The Saints est le groupe de nombreux LPs studio. Yes, mais aucun n’égalera jamais (I’m) Stranded (1977) et Eternally Yours (1978). Le premier, particulièrement, un l’un de ces nombreux albums à ajouter à la terrible liste de l’année 1977. Seulement, The Saints avait cette particularité d’être Australien, faisant de lui l’un des groupes punk les plus influents de l’histoire du pays. Décrit comme une version alternative des Sex Pistols, The Saints jouait d’un punk un peu brouillon qui s’affichait surtout par l’énergie qu’il dégageait. Et puis, il faut se rappeler que l’on est en 1977 et que les scènes punk et power pop sont comme frère et sœur. On trouve ainsi de nombreuses mélodies dans chacun de ses morceaux, un peu comme le faisait si bien nos Ramones chéris.
Formé à Brisbane en 1973, il se fait remarquer trois ans plus tard avec un single qui marquera le genre, “(I’m) Stranded”. EMI Australia se chargera de faire paraître le premier album du groupe à travers le monde avec le soutien de Sire Records pour la partie US. The Saints, c’était une affaire qui roule, un punk sanglant, tout le soutien nécessaire et une volonté de révolutionner le rock’n’roll. Voici le récit de cet album.
(I’m) Stranded s’ouvre sur… le single self-titled, incontestablement le hit du groupe. “One Way Street” se veut plus violent, plus proche du groupe X qui s’était donné pour mission de dynamiter la scène de Los Angeles. Et puis, “Wild About You” perpétue la formule Ramones, du fuzz et un rythme effréné comme pour mieux assommer la petite groupie venue transpirer dans un soutien-gorge trop large. La guitare semble ne jamais en finir de relancer une véritable bagarre avec le batteur.
“Messin’ With The Kid“, c’est l’une des seules ballades de toute la discographie des Saints. Ce titre, à inscrire dans son top 3, avait pour lui la grandiloquence que la scène Brit Pop allait chercher à reproduire 15 années plus tard. Quant à “Erotic Neurotic“, c’est du Ramones tout craché, un titre qui donne tout sur la vitesse d’exécution d’un punk qui se voulait aux antipodes du boring classic rock. Les Saints y excellent, le titre est du style à exciter une grand-mère sur son déambulateur. Le décompte final ne fait que rajouter à cette envie de rattraper le temps qui court définitivement moins vite que ces quelques accords.
Avec “No Time“, les Saints vise le côté brouillon des Pistols, délivrant un morceau plutôt monotone qui n’a d’autres objectifs que maintenir le flow complètement flou que les Saints s’étaient imposés de suivre. “Kissin’ Cousins“, pour sa part, est plus pop, une sorte de Buzzcocks sous Redbull. Et puis, le groupe kiss all night, rappelant en cela le thème des Damned. “Story Of Love” ne fait que renforcer cette impression d’une petite romance à l’ancienne, lorsque le quarterback emmenait la cheerleader à la fête foraine pour partager une barbe à papa. Une dernière fois, les Saints profite du final pour lacher un petit solo qui aura marqué de nombreux groupes de punk.
“Demolition Girl” aurait tendance à avoir inspiré les Dictators. Les Saints ne peuvent faire plus, c’est sale, c’est sexuel, c’est punk. Et puis, ils nous délivrent leur version d’une nuit romantique avec “Nights In Venice“. Chris Bailey grince un peu, mais tout va pour le mieux. On se demande surtout, à ce stade, comment Ed Kuepper (le guitariste) a fait pour ne pas succomber à une crise cardiaque. Le morceau dure quasi 6 minutes, une des plus belles épopées punk. Et pour ceux qui auraient été particulièrement convaincus par l’écoute de ces quelques titres, ne manquez pas l’édition australienne datée de 2007 (via EMI Music) qui contient 8 morceaux bonus, dont un titre “Untitled” (ci-dessous) particulièrement génial.
Cet album, d’une actualité indiscutable, démontre à lui seule l’utilité de cette rubrique anachronique. Le son des Saints fait partie de ceux qui ont traversé les époques et comment ne pas se dire qu’il fait aujourd’hui partie de ces pères fondateurs qui influencent les scènes punk américaines, anglaises, françaises et j’en passse… Dans notre interview, Larry Hardy, le boss de In The Red Records, nous confiait que de son point de vue, “Tout a déjà été fait. Il n’y a pas une infinité de possibilités sur la façon de combiner trois ou quatre cordes“. Les Saints le démontrent, le punk a là connu un apogée que l’on ne peut que chercher à recréer.
Je profite de cet article sur un groupe de punk pour rendre un hommage particulier aux Ramones et vous signaler cette pétition lancée par Still in Rock pour que la scène française fasse un album de reprise de Subterranean Jungle. Signez donc !
(mp3) The Saints – (I’m) Stranded (1977)
(mp3) The Saints – Messin’ With The Kid (1977)
(mp3) The Saints – Untitled (1977)
Liens afférents :
Mixtape Still in Rock sur 1977
Interview avec Andy Shernoff des Dictators
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