Jonathan Richman. Qu’il est difficile d’écrire sur une véritable légende vivante. Oh, je ne parle pas d’un mec qui aurait fait paraître 4 excellents albums en 10 ans, non, je parle d’une véritable légende, un mec capable de donner naissance à un genre musical, d’influencer des milliers d’artistes. C’est trop peu dit, mais Jonathan Richman fait partie de ces artistes les plus importants du 20ème siècle : pas de punk sans lui et surement… pas le même rock’n’roll actuel sans lui. Jonathan Richamn a tout fait, et il a excellé dans tout : le punk-rock des Modern Lovers, le rock’n’roll bienveillant et dansant de ses albums solos, une pop inimitable, de la folk, des chants lyriques. Il a romancé la vie, il a donné son brillant à l’amour, et surtout, surtout, il a toujours était l’un des plus grands ambassadeurs de la générosité et de la bonne humeur. Rien que ça.
Alors, lorsque j’apprends qu’il vient de faire paraître un nouvel album, Ishkode! Ishkode!, je me dis que l’on va nécessairement être béni de quelques nouveaux morceaux d’exception. Il est impossible d’en douter, Jonathan Richman n’a jamais commis un seul faux pas en 40 ans de carrière… combien sont-ils dans ce cas ? Ishkode! Ishkode! est ainsi paru le 8 février dernier via Blue Arrow Records. Composé de 11 morceaux, surtout de pop folk acoustique, il n’est jamais que le 16ème exemple solo de ce que Richman est l’un des plus grands songwriters que cette terre ait porté.
Le premier titre, “Whoa! How Different We All Are!“, a pour lui toute sa romance. L’enregistrement est étonnement lo-fi. L’album sera D.I.Y., c’est la première indication de ce morceau. Le second est plus convaincant encore. La guitare qui arrive à mi-chemin de ce “Ishkode! Ishkode!” et contraste en effet avec l’aspect minimaliste de ce titre. Quant à “Wait! Wait!“, c’est le Jonathan Richman jovial qui emporte les foules. Ah, je ne pourrai longtemps résister à vous resservir ces deux vidéos de ses performances lives :
Vient ensuite “O Sun!“, c’est le Jonathan Richamn post-années-Beserkley par excellence. Il a la passion et la chaleur de toutes ses créations depuis lors. Notons que le final sera peut être trop jovial pour les lecteurs les plus moroses. Vient alors “Without The Heart For Chaperone“, un titre toujours aussi minimaliste, c’est la touche de cet album. Il traduit malgré tout une ambiance de nuit tombée, un peu comme le fait le “Illegitimate Son Of Segovia” de Johnny Thunders.
On change d’univers (et d’enregistrement) avec “‘A Nnammurata Mia“. On sait depuis longtemps que Jonathan Richman aime se la jouer crooner, ce qu’il fait ici brillamment. Et c’est ensuite au tour de “Let Me Do This Right!“, un titre aux allures doo-wop, de venir nous rappeler à une époque plus ancienne. “But Then Ego Went Away” est plus lancinant encore, une ballade qui vient annoncer la fin du temps des cerises.
(juste pour le plaisir)
On repart de plus belle avec “Outside O’ Duffy’s“. Les titres de Jonathan Richman ont souvent été destinés à une personne en particulier, c’est ce qui ressort une nouvelle fois de ces trois minutes. La bonne humeur semblait planer dans le studio au moment de son enregistrement, quel plaisir. La simplicité de ce titre rappelle que les meilleurs titres ont pour eux leur évidence. Et puis, ne nous mentons pas, Jonathan Richman a écrit quelques-uns des plus belles chansons d’amour de l’histoire. “Everyday Clothes” est, par exemple, une déclaration dont la simplicité est tout à fait sublime. Alors, lorsqu’il s’essaie encore à ce genre, on fait les yeux de biche.
Je passerai sur “Longtemps“, le titre parisiano-parisien sur base d’accordéon. Ecouter ce titre, c’est un peu comme regarder Larry David à Paris (vidéo). Et puis, l’album se conclut finalement sur “Mother I Give You My Soul Call“, un titre oriental et expérimental (sérieusement ?) que l’on attendait surement pas.
Au final, Ishkode! Ishkode! est à l’image de Jonathan Richman, un homme qui vit seul à Chico (Californie) en compagnie de ses guitares et de sa belle. La dernière fois que j’en parlais sur Still in Rock, c’était à l’occasion de notre interview avec Paul Collins qui exprimait toute son admiration. Le revoilà en force avec quelques morceaux à ne surtout pas manquer, parce qu’ils sont fidèles à sa philosophie de non-agression (vidéo).
Il va sans dire que ces titres ne sont pas du niveau de ses meilleurs hits, mais je crois que là n’est pas l’intention de Jonathan Richman. Coupé de toute grandiloquence, il semble s’être donné pour objectif de composer la musique qui lui fait le plus de bien. Espérons ainsi que ses yeux tristes (vidéo) auront disparu au profit d’un Jonathan Richman tel qu’on l’aime : dans l’allégresse.
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