Album Review : Post Animal – Most Curious Water Activities (Psych Rock)


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FRENCH version
(english below)

Il faut, chaque année, que je regrette de ne pas avoir mis la main sur un album plus tôt, parce qu’il aurait mérité d’être intégré dans le best of des meilleurs LPs. C’est, pour 2015, Post Animal qui s’impose comme le candidat idéal. Et pour cause, je ne peux m’empêcher de penser que Post Animal Perform the Most Curious Water Activities est l’album qu’aurait dû publier Tame Impala, le troisième, pour que le trio soit complet. Mais il n’est jamais trop tard pour chroniquer un album qui fera date, n’est-ce pas ?

Post Animal est un groupe originaire de Chicago qui a fait paraître son premier album en octobre 2015. Il fait suite à un très bon EP, Like A Babe In The Woods, paru à l’été 2014, à la différence que cette fois-ci, le groupe vient titiller l’Olympe d’un genre musical qui connaît un renouveau flamboyant. Il fallait donc que je sache qui ils sont. Je m’en suis allé poser quelques questions à ce jeune groupe qui semble ne pas prendre conscience de son talent. Sans l’aide d’un label, sans l’aide de personne si ce n’est ses 708 followers Facebook (preuve), il vient de publier l’un des meilleurs albums de musique psychédélique des (nombreux) mois passés. Et comme il me le confie, chacun des titres de son album raconte à lui seul sa propre histoire. “Our LP doesn’t necessary have any specific subject that we thought about. The real concept of it is that each song might have its own story“. Tachons de plonger ensemble dans le grand bain des curieuses activités sous-marines.

L’album est introduit par “Goggles“. La douceur des premiers accords de guitare cache une partition explosive. C’est l’un des adjectifs qui qualifient le mieux la musique de Post Animal, explosif. Son final fait penser aux plus grandes heures de Pond, période Beard, Wives, Denim. “Aral Sea“, pour sa part, affiche d’entrée sa volonté pop. Plus rythmé, plus oriental aussi, il fait partie de ces morceaux de la famille de Lonerism. On se rend rapidement compte de la puissance de la batterie et, une fois encore, Post Animal atteint les plus hauts sommets du genre lorsqu’il se permet d’entrer dans encore plus de psychédélisme. C’est précisément ce qui se passe à 2min50.
Alabaster” se présente à nous comme un mélange entre les Growlers et White Fence. Nouveau patchwork psychédélique, il s’aventure encore et toujours sur le terrain d’un rock qui se donne les moyens de sa grandiloquence. C’est ce que le genre psychédélique demande, des jams à ne plus en finir, du son loud, très loud et novateur. A la frontière entre pop et rock incisif, “Alabaster” vient déjà confirmer l’inévitable : Post Animal Perform the Most Curious Water Activities est brillant, un sans faute. “Eel” perpétue le mouvement initié par Tame Impala. Quelle claque ! La voix de Dalton Allison nous plonge dans un univers digne de Frank Herbert. Peut-être, finalement, ce titre est-il celui que je préfère. Peut-être illustre-t-il le mieux le coup de tonnerre que représente l’apparition de cet LP.


Le son de la guitare accroche sur “Swamp Fruit” (inspiration “The Bold Arrow Of Time“), pour le grand plaisir de nos oreilles toujours avides de variations. C’est l’une des autres forces de cet LP, sa capacité à toujours nous surprendre. Et puis, une nouvelle fois, le dernier tiers vient créer la sensation, un véritable classique à enseigner dans toutes les écoles de musique psychédélique. Qui a dit que le stonegaze ne pouvait pas s’accompagner de psychédélisme seventies
On approche du dénouement avec “A Whale’s Tale“. Plus jazzy, il nous laisse découvrir un nouveau visage de Post Animal, lui aussi tout aussi disruptif. Notons ici que le groupe n’a pas composé son album d’un bloc d’un seul, l’une des raisons qui expliquent la diversité du son proposé. Mais sans la maitrise, rien ne serait. Entièrement instrumental, il nous accompagne avec poésie dans un espace-temps où les grands noms du rock psyché des années ’60 auraient vaincu les autres scènes. “Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control” a son petit frère. Et puis, c’est à “Hoverin’ All Night” que revient la lourde tache de sonner le glas. On y voit, une dernière fois, tout ce que Tame Impala a échoué de faire sur son désastreux Currents. Yes, la volonté pop d’une artiste n’est pas forcément synonyme d’adhésion au “système radio” qui impose de coller dix refrains mal inspirés afin d’attaquer le cerveau des auditeurs. Et puis, l’instru peut rester tout aussi riche et créative, il faut dire que la musique psychée s’accorde mal avec le minimalisme. “Hoverin’ All Night” porte l’estocade finale à 2min10, lorsque commence un long périple qui nous coupe finalement le souffle. Écoutez plutôt.

