english. There is no better way to start 2016 other than publishing our conversation with a living legend: Andy Shernoof, creator of the Dictators. The band, which appeared on the scene punk one year before the Ramones and two before the Sex Pistols, is now part of the history of rock’n’roll. I, therefore, went to interview Andy with my purse full of questions. But after all, what to ask to one of the creators of punk music, a close friend with Joey Ramone, a living legend, if not about his feelings on history and modern times? By reading this interview, you’ll learn a lot about the beginnings of the Dictators, the development of the punk scene and about the last hours of Joey. But more than anything, I cannot help but entitled this interview: U2 killed Joey Ramone!
french. Quoi de mieux pour le premier interview de l’année que de commencer avec une véritable légende vivante : Andy Shernoof, créateur des Dictators. Le groupe, qui arrive sur la scène punk un an avant les Ramones et deux avant les Sex Pistols, fait aujourd’hui partie de l’histoire du rock’n’roll. C’est l’escarcelle pleine de questions que je m’en suis donc allé interviewer Andy. Mais après tout, que demander à l’un des créateurs du punk, à un ami proche de Joey Ramone, à véritable légende vivante, si ce n’est son ressenti sur l’histoire et l’époque moderne ? On y apprend finalement beaucoup sur les débuts des Dictators, sur le développement de la scène punk ainsi que sur les dernières heures de Joey. Mais plus que tout, je crois que je ne peux m’empêcher de titrer cet interview : U2 a tué Joey Ramone !
(mp3) The Dictators – California Sun (1975)
Salut Andy. Tu as créé le groupe en 1973, quelques années avant l’avalanche punk de l’année 77. Comment était la scène punk à l’époque pré-CBGB ?
La scène pré-punk était une période intéressante. Je l’évoque d’ailleurs en détails dans les commentaires inclus sur l’édition du 40ème anniversaire de “The Dictators Go Girl Crazy“. Le Rock and Roll existait alors en quantité limitée et le côté amusant de la chose avait totalement disparu au profit d’un rassemblement de chanteurs et songwriters hippies avec des morceaux interminables, du rock progressif pompeux. Tout le monde se prenait bien trop au sérieux. Cela a eu pour effet de créer une sorte d’appel d’air pour le rock énergique et rebel que l’on aime et avec lequel on a grandi.
The Dictators est devenu populaire en très peu de temps. Comment s’est passé la transition entre le statut de groupe punk peu connu à celui de groupe de renommée mondiale ?
Je peux te garantir que ce groupe n’est pas devenu populaire en “très peu de temps”. Notre premier album a rapidement était rejeté par l’industrie dès sa sortie et ce durant de nombreuses années, notre style de musique n’était pas très populaire. J’aime à penser que notre réputation a grandi tout au long des 40 années d’existence parce que cette musique vieilli bien.
Vous aviez (et avez toujours) la réputation d’être très énergiques en live. J’ai lu sur internet une histoire à propos de patates, tu peux nous en dire plus ?
Lorsque l’on a commencé à faire des concerts, il n’y avait pas de salle punk rock, on partait donc en tournée avec des groupes totalement incompatibles. On a fait l’une d’entre elles avec Foreigner et Uriah Heep. Ça semble ridicule, mais c’est la vérité ! Lors du dernier concert de la tournée, il est de tradition de jouer un tour aux autres groupes et on a reçu un tonneau de patates en plein concert.
Peux-tu nous parler de la pochette de Go Girl Crazy ?
C’était l’idée de notre ancien manager Murray Krugman. Nous étions tous des fans de lutte professionnelle et Murray a eu l’idée de désigner l’intégralité de l’album pour qu’il ressemble à un magazine de lutte.
Vos paroles font souvent référence à ce que beaucoup décrivent comme la “junk culture”, avec les fast food, les femmes sexy, la TV… Est-ce le secret d’une telle longévité ?
Il faut écrire sur ce qui est familier. À l’époque, aucun groupe n’écrivaient sur la “junk culture”. Je dis toujours que le public aime un groupe pour sa musique, mais l’adore pour ses paroles. Heureusement, nos paroles ont fédéré des gens.
Comme tu le dis, il y a seulement deux choses qui dirigent le monde: les voitures et les filles (ou aussi le sexe et l’argent). Quelle a été le rôle joué par les femmes dans l’histoire de Dictators ?
La plupart des chansons parlent des femmes, d’amour ou des relations. J’ai simplement donné à ces sujets un tour un peu narquois. Les Beach Boys est l’un des mes groupes préférés, j’ai écrit “Cars and Girls” pour leur rendre homage. “Pussy and Money” représente mes observations impertinentes sur, comme le dit la chanson, “ce qui dirige le monde”. Personne ne peut nier le pouvoir que peuvent avoir le sexe et de l’argent.
