Murals. Je l’ai dit et redis, l’histoire d’amour entre Murals et Still in Rock traverse les années avec la même passion des premières heures. Nous avons créé ensemble le Colorcast, maintenant sur une radio du Kentucky, ArtxFm. J’ai eu l’occasion d’écrire de nombreuses fois sur ce que je qualifierai comme n’étant rien de moins que de la virtuosité, un live review et un interview sont venus ponctuer le tout…
Alors, lorsque Murals m’a envoyé son dernier LP, Violet City Lantern, je me suis efforcé d’opérer une écoute la plus neutre possible. Et puis, je l’ai à mon tour fait écouter à quelques proches, sans commenter plus avant, dans le but d’avoir une réaction possible. C’est unanime, ce nouvel album est si grand qu’il est difficile de mettre des mots dessus. Seulement, mes liens d’amitié avec les membres du groupe posaient une difficulté supplémentaire : comment écrire un album review qui parvienne à convaincre de ma sincérité ? Comment, pour commencer, convaincre le groupe lui-même de mon attachement à sa musique, et comment vous transmettre ma passion pour cette formation ?
Je cherchais donc un fil conducteur. Je cherchais à exprimer le message de cette critique à travers un propos qui serait capable de rendre ces lignes le plus universelles possible. Cela faisait déjà plusieurs mois que je ruminais, essayant quelques incursions dans un système de pensée trop complexe pour être exprimé simplement. Dire que la musique de Murals est magique ne pouvait suffire, trop d’articles ont décrit des musiques d’une bien moindre importance comme telle. Et puis, j’ai finalement trouvé mon leitmotiv dans la musique du groupe, en écoutant “Adina“.
La première phrase de ce morceau allait me délivrer : “open your eyes“. C’était ça, c’était donc ça. Pour la première fois, j’écoutais une musique avec mes yeux. J’avais immédiatement ressenti une attirance particulière pour cette phrase que je trouvais être plus belle que beaucoup d’autres. Ce n’était pourtant pas la première fois que je l’écoutais, mais sa mise en contexte était telle que j’y trouvais une sensation nouvelle. J’avais alors décidé de continuer ma quête visuelle et tombais rapidement sur “Watching In The Dark“, l’un des premiers titres de l’album. Oui, Murals parvenait à me faire faire l’impossible : ouvrir les yeux sur ce que je n’avais jamais pris la peine de regarder. Je pouvais alors supprimer le terme “voir” de mon vocabulaire, je “regardais” enfin.
Et puis, la sensation n’a fait que se confirmer au fil des écoutes. Me voilà aujourd’hui devant vous, quelques mots en poches pour tenter de décrire cette musique qui m’est devenue si chère. Je crois vous devoir à présent un peu plus de détails sur ce que contient cet album, mais au préalable, faites l’effort mental de vous penser dans une ville paisible où la notion de danger n’existe pas. Tout est possible, vous pouvez tout explorer, l’interdit n’est pas de ce monde-là. Vous marchez dans les rues, des lucioles bordent la route. Tout est calme, personne d’autre que vous n’est là, c’est votre moment. Marchons ensemble.
“Rain Intro“, c’est une entrée dans l’univers du groupe, une sorte d’interlude poétique pour débuter en douceur. Vient alors Violet City Lantern“, le titre éponyme, et l’on se dit déjà que Murals parvient à capturer une part de la douce mélancolie qui nous habite. Et puis, cet album a aussi un groove comme il s’en fait peu. Ecoutez simplement le passage instrumental de “Violet City Lantern“, le titre éponyme, pour vous rendre compte de la force mouvante de cet LP. Les premiers pas se font avec légèreté, “young wonder walks in a way while I sit here as I am”. Avec “Smoke Follows Beauty“, on trouve la délicatesse des Moissons du Ciel de Terrence Malick. Le mouvement s’accélère sur les derniers rythmes, la promesse d’une exaltation grandissante.
“White Wheel“, c’est l’une des plus grandes évidences de cet album. Il fallait, bien entendu, que la musique de ce titre soit plus mécanique, comme pour nous emporter dans une machinerie (“on and on through the trees”) qui se révèle être une formidable partie féérique, j’en veux le final comme preuve. Murals semble avoir capturé toutes les sonorités les plus agréables à entendre sur cette terre dans le but de les compiler dans un patchwork psychédélique qui, quelques rares fois, fait aussi penser à White Fence. Lorsque je parlais de voir la musique, ce morceau illustre, je crois, à quel point il est possible de saisir les images d’un ailleurs que l’on n’a peut-être jamais connu.
Les “Birds Of Paradise” ne sont que de passage, et “Watching In The Dark” prend immédiatement le relai. Je le disais dans mon introduction, ce titre fait partie de ceux qui m’ont fait comprendre l’apport de cet album au monde de l’Art. Observez comme les changements de rythmes de Rob Monsma sont gracieux, voyez comme la voix de Jacob Weaver est profonde, observez comme les paroles nous exhortent d’entrer en communion. L’expérience de cet album se tourne alors en quelque chose de très puissant. Et puis, voici de la Littérature : “Wild nights disguised as a crystal eye, Watching in the dark, Count the fainting stars on your freckled arms, Holding to the heart”.
