(© Chloé Gassian)
Alex Calder est l’un des grands habitués de Still in Rock. Inutile donc de le présenter à nouveau. Ce que j’ai trop peu dit, en revanche, c’est qu’Alex Calder, c’est un peu l’anti-Beach House. Alors que le groupe précité délivre une (excellente) dream pop très bien produite qui sent les longues heures de travail studio, Alex Calder, lui, fait coller la musique qu’il délivre (de la pop spectrale / dream pop) avec la façon qu’il a de la composer : sobre et minimale. Il y a en cela une réelle connexion entre la forme et le fond, que l’on approuve ou pas, c’est d’une extraordinaire cohérence.
Doublement interviewé par Still in Rock (ici et ici), on se dit que l’artiste canadien n’avait plus aucun secret pour nous. Comme a son habitude, il a annoncé la sortie de son nouvel LP avec le charlatanisme qui le caractérise si bien : “it’s an entire collection of Radiohead cover songs!“. Yeah right, comme ils diraient. Il s’agit en réalité de quelques-unes de ses démos délivrées un peu dans le désordre, lui qui précise par ailleurs que “all songs recorded at home by Alex Calder 2013-2015“. Il y a donc du connu, du moins connu et de l’inconnu.
Mais notons, avant tout chose, qu’Alex Calder continue d’être cet artiste que l’on accueille les bras ouverts, parce que persuadé que chacune de ses sorties vaudra le détour. Et Bend ne déroge pas à la règle. Cet ensemble de 15 morceaux a pour lui l’univers insatiable d’un Alex Calder qui semble décidé à nous embarquer une fois encore au pays de la douce pop spectrale.
L’album s’introduit sur “
Foam“, un titre que nous avions déjà croisé sur les
extras de Strange Dreams. Les voix d’Alex Calder paraissent de toute part, c’est de la dream pop, ni plus ni moins. Vient ensuite “
Out of Tune“, un titre qu’il avait également déjà fait paraître, cette fois-ci sur
Alex Calder Demos 2014 / 2015, mais qu’il a depuis supprimé de son Bandcamp. Sorte d’hymne imaginée d’un sauna homosexuel (ouais, ça va loin), on y croise un Alex Calder inspiré qui parvient à s’épanouir dans un titre plus dégarni.
“
Sasaki“, lui, est un original. La comparaison a souvent été abusive, mais cette fois-ci, on ne peut s’empêcher de penser à l’instru’ plus jangle pop de Mac DeMarco. Et puis, on retrouve “
Someone (Early Demo)“, un titre de son album
Strange Dreams. Cette fois
early demo est effectivement plus dépouillée que celle que nous connaissions jusqu’alors. “
Out of Touch” réactive la machine à hits sur un original remarqué avant que “
Real Life“, que l’on avait déjà croisé, perpétue le mouvement. On y retrouve un Alex Calder tourné vers la pop, volontairement plus mélodique. Il ne sacrifie toutefois en rien sa volonté minimaliste, preuve que la “scène TV” est dans le faux lorsqu’elle croit qu’un titre de pop nécessite une danse et un troupe de gospel pour les choeurs.
Vient alors le titre éponyme (voir sa vidéo), “Bend“. Sorte d’allégorie sur un chat qui regarderait la pluie tombée par la fenêtre, ce morceau a pour lui sa docilité que la guitare semble accompagnée avec légèreté. Le titre est aérien (tiens, on dirait à ce stade l’une des chroniques de ces vieux magazines de musique). Et puis, que dire de “Paralyzed” sinon qu’il porte parfaitement son nom ?
Nous ne connaissions pas “
Goodbye” à ma connaissance. Toujours dans le même style musical, Calder a fait le choix de l’univers musical accompli plutôt que de l’artiste touche-à-tout. “
Born In Another Time“, c’était auparavant un titre de Mold Boy tiré de son EP
Fade. Mais Calder
nous a juré d’arrêter de publier de la musique sous deux pseudonymes. Dont acte. La même chose vaut pour “
Dealing With The Sun“, excellent morceau tiré du
tout premier EP de Mold Boy. “
Fade“, un autre Mold Boy, complète parfaitement la série. Sa voix est léthargique, une paresse du mercredi dont on ne se privera pas.
(© Chloé Gassian)
Au final, on se demande parfois ce que la musique d’Alex Calder pourrait bien donner s’il décidait de s’éloigner un peu de la pop spectrale qui caractérise tous ses albums. Et puis, on se dit qu’il serait dommage que le pape du genre décide de faire une Dee Dee Ramone (sortir un album de hip-hop, raté). Ce serait un peu comme si Benoit XI décidé de tourner dans un film érotique.
Et puis,
Bend a pour objet, comme son nom l’indique, de rassembler les meilleures démos qu’Alex Calder a composées ces 3 dernières années. Il était donc logique qu’il fasse honneur au style musical qu’il chérit tant. Dépêcher vous toutefois d’écouter ces quelques titres, Calder a parfois la manie de mettre ses morceaux en ligne et de les retirer une fois quelques articles de presse écrits. Surement est-ce son côté taquin. Ou des prises de décision qui irrite un peu Captured Tracks, ce que l’on aurait tendance à comprendre (
voir interview). Toujours est-il qu’il est excellent, du Calder en puissance. Et avec cette seule phrase, je crois que tout est dit.
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