Alors, Post Animal Perform the Most Curious Water Activities est précisément le troisième album qu’aurait du faire Tame Impala parce qu’il intègre à la fois le côté mécanique du premier tout en conservant la pop heavy du second. Et puis, le son de Post Animal, très lourd, très brut, aurait dû guider un Kevin Parker en mal de puissance sonore. C’est cette volonté de produire un son obèse d’avoir trop trainé sur la scène stoner que le groupe me confie, très réaliste sur le résultat produit : “we find a lot of influence from artists who produce music that might be a little heavier or different than mainstream music, but we also love to mix heavy with pop melodies. I’d say there’s definitely a good mix of psych-rock and heavy pop bands today that are making incredible music, and it’s great to try and create in that realm of music.” C’est également ce qui donne à Post Animal son identité propre, la touche qui en fera rapidement une référence singulière.

Au final, il faut du temps pour digérer ce que Post Animal nous propose là : l’un (si ce n’est “le”) des tous meilleurs albums de rock psychédélique depuis Lonerism (si tant est qu’on ne qualifie pas ce dernier comme étant entièrement pop), un statement à ne pas prendre à la légère, j’en ai bien conscience. Seul King Gizzard évolue dans les mêmes sphères en 2016. Confiez la production d’un album de Post Animal à l’un des plus grands noms et vous aurez l’un un véritable chef d’œuvre psychédélique, c’est chose certaine. Donnez le tout à un label de renom et vous aurez la prochaine star du genre, leader du Austin Psych Festival. Mais d’ici là, tachons de diffuser le mot : Post Animal est déjà immense.

Lorsque je demande au groupe quel est son avenir proche, il me confit que les sorties ne devraient pas tarder à arriver. “We’re probably looking at mid-to-late summer for the next record release, but we’re very excited about the upcoming series of smaller releases in the next month or two“. Quelle meilleure nouvelle pour commencer 2016 ? Et cette fois-ci, Still in Rock ne manquera pas à l’appel. Je prends le pari que nous serons même une véritable légion à bientôt parler du groupe en des termes très élogieux. Combien sont-ils, plus spécialement en matière de musique psychédélique, à avoir compris l’apport de Lester Bangs sur la nécessité de ne pas prendre le rock au sérieux ? A l’évidence très peu, Tame Impala vient de le démontrer. Post Animal, lui, me dit que “Water Activities wasn’t meant to be taken literally or all that seriously, but we had a fun time with it“. Lui.

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ENGLISH version
(french above)


Each year, I have some regrets of not having found one album sooner, because it deserved to be integrated into our ranking of the best LPs. Post Animal is that band for 2015. Because I cannot help but think that Post Animal Perform the Most Curious Water Activities is the third album Tame Impala should have published, I say that it is never too late to review a masterpiece, isn’t it?

Post Animal is a Chicago native band which released his first album on October 2015. It follows a very good EP, Like A Babe In The Woods, published during the summer of 2014. But this time, the band just tickles the Olympus of psych music. So I had to know who they are. I asked them few questions and was almost shocked to realize the band didn’t know (by far) how big is what they’ve just done. Without any help from any label, without any help from anyone except 708 Facebook followers (proof), he has published one of the very best LP of psychedelic music of the last few months (and more). As he told me, each song tells its own story. “Our LP doesn’t necessary have any specific subject that we thought about. The real concept of it is that each song might have its own story“. Let’s try, together, to plunge into these most curious water activities.

