Dans les sombres rues de San Francisco traine une clique. On y trouve Ty Segall, White Fence, Sonny Smith et, en outre, Mike Donovan. Ses artistes se côtoient régulièrement, vont de concerts en concerts, se produisent, jouent dans les groupes des uns des autres… un véritable gang.

Peacers, c’est le dernier projet en date de Donovan, l‘ancien leader de Sic Alps. Depuis la retraite du groupe culte, il a fait paraître un album solo en 2013 et revient cette fois-ci avec Peacers. Le premier album  self-titled est paru le 17 juillet dernier via Drag City et, surprise, on retrouve Ty Segall à la production qui fait un excellent travail (pour changer). Le bourdonnement ambiant (parfois similaire à celui de notre article d’hier sur Cassie Ramone) participe de créer des titres à la fois tourmentés et menaçants, ce qui contraste avec les mélodies très pop de l’album. Des titres comme “Scandi Mindy” en sont le plus parfait des exemples. 

Le titre introductif, “At The Milkshake Hop“, plante immédiatement le décor : Peacers sera grave, légèrement expérimental et pop. La production de “R. J. D. (Salam)” lui donne clairement un son shiny. La basse, en parfaite synchronisation avec la guitare, reproduit les merveilles de Sleeper. C’est combiné avec “Laze It” que l’album décolle véritablement. Ce titre, l’un des meilleurs, parvient à coupler ce qui fait de Ty Segall un si bon producteur avec la force vocale de Mike Donovan. Plus de morceaux de Sic Alps auraient eu besoin de ce petit toilettage qui n’enlève rien de la maitrise de l’artiste, au contraire.


Institution Shave” est tout aussi rythmé. Ce genre de morceaux constitue la pierre centrale de l’album, passez votre chemin si l’écoute de ce garage expérimental ne vous intéresse absolument pas. La guitare de Donovan est en réalité très bien distillée. A ce stade de l’album, les réverbes sur sa voix finissent par nous hanter au point de nous convaincre qu’il s’agit là d’un des meilleurs LPs surprise de cette année 2015. “Piccolo and Ant” continue dans la même veine, pop et faussement joviale.







Si le côté plus chaotique de “Mary Jane / Glorious Sunrise” et de “Heiress Chilton“est intéressant, Mike Donovan ne parvient pas encore à nous y entraîner pleinement. A l’inverse, son titre acoustique “The Kid” est une petite comptine que l’on garde en tête des heures durant. Mike Donovan joue ici de la guitare acoustique comme le fait Ty Segall sur Sleeper, à la façon d’une électrique, frottant ses cordes avec l’attaque d’une Strato. C’est ce que l’on retrouve également sur certaines créations de White Fence, je pense notamment à “Sandra“. Et puis, n’entendons-nous pas également le dualisme acoustique/électronique de l’album Hair ?


C’est finalement sur ses parties pop qu’il est le plus convaincant, la preuve en est, une fois encore, avec “Kick On The Plane“. Il parvient a réaliser ce que Mikal Cronin a toujours échoué à faire (sauf lorsqu’en compagnie de Ty Segall, comme c’est le cas sur Reverse Shark Attack). Après la marche militaire de “Clay Center, KS” vient la partie de romance de “Leicester Bride. Le lieutenant aurait-il trouvé sa muse ? Toujours est-il que ce morceau est cruellement sensuel, une des grandes réussites de cet LP.


Drama Ensues” en veut à la sainteté de votre esprit et il aura finalement avoir attendu la fin de cet album pour découvrir “Blume“, la véritable perle rare. Tout est là pour en faire un grand morceau de l’année 2015, de la guitare pop très entrainante, une mélodie qui fait honneur à la voix de Donovan, une production groovy dans un ensemble pre-noisy. Et puis, l’album se conclu finalement sur “Super Francisco” : Mike n’est pas ce qui est superficiel, get it ?! Sure, on ne pourra pas l’accuser de l’être, une telle discographie force le respect.


Peacers fait donc partie des belles surprises de l’année 2015, de ces projets cool qui se concrétisent en quelque chose de fort convaincant. Et puis, c’est un début plutôt réussi pour Mike Donovan, l’album s’est retrouvé dans plusieurs classements de fin d’année et sa popularité semble être grandissante. Rappelons nous en effet que Sic Alps est certes un pilier du garage américain, mais qu’il n’a jamais été véritablement connu du grand public. Et si cette 630ème sortie de Drag City était décidément très spéciale ?



(mp3) Peacers – The Kid



Nom de l’album : Peacers
Label : Drag City
Date de sortie : 17 juillet 2015
Meilleur titre : “Blume

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