Parquet Courts est un groupe bien connu de Still in Rock que je présenterai rapidement. Originaire de New York et formé en 2010, il a fait paraître cinq albums studio (+ un live chez Jack White At Third Man Records) en se donnant pour mission de redonner vie au mouvement proto punk. L’idée derrière Parquet Courts est relativement simple : des riffs mécaniques et des structures minimales pour un punk plus proche de ses roots que jamais.
Le succès du groupe n’en fini pas de s’étendre, Parquet Courts fait partie de ces petites formations D.I.Y. devenues grandes. Il faut pourtant le dire, le
capital sympathie du groupe est peu élevé. Il souffre de ses demandes de rock star, de sa prétention et du statut qu’il a parfois tendance à s’auto-attribuer. Seulement, Parquet Courts a presque toujours été au rendez-vous avec son public, délivrant, à chaque fois, des albums d’une excellente qualité.
Son nouvel album, Human Performance, est paru le 8 avril dernier via Rough Trade (déjà la 810ème sortie du label…). Composé de 13 morceaux, il opère un léger virage pop qui semble dire que Parquet Courts a fait le tour de la question strictement proto punk. Ce n’est pourtant pas si simple. Human Performance est à son meilleur lorsqu’il nous rappelle le Parquet Courts des débuts, non pas par nostalgie, mais parce que la pop “mature” de Parquet Courts n’est pas toujours transcendante.
“Dust” introduit l’album. Premier single dévoilé, il ne tarde pas à nous embarquer dans sa mécanique, rouage de la musique d’un aliéné. Seulement, “Dust” manque de punch. Vient alors “Human Performance” qui a le mérite d’assumer la nouvelle direction du groupe. La voix très particulière d’Andrew Savage a pour elle d’en faire un véritable morceau type. C’est réussi !
“
Outside” est plus plat. C’est toujours très bien produit, mais Parquet Courts semble avoir penché vers la facilité. Les deux pistes vocales sur le dernier mot de chaque phrase n’étaient pas strictement nécessaire, par exemple… “
I Was Just Here” est plus expérimental, du
Fugazi en puissance. Ce titre annonce surtout le prochain, un “
Paraphrased” qui passe en force. Voilà du Parquet Courts à la recherche de son punk originel. Comme à son habitude, il tombe surtout sur la machinerie d’un proto-punk industriel, un petit régal.
“Captive Of The Sun” est un drôle de morceau. Son introduction laisse présager un morceau à tendance new wave, mais Parquet Courts fait le choix d’insister sur son aspect énigmatique. L’énergie de l’album semble changer à ce point, mais “Steady On My Mind” vient tuer le bébé dans l’œuf avec la pop d’un dépressif.
“
One Man No City“, le plus long morceau de l’album, annonce un excellent enchaînements de quelques titres à ne pas manquer. “
One Man No City” raconte les errements d’un homme perdu dans l’immensité de la ville, chez lui nul part. Le titre est parfaitement rythmé, Parquet Courts est à son apogée. Après avoir dévitalisé les villes avec
Chain & The Gang, nous voilà la recherche d’un peu d’humanité que la musique quasi-robotique de Parquet Courts tente volontairement d’éliminer.
“
Berlin Got Blurry” (bande-son alternative à la série
Bored to Death ?), joue sur ses aspects de western pour accompagner un Andrew Savage fort bien inspiré. “
Keep It Even“, keep it
Calvin Johnson. L’influence de cet artiste n’a jamais été si prégnante dans l’œuvre de Parquet Courts. Et puis, “
Two Dead Cops“, ça le fait ! Parquet Courts renoue avec un son plus brut, et bingo, c’est bien cool. Parquet Courts est toujours aussi bon lorsqu’il abandonne ses intentions trop pop et trop travaillées. “
Pathos Prairie” n’est pas le tire-larmes que son appelation semble indiquer. Parquet Courts y est bon, mais on se demande déjà ce que contient le petit dernier, “
It’s Gonna Happen“. Réponse : une ballade acoustique. OK.
Une partie de la presse/scène raillera toujours Parquet Courts au motif que ses nouveaux albums ne sont pas Light Up Gold. Et puis, il faut dire que l’on a bien eu peur avec la sortie de son EP Monastic Living il y a quelques semaines à peine… Pourtant, Human Performance contient quelques excellents morceaux. Cet album n’est pas irréprochable et ses quelques défauts doivent être mentionnés, mais il n’en demeure pas moins que Parquet Courts still got it.
Yes, mais in a quand même la sensation que Parquet Courts se trahit un poil en tentant un album plus “élaboré”. Son proto-punk des débuts ne ressort que peu, et à la différence de
Sunbathing Animal, il ne le compense pas par un nouvel apport (c’était, à l’époque, du nineties). En somme, Parquet tranchant : oui, Parquet lisse : non. Les nuances sont parfois minimes mais décissives.
Il faudra, en passant, que quelqu’un se dévoue pour m’expliquer ce que cet LP a de post-punk. Les étiquettes musicales ne veulent pas dire grand chose, mais quitte à les utiliser, autant le faire du mieux possible. Le lien entre Parquet Courts et Joy Division, je ne vois pas… (fort heureusement, Dieu (du rock) nous en garde). Au final, on se dit que Human Performance est une écoute indispensable de l’année 2016, mais que, peut-être à l’inverse de ses quelques albums passés, il ne s’imposera pas dans les classements des meilleurs LPs des années ’10.
(mp3) Parquet Courts – Human Performance
Liens afférents :
Album review de Parkay Quarts
Abum review de Sunbathing Animal
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