LP Review : Violent Femmes – We Can Do Anything (Acoustic Punk)

Violent Femmes. La dernière fois que Violent Femmes faisait paraître un album, Bill Clinton était président des Etats-Unis, Ty Segall avait 13 ans et l’on payait encore nos CD avec des francs. Alors que l’on avait perdu espoir d’entendre un jour quelques nouveaux titres de ce géant du punk acoustique, We Can Do Anything vient finalement nous faire danser à nouveau sur la voix de Gordon Gano qui nous rappellera toujours le génial “Blister In The Sun
On se souvient que le groupe était revenu en avril dernier pour délivrer 4 titres d’un nouvel EP, Happy New Year. Il préparait en réalité son grand retour, son premier album studio depuis 16 longues années. Paru via PIAS / Add It Up Production aujourd’hui même, cet album est une petite aubaine qui vient mettre un coup de pied dans la fourmilière : le punk acoustique et folk, c’est BIEN. Pourtant, personne d’autre ne s’y essaie, comme si Violent Femmes avait intimidé le reste de la scène. C’est dommage tant sa discographie et cet album démontrent tous deux que le style mérite tous les honneurs.

L’album s’ouvre sur “Memory“, aisément l’un des meilleurs titres de Violent Femmes, probablement aussi le meilleur de cet album. Ce morceau est grinçant pile ce qu’il faut avec son petit “I don’t remember you book that you ever read“. Les années qui passent ne semblent pas affecter Violent Femmes, ce que son single “Memory” prouve avec brio. “I Could Be Anything” est plus “carnaval”, et pourtant, la même énergie punk acoustique se dégage toujours des titres de Violent Femmes. Une fois encore, on relèvera l’excellente qualité du texte qui ne manque pas de toucher la cible en plein mille. 
Issues“, c’est un morceau plus pop, de ceux pour lesquels Violent Femmes tient à consacrer une véritable mélodie. On enchaine avec “Holy Ghost” qui fait ressortir la même instru’ que celle de Add It Up. Gordon Gano est plus grincant, c’est indéniablement celui que l’on aime le plus. Prêchons pour une réhabilitation de la guitare acoustique, Violent Femmes lui donne tant de puissance. Heureusement, quelques artistes l’on comprit à leur tour, je pense notamment à Tall Juan. Vient ensuite une balade avec “What You Really Mean“, ce qui est relativement nouveau dans la discographie de Violent Femmes.

Foothills” expose une vie de paresse, il faut dire que la ville de Milwaukee n’est pas des plus trépidantes. Peut-être ce morceau n’est-il pas non plus le plus indispensable de tout l’album, mais tachons de ne pas trop critiquer les chansons d’amour. “Traveling Solves Everything” débute comme une course poursuite, à la recherche du temps perdu (ah non, c’est un livre ça). Si l’accordéon est de trop, Violent Femmes nous replonge dans un bus, “if you got a problem, just get a bus and drive” que l’on connaissait déjà avec “Waiting For The Bus“. Dire qu’il dévale toujours les pentes, tant d’années plus tard…

Big Car“, pour continuer dans le domaine mécanique, c’est le nassilardisme (ça existe) que l’on aime tant chez Violent Femmes. Ce morceau, l’un des plus réussis de cet LP, ne manquera pas de faire danser les quelques âmes qui ne sont toujours pas pleinement remises de “Gone Daddy Gone”. “Untrue Love” commence de la sorte : “I hate to hear your voice“. Le titre prend le parti d’un Violent Femmes qui composerait des titres à l’honneur de l’appellation du groupe. Le titre rend hommage à tout le cynisme que cet LP consacre avec constance. Et pour notre plus grand plaisir, “I’m Not Done“, semble intégrer les influences d’Elvis avec celle d’un vieux groupe de country. Quel final, exactement ce dont nous avions besoin.

Au final, cet album n’est pas le meilleur album de la discographie de Violent Femmes – comment faire mieux que leur LP self-titled ? Mission impossible – mais il lui fait largement honneur. Une fois encore, comme c’est le cas pour Robert Pollard et son Guided by Voices, Violent Femmes fait partie de ces groupes qui semblent ne pas pouvoir vieillir, comme s’il ne pouvait possiblement perdre le It.

Je crains pourtant que cet album n’atteigne pas les cercles de presse que l’on a l’habitude de fréquenter. Il faut mesurer à quel point Violent Femmes est un groupe majeur de l’histoire. Sans lui, le punk n’aurait tout simplement jamais connu une partie de sa destinée, celle folk et acoustique, celle d’un mid-west qui aura fait naître un véritable mouvement. Violent Femmes sera à jamais l’un des rares groupes a avoir créer un style musical. Le fait qu’il fasse paraître un nouvel album en 2016 est une chance, une bénédiction même pour tous ceux qui n’ont pas vécu la sortie des précédents de leur vivant (ou qui étaient trop jeunes, cela va de soi). Sachons l’apprécier pleinement. La formule est facile, mais je profite du caractère prématuré de cette critique pour le conclure ainsi : avec Violent Femmes, Yes We Can. 

******
Pour le plaisir, voici 10 morceaux de Violent Femmes à ne manquer sous aucun prétexte : 
3. “Gimme The Car
4. “Gone Daddy Gone
5. “Add It Up
6. “Kiss Off
7. “Confessions
8. “Black Girls
10. “American Music
******

(Violent Femmes chez l’inimitable Colbert, génial).

(mp3) Violent Femmes – Memory
(mp3) Violent Femmes – Holy Ghosts

Liens afférents :
Article sur la discographie du groupe
Article sur le nouvel EP de Violent Femmes

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *