Beach House. On se souvient que Beach House a fait paraître un excellent album au mois de septembre dernier, Depression Cherry. Nous parlions d’une expérience “comme si le son passait entre de fines plaques de glace”. Cet LP était tout en beauté, délivrant une musique délicate et rêveuse.
Il y a quelques semaines à peine, Beach House annonçait qu’il allait faire paraître un second album, Thank Your Lucky Stars, composé dans le même temps que Depression Cherry. De deux choses l’une : soit cet LP est fondamentalement différent du premier, auquel cas les sortir à intervales séparés fait sens, soit ils sont similaires, auquel un double album eut été plus adapté.
En réalité, Thank Your Lucky Stars est différent de Depression Cherry parce que moins bon. Attention, tout ne mérite pas que l’on s’en détourne, certains morceaux sont très beaux, je pense notamment à “All Your Yeahs“, seulement, Beach House semble vouloir trop en faire, et un groupe qui se caricature ne peut pas réussir là où il l’entend.
“Majorette“, le premier morceau de cet LP, est trop forcé. La voix de Victoria Legrand s’exprime sans grâce et l’absence de refrain ne rattrape pas forcément le tout. “She’s So Lovely“, le second, est plutôt ennuyeux. “All Your Yeahs” est un titre plus travaillé. Pour commencer, la mélodie y est très belle. Egalement, l’instrumentalisation fait preuve d’un peu plus d’étoffe que pour les autres titres. C’est, à ne pas en douter, le temps fort de Thank Your Lucky Stars. Seulement voilà, revient l’ennui avec “One Thing“. On écoute ce morceau comme l’on fait un trajet de métro, la tête ailleurs, pas vraiment convaincu que l’on devrait se trouver là.
“Common Girl” est bien meilleur. Victoria Legrand force moins sa voix, on retrouve les profondeurs de Depression Cherry dans la gravité de son intonation et l’orchestration a l’avantage de la nouveauté. Le suivant, “The Traveller“, nous présente un son qui se différencie clairement de celui de Depression Cherry, c’est agréable et lui donne une raison d’être. Ça s’arrête là. Et puis, on retombe dans le défaut principal de cet LP avec “Elegy to the Void” : c’est forcé.
“Rough Song” nous guide agréablement vers le dernier, les pieds dans la neige. C’est “Somewhere Tonight” qui vient nous conduire sur la fin du chemin assombri de cet LP. L’orchestration elle-même semble fatiguée. La sensation d’écouter les chutes de Depression Cherry se confirme. Au final, cet album n’atteint jamais les mêmes envolées que celles de Depression Cherry, ca ne prend pas, à l’image de “One Thing” qui demeure bien creux. Et puis, dans l’ensemble, le travail sur les mélodies n’est clairement pas au niveau de celui de l’album précité. Enfin, la production est bien moins faite. Il n’y a qu’à écouter les premières secondes de “Levitation“, le premier morceau de Depression, pour réaliser que le rendu sur la voix de Victoria Legrand est incomparable.
Il faut, je crois, en revenir à l’essentiel : quel est le statement de Beach House ? Le groupe transcende la dream pop, il lui a donné certains de ses plus beaux albums de l’histoire. Il est bien évident qu’il est difficile de poursuivre dans cette lancée. Seulement, que le groupe décide de changer de ligne artiste ou de stopper ses activités, la solution sera toujours meilleure que celle de se caricaturer. Lorsque Victoria Legrand nous sert une voix tantôt mielleuse tantôt forcée, lorsque la structure des morceaux, sorte de musique progressive où les montées en puissance sont téléphonées, est toujours identique, on se dit que cet LP n’a pas vraiment de raison d’être.
(mp3) Beach House – Common Girl
(mp3) Beach House – All Your Yeahs
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