Green est un groupe originaire de Chicago formé en 1984 et toujours actif sur la scène local. Il sortira son premier album studio self-titled en 1986. Viendra ensuite Elaine MacKenzie en 1987 et un EP intitulé REM, en réponse au groupe R.E.M. qui avait lui sorti un album nommé Green. Il faudra attendre White Soul pour que le groupe se tourne vers la power pop, au détriment du rock alternatif qu’il défendait jusqu’alors. Green avait alors concentré sur son nom de nombreux espoirs que sa musique aura largement traduit. Les ventes ne suivront pas, mais qu’importe finalement, le fait est que le groupe mené par Jeff Lescher est une petite perle rare au milieu de tous ces grands noms du genre.
“She’s Heaven” a, d’entrée, l’avantage de sa clarté. Le titre est très eighties et Green s’en sert déjà pour faire ses premières déclarations. Et puis, comment passer à côté de la voix de Jeff Lescher. Il y a déjà du Tom Petty là dedans, quelque chose de très immédiat qui contraste avec la longue histoire que les cordes vocales du chanteur emportent. On enchaîne avec “Night After Night” où l’on se laisse surprendre par une guitare venue de nul part. Le spleen de Green est déjà là. Entre punk et classic rock, son cœur oscille. Quant à “Monique, Monique“, I want to feel your love, c’est une histoire d’amour un peu secrète, du style de celles qui se déroulent sur les pavillons de belles rues américaines.
White Soul reprend de plus belle avec “Hear Me“, une pop super clean qui rappelle les Feelies. On se rend déjà compte de la diversité du songwriting du groupe, capable ici de délivrer un titre quasi new wave sans la moindre bavure. Et puis, arrive le grand “My Sister Jane“, un titre super power pop, assurément le hit de cet album. Green y démontre tout son savoir-faire en la matière, un jangle pop pour faire danser sous la pluie d’un lundi matin.
“I’m In Love With You” est un peu brouillon, sorte de rock’n’roll qui tend vers du punk. On apprécie cette nouvelle variation. “I Don’t Even Need Her (Now)” est pour sa part plus inspiré du son des années 1980 avec cette boite à rythmes interminables. Heureusement, le son de la guitare impose sa touche Green-esque, de sorte que l’on reste scotcher à ces 4 minutes. Vient alors “I’m Not Giving Up“, la petite excursion country du groupe. On croirait entendre un titre de Paul McCartney (“Rocky Raccoon“). Ce titre est sans trop de prétentions, mais constitue un interlude que l’on accueille les bras grands ouverts.
“I Beg, You Cry” reprend le New-York de 1977 pour ce que Green aura fait de plus punk-ish. Les Dead Boys ne sont pas loin. Et puis, “I Love Her” est en charge de distiller les dernières minutes d’amour de cet album. Ce titre illustre une grande partie de ce qui faisait du songwriting de Green un songwriting si particulier : il y a la douceur des paroles que le groupe couple à la puissance de son instru’ comme répondant à la voix sur le fil de Jeff Lescher. “Give Me Your Hands” nous fait alors approcher de la fin avec son solo de guitare, Redd Kross sort de là. “I Know” ferme la marche. On se dit que Green avait de qui tenir, le spirit des Only Ones n’est finalement pas si éloigné.
Au final, White Soul est un album super complet qui score super haut en matière de power pop, de classic rock, de punk, de new wave, de math pop et d’un bon vieux rock’n’roll qui reprend les structures de Buddy Holly. Peu connu du grand public, il mérite pourtant ses quelques romances. Un critique avait dit en 1987 : “The Greening of America starts here“. Force est de constater que le greening annoncé n’a pas eu lieu, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.
(mp3) Green – My Sister Jane (1989)
(mp3) Green – Night After Night (1989)
Post a comment