Feels, c’est un nouveau venu chez Castle Face Records. Produit par Ty Segall avec l’aide de JJ Golden (qui également bossé pour Drinks, Zig Zags, Built to Spill et j’en passe), il fera paraître son nouvel LP composé de 9 morceaux le 26 février prochain. Ce jour, le groupe originaire de Los Angeles intégrera la cour des grands. Il faut dire que passer chez Lolipop Records et Burger Records aide à se forger un son. Et au final, son album self-titled perpétue cet excellent début d’année 2016. Rappelons en effet la sortie d’un excellent Ty Segall, un DIIV de haut vol, le nouveau Murals et l’apparition de Johnny Mafia. Avec Feels, la mouvance s’accentue et alors que personne n’attendait trop ce groupe, il sera probablement dans tous les esprits en décembre prochain. Il faut dire que la claque est à la hauteur de la surprise.
Le premier morceau, “Close My Eyes“, est un titre introductif comme il en faudrait plus : puissant, efficace, représentatif et suffisamment intriguant pour nous donner l’envie de poursuivre la route. Avec l’aide de Ty Segall sur la partie vocale, on se dit déjà que l’écoute de cet LP est placée sous les meilleurs hospices. Les dernières secondes se rapprochent du stoner noisy de Ty Segall, une indication sur ce que contient le reste de l’album. “Slippin’” a un rythme plus binaire. La première partie est punk tandis que la seconde tire à son tour vers des solos plus profonds. “Play It Cool” est punk punk punk, très inspiré du Riot Grrrl qui a fait les grands all girl band de Washington. C’est l’une des marques de Feels, cette tendance à s’inspirer du son nineties qui accompagnait le straight edge. “Unicorn” reprendra la thématique quelques titres plus loin, toujours avec autant de hargne. “Today” vient marquer un temps de pause, plus délicat, on prend.
“Tell Me” est le premier titre de la face B, l’un des grands temps forts de cet album. Si l’introduction est plus pop que le reste de cet LP, à la façon de Built to Spill, Feels pousse ensuite l’écho au maximum et nous embarque dans un road trip psyché. “Unicorn” fait alors office de passeur, un titre court et colérique. “Bird’s Eye” construit lentement son œuvre, gardant toujours un contrôle que l’on croit prêt à exploser à chaque seconde. “Small Talk“, lui, ne se fait pas prier pour tomber dans un rock noisy et expérimental qui sait comment susciter quelques excitations incontrôlées. “Running’s Fun” est un cran supérieur, de quoi contenter les amoureux d’un rock’n’roll qui fera exploser le compteur légal des 105 décibels. Les deux dernières minutes sont dantesques, je vous laisse en découvrir la substance, à faire fondre la neige de Shining.
Au final, Feels est l’un des meilleurs groupes féminins de ces derniers mois (sans offense au batteur). Certes, Kim Gordon ne manquerait pas de dénoncer cette dernière phrase qui implique qu’il faille faire une distinction entre les groupes masculins et féminins. Je crois en réalité qu’il faut ici relever la qualité de l’album de Feels qui, outre ses lourds aspects de garage stoner, sait aussi utiliser le doo-wop féminin qui va bien. L’album joue avec tous ses atouts et c’est très bien ainsi. Comptons désormais Perfect Pussy, Priests, Ex Hex, The Courtneys, Peach Kelli Pop et Feels comme meilleurs représentants du genre. Si seuls les deux premiers s’inspirent du Riot Grrrl, notons qu’ils feraient tous un excellent candidat aux Femmes S’en Mêlent. On ne croise pas souvent la route de groupes féminins capables de prétendre au même public que celui de Fuzz et Thee Oh Sees. Feels en est et je prends le pari que cet album lui permettra de s’attirer toute la lumière qu’il mérite.
(mp3) Feels – Slippin’
(mp3) Feels – Play It Cool
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