“, un titre dénonçant la demande constante de perfection physique tandis que “Please Come Home” nous aura fait vibrer le coeur dans notre chambre ornée de poster de Britney Spears. La génération Burger / Lolipop Records vient là de se trouver une nouvelle icone. Et puis, comment résister à Allie l’enchanteresse, l’incarnation du good spirit.
La culture Elvis Presley continue d’être tiré par le haut avec ce duo qui restera parmi les très grandes formations des années 2010. La musique de Shannon and the Clams fait partie de celles qui font l’unanimité : ne pas aimer ce groupe semble impossible tandis que ne pas l’aduler serait une erreur.
10. Wild Raccoon – Mount Break (lire l’Album Review)
“Fuck Fuck The Bankers” vient donner le ton d’un album qui n’oublie pas quel est le message du rock’n’roll. Wild Raccon en a également profité pour nous couvrir d’amour (destructeur) avec “Weapon Of Love“. Et puis, quelque chose me dit que le raton fou frappera encore en 2016. La zoophilie serait-elle finalement la nouvelle mode de l’été prochain ?
Cet album qui laisse passer un son délicat comme filtré par deux fines plaques de glace est probablement le plus poétique de toute l’année 2015. Lui aussi sur le thème de l’amour (cosmique), voir “Beyond Love“, il inspire la sérénité d’une âme soeur que l’on sait être toujours là. Ce genre d’albums donne une raison d’être à nos millier d’heures d’écoutes, parce qu’il prouve à lui seul que l’on peut toujours s’émouvoir de la moindre parcelle d’un couplet. Beach House met d’accord les amoureux de punk comme les aficionados d’un garage transpirant et les inconditionnels de musique de chambre, parce que l’on y retrouve ce qui fait les plus grands LPs : un message unniversel exprimé dans une fome singulière et inédite.
Meilleur album de folk de l’année, Juan Wauters a délivré un statement qui ne passera pas inaperçu : la folk brute des Beck et autres Calvin Johnson est toujours vivante. Nul besoin d’en faire des tonnes pour produire un excellent album du genre, bien au contraire. Ce nouvel ensemble de 13 morceaux vient prouver, si besoin était, que la voix seule d’un homme accompagné de sa guitare peut suffire à former l’un des plus beaux moments musicaux d’une année. Et puis, comment résister à ses morceaux chantés en espagnol ? “Así No Más” et les autres sentent bon le soleil de son pays natal, la belle Uruguay d’Horacio Quiroga.
La musique de Deerhunter est pleine d’automatismes, la raison pour laquelle j’ai écrit sur la distinction entre romantisme et classicisme, le second étant empreint d’une méthode tandis que le premier la délaisse plus facilement. Avec Bradford Cox, on est confronté aux codes de sa musique déstructurée, pop expérimentale sans pareil, un genre musical à elle toute seule. Son influence sur la scène est déjà immense (Jackson Scott, également présent dans ce classement, avait remercié Deerhunter dans notre interview) et je prends le pari que Deerhunter accouchera de nombreux groupes qui le citeront comme référence absolu dans une dizaine d’années. “Carrion” nous aura notamment retourné les tripes, ce “leave me alone” est perçant. Et c’est finalement “Leather and Wood”, mélange de textures et de sonorités, qui symbolise ce qu’est la pouvoir de cet artiste en tout point génial.
Aucun album n’aura autant parlé d’amour en 2015 que celui-ci. Avec “Cryin For A Love“, “Find That Girl“, “Can’t Erase This Feeling“, “Will You Be There For Me Tonite” et j’en passe, Warm Soda nous aura gratifié d’un LP à écouter en temps d’amour comme un soir de rupture. C’est le pouvoir ultime des grands albums du genre, celui de transcender encore et toujours un thème si bateau que l’on ne sache plus quoi en faire. Et puis, mention spéciale à la pochette, photo prise par Melton himself, que nous avons nommé plus belle cover de l’année.
Introduit par le titre “Heavy Metal Detox“, on se rend rapidement compte que Wavves sera présent au concours du plus gros riff de guitare. Et puis, on comprend bien que le lendemain de soirée est parfois difficile sur “My Head Hurts“. C’est également la sensation que produit l’écoute de V, celle de nous vider de toute notre énergie tant on veut son écoute être le plus intensive possible.
Alors ouais, je me répète, mais cet album est super fun, plein de punchlines, de refrains entêtants et de souvenirs rêveurs ; il traduit la most invincible joke in history dont parlait Lester Bangs. Il ne prend rien au sérieux, il est là pour nous donner le sourire et l’adrénaline que l’on recherche constamment. Et il le fait à la perfection.
J’ai écrit l’album review de ce dernier sur fond d’assassinat de la pop. Là se trouve à mon sens le statement majeur de II. Sans une once de ce style musical, Ty Segall vient de prouver au monde entier que l’on pouvait encore délivrer un petit chef-d’oeuvre reconnu aussi bien par ses pairs que par le public.
