Nous évoquions le groupe pour la première fois en 2013. Le groupe venait alors de faire paraître Sonic Bloom via The Reverberation Appreciation Society. Il aura fallu attendre trois ans pour qu’il revienne avec son 3ème album, Who Sold My Generation et c’est Heavenly qui est cette fois-ci au soutien de cet LP de douze morceaux paru le 29 janvier dernier.
L’album s’introduit sur “Celebration #1“, plutôt inutile en ce qu’il ne dit rien de l’album et qu’il ne nous donne pas non plus à entendre une belle mélodie. Et puis, la production de l’album est plutôt mauvaise, ce que l’on constate déjà sur “Power Child“. Il fut pourtant enregistré sur bande magnétique pour augmenter la réalité de ce dernier, du reel-to-reel audio tape recording. Et puis, Nic Jodoin était aux manettes, lui qui bosse aussi avec les Black Lips. Mais le résultat est là et c’est dommage tant la guitare de ce morceau pourrait créer quelques étincelles. “Right / Wrong” est bien plus porté sixties, sorte de titre Nuggets sans autre volonté que nous rappeler la magie des Seeds et autre 13th Floor Elevators. C’est cette fois-ci la mélodie qui fait défaut, on s’approche du but.
Le groupe retombe rapidement dans la même confiture pseudo-psychédélique avec “Sunday Mourning“. Mais à quoi pourrait donc bien servir ce titre ? “Bad Love“, pour sa part, fait plus office de générique à une série policière des années ’70 que de titre de rock psyché notable. Et puis, notons à quel point Night Beats misses the point lorsqu’il s’essaie à plus de pop, on croirait entendre une pale version des Growlers, voir “Turn The Lights“.
Heureusement, Who Sold My Generation est également porté par quelques partitions plus nouvelles. “No Cops” est le premier titre à rassembler toutes les pièces du puzzle. Night Beats se tourne vers ses roots un peu bluesy pour rythmer un psychédélique qui a le mérite du mouvement. “Porque Mañana” est plus lounge, la troisième minute fait apparaître un groupe plus inspiré encore, ce que l’on retrouve sur “Shangri Lah” qui traduit l’attirance de la première scène psychédélique pour les sonorités orientales. Clairement taillé pour les lives, ce titre a le mérite de rythmer un opus qui manque de surprises. Quant à “Burn To Breathe“, il est incontestablement l’un des meilleurs morceaux de cet LP. Les sons jaillissent de toutes parts et Night Beats tombe enfin dans le patchwork psychédélique que l’on attendait. “Last Train To Jordan“, dans un univers plus Tarantino, brille par ses guitares tronçoneuses, du vrai Reverberation Appreciation Society et “Egypt Berry“, le petit dernier fait enfin ce que l’on a attendu tout l’album : un jam, une épopée psychédélique, une expérience quoi !
Au final, Who Sold My Generation est un album qui contient quelques bons morceaux, mais seulement voilà, l’album est bien trop mécanique, trop attendu. Il manque lui la folie de la découverte, ce que le rock psychédélique demande pourtant. Il lui manque les longs jams que l’on attend, les expérimentations qui iraient plus loin qu’un simple enregistrement sur 2″ Master Tape. Et puis, il faut dire que l’on est habitué à de la musique psychédélique de haut vol, la scène psychédélique grouille de noms d’exception, White Fence et King Gizzard en tête de file. Et puis, dans un sytle similaire, Christian Bland and The Revelators fait bien mieux le travail. Notons enfin à quel point des petits nouveaux font le travail disruptif que Night Beats ne fait pas. Post Animal est le symbole de tout ça (article). Alors, en définitive, Night Beats devra aller plus loin s’il veut marquer l’histoire de son genre musical.
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