The album is introduced by “Goggles” where the softness of the first guitar chords is hiding an explosive musical score. Yes, this is one of the adjectives that describe best the music of Post Animal, explosive. Its final is reminiscent, a reminder of Beard, Wives, Denim. “Aral Sea“, for its part, has a bigger pop intention. More rhythmic, more oriental too, it is one of those pieces from the family of Lonerism. We quickly realize the power of that drum and, once again, Post Animal reaches his highest peaks when he allows himself to be even more psychedelic. This is precisely what happens at 2min50.

Alabaster” is more of a mix between the Growlers and White Fence. As any good psychedelic patchwork, it gives rock’n’roll the grandiosity it sometimes need. This is precisely what psychedelic music asks for, infinite jams, something loud, very loud and innovative. At the border between pop and rock music, “Alabaster” has already confirmed what we first thought: Post Animal Perform the Most Curious Water Activities is brilliant, flawless. As for “Eel“, it perpetuates the musical movement initiated by Tame Impala. What a knock down! The voice of Dalton Allison plunges us into a world worthy of Frank Herbert. Maybe, at the end, this track is the one I prefer. Maybe it best illustrates how big of a thunderclap this LP is.

The sound of the guitar is very raw on “Swamp Fruit“, to the delight of our ears always eager for variations. This is one of the other strengths of that LP, its ability to always surprise us. Then again, the last third is a true sensation, a classic to teach in every school of psychedelic music. Who said that stonegaze and seventies psych music could not be married?

We approach the ending with “A Whale’s Tale“. More jazzy, it let us see a new face of Post Animal, equally disruptive. The band composed his album through several periods, one of the reasons that explain the diversity of his sound. Entirely instrumental, this track accompanies us, with poetry, in some space-time where the big names of psychedelic rock of the ’60s would have defeated the other scenes. “Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control” has its little brother. Lastly, “Hoverin ‘All Night” has the difficult task of ending this LP. It shows, for the last time, what Tame Impala has failed to create with his disastrous Currents. Yes, the will of creating good pop music does not necessarily come with the approval of the “radio system” that imposes to integrate ten choruses in each track in order to destroy the brains of listeners. This last track also shows us that the instrumental part can remain just as rich and creative, even with true pop music. At 2min10, a long journey begins that ultimately takes our breath away. Just listen.

At the end of the day, Post Animal Perform the Most Curious Water Activities is precisely the third album that Tame Impala should have done because it integrates both the mechanical side of the first while maintaining the heavy pop spirit of the second one. The sound of Post Animal is very raw, it has the power that Kevin Parker was looking for. It shows a true desire to produce something heavy and the band is very realistic on the result: “we find a lot of influence from artists who produce music that might be a little heavier or different than mainstream music, but we also love to mix heavy with pop melodies. I’d say there’s definitely a good mix of psych-rock and heavy pop bands today that are making incredible music, and it’s great to try and create in that realm of music“. This is also what gives Post Animal his own identity, the keystone that will quickly make him a singular reference.

It takes time to digest what Post Animal offers us: one (if not “the”) of the best psychedelic rock LPs since Lonerism, a statement not to be taken lightly, I know that. Only King Gizzard evolves in the same areas in 2016. But give the producing of the new Post Animal to one of the biggest names and you’ll have one-of-a-kind masterpiece of psychedelic music. Lend it to a good label and you’ll get the next big name of the entire scene, the leader of the Austin Psych Festival. But until then, let us spread the word: what Post Animal just did is already huge.

When I asked the band about his near future, he told me that he is working on few releases for 2016. “We’re probably looking at mid-to-late summer for the next record release, but we’re very excited about the upcoming series of smaller releases in the next month or two“. What better way to start 2016? And this time, Still in Rock will not miss the call. I even take the bet that many of us will glorify the band. How many are there, especially in the world of psychedelic music, to have understood Lester Bangs’ contribution of what is rock music, an art form not to be taken seriously? Evidently, very few, as Tame Impala just shown. Conversely, Post Animal told me that “Water Activities wasn’t meant to be taken literally or all that seriously, but we had a fun time with it“.

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