La violence de cet album est telle qu’il ne peut je crois que susciter des réactions extrêmes. II est l’album de cet top 20 qu’il serait le plus difficile de mettre entre toutes les mains, ce qui participe de créer un sentiment de communauté tout à fait séduisant. Des titres tels que ” Say Hello” et “Jack The Maggot” illustrent quelle est la frénésie qui s’abat sur l’auditeur de Fuzz. C’est ce que l’on retrouve aussi sur le premier album de ce classement (ne me faites pas croire que vous n’avez pas déjà regardé). Alors, je le répète pour la 100ème fois, Ty Segall est le plus grand artiste de la décennie et je crois que cet opus fera honneur à ce titre honorifique. Le stoner vient, quoi qu’il en soit, de trouver son album de légende.
Son nouvel (mini) LP laisse place à huit morceaux qui, je l’ai dit, déconnectent totalement la forme artistique du message. Sur fond majoritaire de jangle pop, il est composé de textes très tristes, présentant un visage nouveau de notre artiste je-m’en-foutiste. On se retrouve ainsi à danser sur des paroles de rupture, l’exercice est unique en son genre. Je le répète ainsi, “lorsque Mac DeMarco se saisit d’un sujet grave, l’apparence ne traduit pas l’idée. Les titres les plus poignants d’Another One sont également ceux où l’instrumentalisation est la plus allègre (notons à ce titre que les titres sont ici plus fournis que les précédents). Et c’est finalement en cela que l’artiste traduit l’universel”.
“Cela ne paraît rien, mais combien d’artistes formulent un message qui soit en pleine confrontation avec son expression ? Combien de peintres ont exprimé la haine avec des sourires, combien de romanciers ont exprimé la peur à travers le déroulement d’une soirée entre amis, combien de chanteurs ont exprimé le désespoir avec une pop rieuse ? On ne badine pas avec l’amour, mais on badinera désormais avec le désamour.”
De plus, Another One restera comme le meilleur album de pop de l’année 2015. Il restera également comme le meilleur LP non-américain de notre classement. Il restera enfin comme un album dont l’absoluité fera rougir les plus grands noms de l’histoire.
“Après le cynisme des nineties, le trop-plein dégoulinant des années 2000, peu d’artistes s’attaquent désormais à exprimer leurs ressentis comme le faisaient ceux de l’ère Power Pop. Kurt Vile se place au-dessus de la mêlée avec un album qui entre en plein dans la problématique. Cela fait bien entendu de b’lieve i’m goin down… un LP fascinant et plus exceptionnel que bon nombre d’autres.”
Je le répète ici, cet album fera date parce qu’il est trop sincère dans un monde trop uniformisé où l’on rejette les sentiments au profit de la sensation. Et puis, c’est ce dont j’ai parlé avec Bret Easton Ellis, Kurt Vile est l’un des derniers guitaristes à faire part d’une volonté d’être reconnu comme soliste. Son nouvel LP, entre folk et rock’n’roll, est teinté de cette magie qu’avaient les grands opus de Van Morrison et Randy Newman. Entre hits (“Pretty Pimpin“), balade (“Lost my Head there“) et pure poésie façon Beat Generation (“Wild Imagination“), Kurt Vile vient de démontrer que le bon vieux rock’n’roll avait encore ses plus beaux jours devant lui.
Seulement, cette fois-ci, John Dwyer a fait plus qu’il ne fait d’habitude. Fini les sonorités stridentes (et agaçantes) de quelques anciens morceaux, fini les titres moins engageants que les autres, Thee Oh Sees s’est transformé en groupe à hits. Ces hits sont ceux d’une formation qui, munie de deux batteurs, vient de transcender l’idée de stoner psychédélique. Ces hits sont ceux d’un groupe qui vient de dire que l’expérimental d’un titre pouvait ne rien enlever de son immédiateté quasi-mécanique.
Et puis, ces hits forment une histoire, redorant le blason du concept d’album (plus que de simples singles). L’histoire commence avec “Web” et le tourbillon s’accélère sur “Withered Hand“. Je défie quiconque de résister à la tension de “Turned Out Light” comme il serait impossible pour un amateur de rock de ne pas jouir à l’écoute de “Sticky Hulks“. Qui a dit qu’on avait besoin de l’existence du Kamasutra ?! Je l’ai dit, cet album pourrait servir à la réécriture de la Bible. L’idée semble si bonne. Parce qu’après tout, John Dwyer est désormais un Dieu (du rock).
Enfin, notons que cet LP est celui qui est celui que l’on peut le moins identifier à un groupe du passé parmi tous ceux présents dans ce classement. Et ce n’est pas rien. Si les Oh Sees ont déjà fait paraître d’excellentissimes LPs, j’entends déjà les voix me disant que “c’était mieux avant”, je note ici que l’on savait toujours quelle était l’influence majeure de tel ou tel album. Ce n’est pas forcément problématique, mais force est de constater que le rock’n’roll s’est aussi et surtout construit sur des albums innovants qui ont marqué une époque. J’affirme (et non j’accuse) que ce neuvième Oh Sees en est. Il faudra simplement un peu plus de temps pour s’en rendre compte que si Mutilator Defeated At Last était un premier essai (fulgurant).
3 Comments
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Anonyme
A peu près ce que j'ai écouté (entre autres) dans l'année. Juste ce Mac DeMarco, non lui, ça ne passe pas.
Bonne fin d'année rock à tous !!!! -
Unknown
J'ajouterai : Protomartyr, Gengahr, Metz, Blackmail le dur au mal pas l'autre, Girl Band
bisous
Anonyme
Patrick Watson, Love Songs for Robots ?