J.K. & Co. serait-il l’un des secrets psychédéliques les mieux gardés au monde ? C’est fort possible. Le groupe se forme à la fin des années ’60, en Californie. Mené par Jay Kaye qui n’a que 15 ans à l’époque, il se fait aider de Robert Buckley à la production (également adolescent) et sort son unique album en 1968. Intitulé “Suddenly One Summer“, il se compose de 12 morceaux qui ont pour ambition de vous faire planer au-dessus d’une vie.
L’album est introduit par “Break Of Dawn“, un titre obscur de courte durée (36 secondes, et il sera choisi comme single… allez comprendre). C’est “Fly” qui ouvre véritablement le bal, et je crois que l’on tient là l’une des plus belles pièces psychédéliques de la décennie. “Fly“, c’est un de ces titres épiques qui brillent par ses arrangements. La voix de Jay Kaye rappelle les Beatles, version “Blue Jay Way” (le meilleur titre du groupe ?!). Elle surgit de toute part et la pluie sonore vient doucement caresser le tout d’une mélancolie en tout point saisissante.
Le groupe confiait que le thème de cet album était “to depict musically a man’s life from birth to death“. Assurément, la naissance est un précieux cadeau que “Fly” encapsule à merveille. Reprenant le spirit du “Hey Jude” des Beatles, J.K. & Co. semble donner des conseils à un nouveau-né, de ne pas être triste, de ne pas tomber dans les abysses de la déperdition. Voilà un grand morceau.
“Little Children” enchaine. Toujours cet orgue vient nous rappeler la beauté paresseuse de cet album. Il y a toujours cette volonté de créer une comptine qui nous berce lentement. “Christine“, c’est la découverte de la vie. Le titre est plus pop et l’on étonne encore de la qualité de l’enregistrement alors que le groupe était si inexpérimenté. “Speed” et “Crystal Ball“, quant à eux, symbolisent sans conteste la période de l’adolescence. Tout va vite, la guitare crise légèrement et la sensation de vouloir dévorer le monde est parfaitement retranscrite. “Nobody“, c’est un moment plus déprimant, celle d’un premier amour perdu qui remet en cause l’identité du narrateur. Jay Kaye est touchant, parfois proche de l’identité du jeune Werther.
“Qui mal se porte n’est bien nulle part.”
(Souffrances du jeune Werther)
“O.D.” a pour lui son psychédélisme mais pêche de ne pas être plus planant. Ce titre annonce une fin d’albumd moins convaincante. “Land Of Sensations & Delights” flirte avec de la pop baroque mais sans jamais frôler la haute voltige des Zombies. “The Times” est plus enjoué, façon Donovan, mais ne fait pas plus le pli comparativement à l’introduction. Et puis, le temps passe, on se rapproche de la fin et la musique est nécessairement plus fade. “Magical Fingers Of Minerva” recrée le tripe LSD des Beatles. Enfin, “Dead“, qui commence par un détonant “it’s not real”, est une belle négation du moment présent.
Au final, Suddenly One Summer est un album surprenant qui comblera sans difficulté les amateurs de musique psychédélique et qui, je crois aussi, s’offrira volontiers à tout ceux intéressés par la pop des années ’60. Sans jamais tomber dans la grandiloquence de certains LPs de l’époque, Suddenly One Summer parvient à trouver une justesse qu’il est dommage que le groupe ait décidé de ne pas poursuivre. Il y a là une sacrée leçon d’humilité. Non seulement la musique de J.K. & Co. était-elle fouillée, mais on se félicitera également qu’elle ait eu la sagesse de ne pas pousser le concept de groupe en composant des albums qu’il ne sentait pas. J.K. & Co. doit être remembered.
(mp3) J.K. & Co. – Fly (1968)
(mp3) J.K. & Co. – Nobody (1968)
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