“I Live Here” est plus chaleureux. Ce titre produit une drôle de sensation, on se laisse rapidement prendre par les premiers accords alors que Murals nous conduit en réalité vers quelque chose de plus tendre, évoquant les “love song” de notre adolescence. Et toujours, le groupe produit une bedroom folk comme il ne s’en fait plus. Le passage instrumental est d’une telle joie qu’il se pourrait susciter de fortes réactions. “The Swimmer” réintroduit plus de paresse, et toujours cette impression d’une idylle à venir. Ce titre est bucolique autant qu’il se laisse guider par les harmonies ala Murals. Notre vue est encore sollicitée, “Wearing moonlight, Nothing in sight that I can see”.
Violent City Lantern est plus expérimental que le premier album du groupe, ce que l’on retrouve sur “Shimmering Pond“. Le train passe au loin et notre campagne se poursuit. “The Lost Star” a tout d’une odyssée, encore cette voix qui nous plonge aux confins d’une folk que l’on n’a pas refait depuis les années ’70. Et puis, cette fois ci, “We watch the birds fly farther Into the night”. Si l’étoile qui guide notre chemin s’est égarée, “Warm Country Magic” nous fait gouter à l’ardeur d’une Amérique des temps anciens.
“Adina“, c’est l’un des autres chefs d’oeuvres de cet album, celui que je chérirais toujours pour m’avoir permis l’exploration, l’accès à ce savoir que je répète ici : écouter la musique avec ses yeux. Ça semble de rien, mais il s’agit de se laisser saisir par ce que chaque note procure en nous d’images mentales. Ça semble de tout, et ça l’est. Toujours ce même aspect mécanique qui rappelle la proto-pop nous fait aimer les plis d’une musique à laquelle on peut accorder sa confiance. Une légère dissonance, que l’on retrouve ici avec exaltation, ne sera pas pour déplaire aux amateurs de jazz et de musique classique.
“Long Bridge“, pour sa part, a le voile des amours perdus. Murals personnifie l’expérience, “She can stop by in the turn of the eye, She can stop by all the way, You can look out as the scenery flies, You can look out all the way”. Et puis, une fois encore, il vient ponctuer les dernières secondes d’un jam dont il a le secret. C’est inégalable. “One Thousand Pictures“, c’est un dernier exemple de ce que Murals a regroupé ces sonorités que l’on aime tant, un bruit de domino, des acoustiques marines… Donnez-moi la main, la fin approche.
C’est la lanterne à la main que l’on découvre une ville enchanteresse plongée dans le noir. Chaque coin de rue est fleuri, des pavés jonchent le sol et la poésie du moment est contemplative. L’écoute de cet album se vit comme un véritable voyage. Il y a, dans Violet City Lantern, tout ce que j’aime chez les grands artistes, cette capacité à me faire ressentir le monde, à m’émerveiller de ce qui semble si évident. L’expérience de méditation de pleine conscience n’a jamais était aussi réussie, jusqu’au dernier grésillement du feu de bois sur “Violet City Showers” qui rappelle par ailleurs le grand Joe Meek.
Cet article est volontairement plus personnel que les autres parce que je crois que je vous devais cela. La sincérité d’une relation qui se poursuit au-delà des sourires échangés ne pouvait rester lettre morte. C’est un moment marquant de l’histoire de Still in Rock.
Finalement, l’écoute de cet album est l’une des expériences les plus mystiques que je n’ai jamais faites. Avec cet LP, j’ai pour la première compris l’attrait qu’avait une large partie de la population pour la religion, et ce n’était pas une mince affaire. Il y a, pour commencer, cet esprit de communion avec quelque chose de plus grand que soi. Et puis, un amour pour les rites, c’est ce que j’ai trouvé sur “White Wheel” sur lequel je suis sur que le chaman fait passer l’esprit d’une génération à la suivante. Enfin, l’attachement à une cause juste nous incite à vouloir la partager avec le plus grand nombre. C’est ce que je fais aujourd’hui. C’est ce que, je l’espère, nous serons demain très nombreux à faire.
Murals. As I said over and over, the love story between Murals and Still in Rock is surviving through the years with the same passion of the early hours. We have published The Colorcast, now on ArtxFm, I had the opportunity to write many times about what I would describe as nothing less as virtuosity, I published a live review and one interview back in 2012…
The day Murals sent me his latest LP, Violet City Lantern, I tried to have a neutral listening. I then listened to it with some close friends, without further commenting on it, with the same objective of having the most sincere reaction from them. It is unanimous, this new album is so great that it is hard to put words on it. Yes, but my friendships with the band created an additional challenge: how to write a review that manages to convince you of my sincerity? And how, to begin with, convince the band himself of my love for his music?
I was looking for a narrative thread. I wanted to criticize this album with the most universal language possible. I questioned myself for months and tried some inroads into an overly complex system of thoughts. To describe Murals’ music as being magical wasn’t enough, too many critics have used this qualifier for some less mystical music. And at the end, I finally found my leitmotif in the band’s music, while listening to “Adina“.
