L’album est plutôt une bonne surprise. L’histoire commence pourtant plutôt mal avec “She Put A Seed In My Ear“, un morceau… “tranquille”. Vient ensuite “Wendy Go Round” qui n’est pas vraiment plus saisissant, on a la facheuse impression d’écouter le dernier Ducktails. Mais fort heureusement, “Western Playland” rehausse ensuite le niveau, surement parce qu’il joue le côté planant là où les deux premiers morceaux essayaient de nous prendre par les sentiments. Le final psychédélique est des plus réussis. Et puis, alors que l’on ne s’y attendait pas, Holy Wave reprend une marche encore plus psychédélique avec “You Should Lie“, sorte de titre un peu jazzy qui emporte surtout une pop super efficace. Au final, bien qu’étant le plus court de tout l’album, ce morceau est celui qui nous restera le plus.
Holy Wave est un groupe originaire d’Austin (Texas) qui vient tout juste de faire paraître son nouvel LP, Freaks of Nurture. Sorti via The Reverberation Appreciation Society (le label qui produit le festival Levitation / Austin Psych Fest, mais aussi, Christian Bland & The Revelators, Night Beats et autre The UFO Club), il se compose de dix morceaux qui jouent en plein la carte du printemps. On se souvient que nous avions déjà eu l’occasion d’écrire un article sur le groupe, décrivant une musique qui ne pouvait possiblement extasier personne de prime abord. Seulement, Relax, son dernier LP en date, avait pour lui un peu de rock’n’roll que le groupe avait dissimulé là où bon lui semblait. Il l’a ici supprimé de l’équation, jouant ainsi d’une bedroom pop que l’on n’avait pas l’habitude de le voir emprunter.
“California Took My Bobby Away” se la joue plus spleenétique. Peut-être ressemble-t-il plus aux morceaux introductifs, mais une différence fondamentale le sépare des premiers : Holy Wave nous a désormais plongé dans le bain. L’instru’ de “California Took My Bobby Away” est bourdonnante, comme si des bouchons d’eau avaient lentement commencés à se former. Et puis, les deux dernières minutes sont plus riches que ne le sont les deux premiers morceaux réunis.
“Airwolf” est plus cliché de ce que la scène crée (bien trop) en 2016 : de la réverb’ partout et le tour est joué. Ouais, OK, mais où est passée la mélodie ? Au risque “de faire” mon Bret East Ellis, il s’agirait de ne pas oublier l’essentiel (dit-il d’un ton californien). Bon, c’est quand même plutôt agréable, mais pas suffisamment distinctif pour nous rester dans l’oreille. “Our Pigs” ne fait pas vraiment mieux.
“Sir Isaac Nukem” redresse le gouvernail dans la direction d’une pop plus planante, mais on a comme l’impression que la tempête qui l’a précédé a été trop négligeable pour pleinement l’apprécier. “Magic Landing” exprime une sorte de mécanisme proto-pop plutôt berçante et c’est finalement “Minstrel’s Gallop” qui conclut le tout.
Au final, Holy Wave a tenté l’album expérience. Il a fait le pari de nous plonger dans sa bedroom pop marine (/ breeze pop) et il est vrai que le sous-marin de Steve Zissou rescelle parfois de belles surprises mais l’album est entaché de quelques clichés qui surjouent un peu le style “groupe Levitation”. Une fois encore, aucun des titres de cet LP ne méritent d’être cloué au pilori, seulement, la scène psychédélique est d’un tel niveau depuis le début des années 2010′ que l’on s’est habitué à l’excellence. Par exemple l’album Atlas de Real Estate est, dans un genre similaire, largement supérieur. Et lorsque l’on voit des groupes débarquer de nul part et nous en mettre plein la vue, à l’image de Post Animal, on se dit qu’Holy Wave devrait plus viser les Mavericks qu’autre chose. Heureusement, quelques très bons morceaux viennent sauver le navire de la noyade, mais il n’est pas exclu que le capitaine ne doive tout de même porter quelques brassards en forme de canari jaune.
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