Tu as également dit que “les Dictators ne s’étaient jamais séparés”…
Évidemment, il y a parfois eu quelques années entre deux concerts (on avait nos vies à mener) mais au fond de nos coeurs et de nos âmes ont a toujours su que nous étions des Dictators. On ne pouvait pas y échapper, même lorsque l’on essayait.
Quelle est donc la différentre entre The Dictators NYC et The Dictators ?
La différence entre les deux, c’est que Scott Kempner et moi même ne sommes pas sur scène avec The Dictators. Mais la musique et les arrangements sont identiques.
La musique des Dictators regroupe Punk Rock et Hard Rock, deux styles musicaux souvent opposés. Est-ce que cela était intentionnel, comme une manière de montrer que ces deux philosophies pouvaient être réconciliées ?
The Dictators combine une attitude Punk Rock avec des sonorités Hard Rock. C’est de cette manière que l’on a combiné nos influences. C’est aussi une combinaison entre la manière dont j’écris mes titres et la façon dont le groupe les joue en live. J’adore la musique hard jouée rapidement et de manière puissante. Tout ce que je veux c’est un bon riff de guitare et un refrain entêtant.
Certains ont également décrit votre musique comme du proto-punk. Je ne suis pas certain d’adhérer à cette étiquette parce que votre musique était très bien produite dès vos débuts. Qu’en penses-tu ? Cela me pousse à te demander si tu t’intéresses à la place qu’occupe les Dictators dans l’histoire de la musique ?
Le proto-punk fait référence aux groupes qui ont influencé le punk rock. On nous qualifie de proto-punk parce que nous avons sortis notre premier album un an avant les Ramones et deux avant les Sex Pistols. Nous avons beaucoup en commun avec ces groupes, mais il y a également de grandes différences. Notre musique incorpore d’autres éléments que le simple style de guitare souvent associé au punk rock.
Vous avez par ailleurs été décrit comme le chaînon manquant entre les MC5, les Stooges et les New York Dolls. Qu’en dis-tu ?
Tu as oublié une partie importante de la citation… La citation complète, qui est attribuée à Steve Van Zandt, est que “nous étions le chaînon manquant entre les MC5, les Stooges, les Dolls… et l’explosion punk de la fin des années 70″… Je pense que c’est une description appropriée vu que notre premier album a été influencé par les sonorités de Détroit emmenées par les MC5, les Stooges et que nous avons ensuite influencé les groupes de la fin des année 70 qui sont arrivés après nous.
Tu étais amis avec les Ramones. Peux-tu nous en dire plus sur vos relations avec eux ? Aurais-tu une anecdote encore inconnue à nous révéler ?
J’ai eu une longue relation avec Joey, aussi bien personnelle que professionnelle. En plus d’être un ami, on a écrit des de nombreux titres ensemble et j’ai également joué de la basse pour ses projets solo. Dee Dee était brillant mais torturé. J’ai co-écrit quelques titres avec Dee Dee après qu’il ait quitté les Ramones mais il était très difficile. J’étais bien plus proche de Joey. Ils étaient tous les deux uniques et s’ils n’avaient pas formés un groupe de rock je pense qu’ils auraient pu tomber dans l’oubli.
Une anectode est pour toujours ancrée dans mon esprit, lorsque j’étais avec Joey Ramone dans sa chambre d’hôpital le jour de sa mort. Il était allongé et inconscient sur son lit lorsque son frère a mis une chanson de U2, “In A Little While“, dans un lecteur qu’il gardait dans la chambre. Les paroles donnaient quelques chose comme “dans peu de temps, cette peine ne sera plus…”. La chanson s’est terminée et Joey a littéralement rendu son dernier souffle. J’ai vu sa peau passer de rose à blanche lorsque son coeur a arrêté de pomper le sang. Je n’oublierai jamais ce moment, une véritable expérience transcendantale.
U2 ? Vraiment ? Quelle tristesse… Bon, puisque nous parlions des NY Dolls, tu étais aussi ami avec Johnny Thunders. Quel genre d’homme était-ce ?
Je suis allé à la même école que Johnny Genzale (le vrai nom de Johnny). C’était l’un des gamins avec qui je jouait au stickball dans la cour. On passait notre temps à faire du sport jusqu’à ce que l’on découvre les Beatles dans l’émission d’Ed Sullivan. À partir de ce moment, notre monde a changé.
Tu es également producteur, tu as travaillé avec de nombreuses célébrités, notamment les Ramones et Guided By Voices… Comment était-ce ? Parles-nous également de ton travail pour Iggy Pop.
