Audacity. Je dois avoué avoir été surpris lorsque, en parlant d’Audacity dans mon entourage, je me suis rendu compte le groupe était bien moins connu que together PANGEA (avec qui il a sorti un split), Fidlar & co… Alors refaisons sa biographie. Audacity est un groupe californien originaire de Fullerton, la ville de Burger Records chez qui il avait fait paraître son deuxième album en 2012, le bien nommé Mellow Cruisers. Audacity est depuis passé chez Suicide Squeeze (la maison de Cherry Glazerr, Meat Market et Nobunny, en autre) où il a fait paraître un troisième album en 2013, Butter Knife. Et voilà qu’il revient avec Hyper Vessels, produit par Ty Segall !
Ah, et la description ne serait pas complète sans le petit instant Larousse Urban Dictionnary : “Slacker : Someone who puts off doing things to the last minute, and when the last minutes comes, decides it wasn’t all that important anyways and forgets about it.” Ça se passe de traduction.
En somme, résumer Audacity en une seule phrase serait : “le rock’n’roll à fond la caisse”. Tout doit l’être, la musique, les paroles, le mode de vie décrit, l’attitude… Et ça ne semble pas près de changer. Hyper Vessels est un album qui va vite, Audacity joue la carte du groupe de punk rock qui a trop trainé autour d’une salle de shoot. Et puis, tous les éléments d’un vrai album de slacker sont présents au rendez-vous : du baseball, des mecs sales, des histoires d’amour et du punk, beaucoup de punk.
“Counting The Days” introduit la tornade. S’il n’est pas le meilleur de tous, Audacity nous donne déjà l’envie de faire l’amour à un palmier. Ce n’est que le début. Le refrain de “Not Like You” revient de nombreuses fois en boucle, c’est bien joué. Malheureusement, Audacity coupe court à cette belle party lorsque le titre commence à s’emballer. Oui, mais “Not Like You” annonce en cela la torpeur du reste de l’album. “Riot Train” se montre déjà plus incisif : le son de la guitare a forci et, surtout, la batterie de Thomas Alvarez rappelle les envolées de King Tuff.
Sortez les parapluies anti-pop, “Umbrellas” est là pour nous sermonner. Ce titre respire les années ’90, sorte de romance de dortoirs. Ca fait un peu frat’ boy, mais on s’y plait. Et puis vient “Baseball“, pendant du “Generation Why” de Fidlar. Audacity vise la crise d’épilepsie, c’est réussi.
“Dirty Boy” a quelque chose de jouissif en ce qu’il est particulièrement clivant. Ce type de rock’n’roll fera se hisser les poils sur les bras des amoureux d’une musique bien léchée, de ceux qui y voient un art sérieux (on en revient toujours à ça). Audacity se sert de ces 3 minutes pour faire l’apologie du ketchup, des pizzas et des films débiles que l’on regarde en buvant de la bière. Surement ce morceau est-il en cela très générationnel. Les Dictators faisaient des titres de ce style en leur temps, et voilà qu’Audacity s’y colle.
Et puis, “Hypo” perpétue le mouvement. On voudrait encore monter le son, atteindre ce Volume 11 qui nous tend les bras. Audacity prend de l’ampleur, ce genre de titre morceau le hisse au sommet de son art, un rock’n’roll de slacker pour ceux qui veulent tomber de leur skateboard. “Fire” fait redescendre l’adrénaline d’un cran avec une musique plus californienne. Je parlais de bande-son de l’été à l’occasion de la review de Bleached, et bien, nous y revoilà. “Fire” accompagnera vos pool parties organisées dans une marre de Margarita. Il en résultera “Previous Cast“.
Que dire également de “Overrated” sinon qu’il est particulièrement brillant, l’une des grandes réussites de l’album. Cette fois-ci, on se dit qu’on écouterait bien Audacity en se trempant les cheveux dans la bière. Ouais, ça doit être bien ça. Une vraie bonne idée à la Audacity, ce groupe qui confirme que le rock’n’roll a plusieurs pintes d’adrénaline sur son veston. Pour faire court, il se pourrait bien que “Overrated” soit le chef d’oeuvre slacker de l’année.
“Awake” nous maintient sous perfusion encore un peu, histoire de tenir jusqu’au petit dernier, “Lock On The Door“. Ce morceau, c’est du fun, du mec qui n’a pas dormi chez lui, du caleçon qui vole par la fenêtre et toujours cette guitare super lourde qui, sans jamais tomber dans le stoner, parvient tout de même à faire transpirer papi.
Au final, c’est plutôt simple : Power Drowning, le premier album du groupe, était son meilleur (pas difficile) jusqu’à que sorte Mellow Cruisers qui était son meilleur jusqu’à que sorte Butter Knife qui était son meilleur jusqu’à que sorte Hyper Vessels. Peu de groupes peuvent se vanter d’être continuellement sur la pente ascendante, c’est pourtant le cas de Audacity qui devrait cette fois-ci marquer les esprits.
Petit bémol, on regrettera que la production de l’album nous laisse parfois tomber, mais il n’en demeure pas moins que Hyper Vessels est un très bon album du genre, à mon sens meilleur que le dernier Fidlar, meilleur que le dernier Pangea et probablement meilleur que tous ceux qui oseront s’approcher de trop près de la musique de slacker. Hyper Vessels a pour lui d’encapsuler le message véhiculé par la plus grande partie de la scène californienne, un mode de vie qui fera date dans les livres sur l’histoire du rock’n’roll. Je suis étonné que Burger ait laissé filé ce groupe, parce que des albums du niveau d’Hyper Vessels ne courent pas les rues (un slip sur la tête).
(mp3) Audacity – Overrated
(mp3) Audacity – Dirty Boy
Liens afférents :
Article sur le dernier Fidlar
Interview Still in Rock avec Burger Records
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