Ty Segall. J’ai lu sur le web (je ne sais plus où) que cette nouvelle sortie hebdomadaire de Ty Segall était de qualité. J’ai aimé l’expression. Ty Segall est désormais bien connu pour être le créateur boulimique qui ne fait que des sorties de haut vol, sorte d’Erich Hartmann du rock’n’roll. Ce nouvel album de Ty Segall, intitulé Ty Rex et paru le 27 novembre dernier via Goner Records, est uniquement composé de reprise de T-Rex. Il compile plusieurs des morceaux révélés par Ty entre 2011 (Ty-Rex 12″) et 2013 (Ty-Rex II 7″), auxquels il a ajouté “20th Century Boy” (ce que j’évoquais ici).Et sans surprise, c’est encore très bon ! Mais il y a plus à dire…
Avant toute chose, je dois avouer mon problème : je n’ai jamais été un grand fan de T-Rex. A moins que ce ne soit l’inverse, qu’il soit plus facile d’appréhender cet album sans trop avoir les morceaux de T-Rex en tête. Si je reconnais mille fois le talent de Marc Bolan, je ne ferai pas partie de ceux qui pensent que l’on ne doit pas toucher à ses créations. Et puis, Ty Segall a suffisamment démontré son génie créatif pour que l’on puisse lui accorder un album de reprise sans douter de ses intentions artistiques.
Avec cet album, on a parfois l’impression d’un retour au son de 2007-2010 bien que je crois en réalité que celui de Ty Rex soit plus proche de Sleeper. A la différence de ce dernier, qui était folk, Ty Rex est un album de rock’n’roll qui ne déroge jamais de sa ligne. Nous revoilà ainsi en possession d’un Ty Segall version 2012, un beau pied de nez à tous ceux qui disaient que le garage se meurt. Si nous étions désormais habitués à une production hi-fi sous le nom de Ty Segall, ce que n’a pas Ty Rex, on y trouve une basse très présente qui tend à uniformiser le son. Pourtant, une écoute attentive de ce nouvel LP révèle bien plus que la pochette un peu terne (mais magnifique) laisse penser. Il y a en effet une sorte de paradoxe cet album : plus on l’écoute fort et plus le son se clarifie. Cela est dû à son aspect noisy saturé par la basse…
L’album s’ouvre sur “Fist Heart Mighty Dawn Dart” (original), un titre fidèle à ce que contient cet album sans pour autant nous convaincre à 100%. L’histoire est différente avec “Buick Mackane” (original), parce que bien mieux rythmé, parce que la réponse des deux guitares est implacable, parce que la voix de Ty Segall est mieux utilisée. “The Slider” (original) est également mieux produit.
Et puis, vient “Woodland Rock” (original) qui franchit un nouveau palier. Le titre est super garage, super raw, super Ty. Sorte de boogie des années ’50 où Buddy Holly aurait décidé de donner dans le garage des Monkees. “20th Century Boy” (original), pour sa part, est le morceau le plus stoner de tout l’opus. Une énorme puissance s’en dégage, le son de la batterie très sec vient rappeler le dernier Fuzz tandis que la voix de Ty Segall est poussée dans ses derniers retranchements.
“Salamanda Palaganda” (original) débute comme ces morceaux où Ty Segall finit par nous mettre les tympans en miette. “Elemental Child” (original) est LE grand moment de cet LP. Le final, deux minutes de pur noisy, est une extase. Rangez vos playboys magazine (et vos équivalents masculins, ça existe ?!), ce titre-là possède une telle force de frappe qu’il serait fou de vouloir prétendre pouvoir encore se mouvoir après son écoute à plus de 100 décibels. Quant à “Cat Black” (original), c’est l’histoire d’une femme fatale, de celles dont il faut éviter la route :
Cat Black, she is my honey
All she wants to do is spend my money
She’s a real gone chick and I love her so
Knocks me out when she does the rock ‘n’ roll, yeah
J’écrivais déjà sur cette reprise en 2013 (lien) et en disait que les deux guitares électroniques qui viennent danser sur l’accompagnement acoustique donnent à ces trois minutes la touche printanière qui fait du bien. Force est de constater que ça fonctionne également très bien pour l’hiver, collection 2016. On conclut enfin sur “The Motivator” (original), le titre le plus proto-rock de tous.
J’en parlais il y a peu avec Casbah Records, l’influence de Ty Segall est à ce point immense que l’on a désormais souvent l’impression que nombre des autres groupes de la scène se contentent de le copier. Alors, si on peut reprocher à une partie de la presse d’être paresseuse et de se contenter de citer les Beatles et Ty Segall comme influence systématique, force est de constater qu’il a souvent une part de vrai, pour le meilleur. Voilà l’une des promesses tenues de cet album.
Et puis, je le répète une fois encore, cet album vient réaffirmer la toute-puissance de la scène garage à laquelle Ty Segall revient. Dédions cet LP à tous ceux qui doutent qu’il y soit un jour revenu…
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