J’adore Iggy Pop mais je n’ai jamais travaillé pour lui (ndlr, même si Allmusic l’affirme). J’aime tout le processus qu’implique de faire un album, de l’écriture à la compilation des chansons en passant par les arrangements pour enregistrer les chansons et le mixage. Le processus est ma grande motivation. Prendre les centaines de petites décisions qui font le produit final. Les méthodes ont beaucoup changé depuis les années 70 avec l’arrivée des ordinateurs, mais j’adore toujours cela.
Ça a été un honneur de travailler avec les Ramones. J’ai écrit et joué un peu de basse et de guitare pour eux sur certain des derniers albums. J’admire aussi la créativité de Guided By Voices. Leur discographie est monumentale. J’ai travaillé avec leur premier label, Scat Records et fait une session d’enregistrement avec eux.
Tu connaissais aussi Lester Bangs, pour moi le meilleur critique rock. Que peux-tu nous dire à son propos ?
Je connaissais assez bien Lester, en effet. J’avais un fanzine qui s’appelait “Teenage Wasteland Gazette” et il m’a embauché pour Cream Magazine lorsqu’il était éditeur. Lester était un écrivain brillant qui aurait transcendé la musique et aurait commencé à écrire des livres, des films et probablement plein d’autres choses. C’est vraiment dommage qu’il soit mort si jeune.
Tu as plus de perspective sur la scène punk rock que n’importe qui. Puis-je te demander quels sont, pour toi, les groupes les plus influents de l’histoire ?
Elvis Presley, les Beatles, Bob Dylan, les Beach Boys et les Ramones sont les plus influents artistes en matière de rock, à mon humble avis.
Que penses-tu de la scène punk actuelle ? De manière plus générale, que penses-tu du rock ’n’ roll au 21ème siècle ?
Le monde change et les styles musicaux avec. Malheureusement, le rock et le punk s’effacent. Ils ont perdu leur côté rebelle il y a bien longtemps et je ne me souviens même pas de la dernière fois où un groupe de rock a été en tête des ventes aux US. J’ai écris le titre “Who Will Save Rock and Roll” il y a 20 ans et je pense qu’il est encore plus vrai aujourd’hui qu’il ne l’était à l’époque en particulier la réplique “Ma génération n’est pas le salut”. Il nous faut une génération de jeunes groupes réinventant le genre, créant quelque chose de nouveau et non pas seulement des groupes qui répliquent le passé.
Les Dictators NYC ont récemment joué à Paris, quelques jours après les attentats. je me souviendrais toujours de concert. As-tu eu des échos de ce concert ?
J’ai compris que c’était une période très émouvante pour les fans de musique à Paris.
Les Dictators font maintenant partie du Rock and Roll Hall of Fame. Est-ce quelque chose d’important ou est-ce que tout cela est trop institutionnalisé et donc contraire à l’esprit punk ?
Nous sommes dans le Museum du Rock and Roll Hall of Fame mais pas dans le Hall of Fame lui-même. Je ne porte pas trop d’attention à cela, ceci étant dit j’aime beaucoup deux des nouveaux entrant de l’année, NWA et Cheap Trick. Je soutient cependant l’effort de collecte réalisé par le Hall of Fame. C’est important.
Quels autres groupes contemporain écoutes-tu ?
Grace à Youtube et Spotify je peux écouter de nouvelles choses tout le temps, mais rien ne m’accroche vraiment. Quand j’écoute de la musique pour le plaisir, c’est généralement les trucs que j’écoutais en grandissant dans les annes 60 et 70.
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J’ai récemment interviewé Bret Easton Ellis et il m’a dit que pour lui, “le rock est mort”, je cite “il faut aller vers la country pour trouver des gens qui écrivent des chansons rock ou pop”. Qu’aimerais-tu lui répondre ?
Le rock n’est certainement pas mort, mais il faibli. À une époque on attendait le nouveau Beatles ou le nouveau Stones avec impatience. Le rock a changé la culture en influençant les politiques, la mode et l’art. Je suis assez sceptique sur le fait qu’il puisse à nouveau retrouver cette gloire. Bret n’est pas la première personne que j’ai entendu décrire la country comme étant le nouveau rock’n’roll. Il fait référence à la country commerciale qui arrive de Nashville aujourd’hui. Pour moi, ça sonne comme le rock merdique des années 80 que je n’aimais pas. Si c’est ce qui passe désormais pour du rock, alors le rock est déjà mort.
Le mot de la fin ?
“Voiture, surfeuses, bière… rien d’autre de compte ici”.
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