The first sentence of this song delivered me: “open your eyes”. That was it! For the first time, I was listening to some music with my eyes. I immediately felt a special attraction to this sentence that I found to be more beautiful than many others. It wasn’t the first time I heard it, but the context was such that I found a new sensation in it. I then decided to pursue my visual search and quickly came across “Watching In The Dark“, one of the first tracks on the album. Yes, Murals managed to make me do the impossible: open my eyes and watch what I had never bothered to look at. I am not seeing anymore but watching.
This feeling only grew up with time and here I am today with a nutshell in my pocket to try to describe one music which has become so dear to me. I believe it is time for more details about the inside of Violet City Lantern, but first, please close your eyes and imagine being in a quiet town where the concept of danger doesn’t exist. Everything is possible, you can explore every little place. You walk in the streets, some fireflies line the road. All is quiet and peaceful, no one but you is here, it is Your time. Now, let’s walk together.
“Rain Intro” is a kind of poetic interlude aiming at entering smoothly into Murals’ world. Then comes “Violet City Lantern” where the band already manages to capture a small part of the sweet melancholy that inhabits us. This track also has an amazing groove, just listen to the instrumental of that song to realize the strength of this LP moving force. With “Smoke Follows Beauty“, we then find the delicacy of Terrence Malick’s Days of Heaven. The movement is going faster in the last rhythms, the promise of a growing exaltation. The first steps are placid, “young wonder walks in a way while I sit here as I am”.
“White Wheel” is one of the biggest evidence of this album. It had a more mechanical aspect like to take us in a fairytale machinery, “on and on through the trees” as the band says. Murals seems to have captured all the most enjoyable sounds on this earth in a way to compile them into a psychedelic patchwork which, also, reminds us sometimes of White Fence. I believe that this art piece illustrates how it is possible to capture some images of an unknown elsewhere. Here is a good illustration of how we can watch this music.
The “Birds of Paradise” are only passing through and “Watching In The Dark” takes over immediately. As I said in my introduction, this track makes us understand this album contribution to the world of Art. See how Rob Monsma’s rhythmic changes are graceful, see how Jacob Weaver’s voice is deep, feel how the words exhort us a real communion. Experiencing this album now turns into something very powerful. And here is some seriously good literature, “Wild nights disguised as a crystal eye, Watching in the dark, Count the fainting stars on your freckled arms, Holding to the heart“
“I Live Here” is even warmer. This song produces a new sensation, the first chords transform the reality into something softer, evoking the love songs of our adolescence. And still, Murals creates a glorious bedroom folk, going where nobody goes anymore. The instrumental creates such a joy that it could spark strong reactions. “The Swimmer” reintroduced a more lazy feeling while maintaining this impression of an upcoming romance. This track is bucolic as it is guided by some harmonies ala Murals. And again, it is about our sight, “Wearing moonlight, Nothing in sight that I can see”.
Violent City Lantern is more experimental than the band’s first album, which “Shimmering Pond” underlines once again. The train goes off and our campaign continues. “The Lost Star” is a great odyssey and the voice takes us to some folk music that we haven’t heard since the 70’s. And this time, “We watch the birds fly farther into the night”. “Warm Country Magic” also makes us taste to the zeal of an old America.
“Adina” is one of the other masterpieces on this album, the one I will always cherish because it allowed me to explore this LP in more depth, to access to this ultimate knowledge, once again: listen to the music with your eyes. It does not seem like a lot, but it is everything. The same mechanical aspect of this proto-pop makes us love the folds of a delicate music. Plus, we find a slight dissonance to please the lovers of jazz and classical music.
“Long Bridge“, for its part, is all you need to cure a lost love. Murals personify the experience, “She can stop by in the turn of the eye, She can stop by all the way, You can look out as the scenery flies, You can look out all the way”. Then again, Murals punctuates the second half of the track with a jam of which he has the secret. It is unmatched. “One Thousand Pictures” is a final example of how Murals captured these sounds that we love so much, a domino noise, marine tones and more… Give me your hand, the end is coming.
At the end, we discovered an enchanting city plunged into darkness, a lantern in the hand. Every street corner is flowery, the poetry of the moment is contemplative. Listening to this album is a real journey, there is, in Violet City Lantern, everything I love about great artists, this ability to make me feel the world, to make me marvel what seems so obvious. The mindfulness meditation experience has never been so successful, this until the last crackling firewood on Violet City Showers which also remind us of the great Joe Meek.
This article is deliberately more personal than the others because I think I owe you this. The sincerity of a relationship that goes beyond smiles could not remain a dead letter. This is one of Still in Rock great moments.
Listening to this album is one of the most mystical experiences I’ve ever had. With this LP, I, for the first time, understood the attraction that people have for religion, and it was not an easy one. I found this spirit of communion with something larger than me. I also found a love for the rites on “White Wheel” where a shaman is transferring the consciousness of one generation to another. Finally, I found the need to share my love for a great cause with the most significant number. This is what I do today. This is, I hope, what plenty will do tomorrow.
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