LP Review : Omni – Deluxe (Indie Rock / Post 2001)


Omni est un groupe originaire d’Atlanta qui a encore peu fait parler de lui. Et pour cause, il vient tout juste de sortir son premier album via Trouble In Minds, le bien nommé Deluxe. Comme rapide présentation, je citerai les trois groupes que son label donne en comparaison : Television, Devo et Pylon. Il y a de ça, mais il y a aussi bien d’autres choses qui élèvent cet album au rang de candidat très sérieux dans la catégorie “meilleur espoir de l’année”.
En réalité, le groupe est un trio qui vous dit peut-être quelque chose. Ses membres Frankie Broyles, Philip Frobos et Billy Mitchell ont tous fait partie de formations connues, pour n’en citer que trois, Balkans, Carnivores et surtout Deerhunter. Je vous sens déjà intéressé.
  
Afterlife” introduit Deluxe sur deux minutes qui ont déjà la saveur d’un club underground des années ’80. Le riff très mécanique de ce morceau annonce une partie de ce que contient l’album. Omni veut nous faire entrer dans une sorte de transe automatisée qui n’est pas sans rappeler Parquet Courts. Attention toutefois, “Afterlife” est probablement le titre le plus noir de tout l’album.

Wednesday Wedding” est assurément la composition de Frankie Broyles tant le morceau rappelle du early Deerhunter. Surement est-ce la voix qui nous fait penser à Bradford Cox. Peut-être est-ce également l’orchestration qui ne manque pas de détails. Aucun doute, ce morceau plaira aux amateurs d’Atlas Sound & co. Le titre introductif ne laissait pas présager un tel eclaircissement mais force est de constater que “Wednesday Wedding” nous met en joie. Et puis, le groupe dit avoir voulu jouer la ressemblance avec Cindy Wilson et The Clean, on prend aussi. 
Wire” repart ensuite sur des bases plus eighties. Deuxième single du groupe, il se laisse aller à un son plus proche de celui de Devo, une guitare jangle pop en fond pour accompagner une partition vocale saccadée. Oh, et puis, il y a aussi un peu de Strokes là dedans… Lorsque l’on disait que le rock post-2000 fait son retour en force, Omni ne fait jamais que renforcer cette impression (ça nous arrange). Voyez plutôt la vidéo.

Earrings” va chercher du côté du punk, certains diront post-punk. Omni cogne un peu plus fort que sur les titres précédents, mais tout se passe bien, c’est promis. Et puis, “Jungle Jenny” renforce l’impression Sheer Mag-esque de cet album, délivrant de l’indie rock très fidèle à l’univers de Julian Casablancas. Je crois savoir qu’une partie de la scène française cherche également à s’en rapprocher… preuve en est que le début du millénaire est à la mode. “Jungle Jenny” ajoute à cela une automaticité qui aurait mis Television en joie. 

Cold Vermouth” repart sur des bases plus colorées encore. Que ce titre est intelligent ! La structure de ces trois minutes semble avoir été construite pour nous surprendre à chaque seconde et voilà que Omni vient encore de délivrer un hit en puissance. La montée qui vient ponctuer les dernières secondes ne fait jamais que renforcer l’excellente section rythmique à laquelle il faut rendre un hommage particulier. Eyes On The Floor” joue clairement sur le même tableau. À l’évidence, il y a aussi du Ought dans cette musique. On doit cela à l’aspect machinal avec lequel Omni flirte sans discontinu.

Siam” apporte quelque chose de nouveau à cet LP. Cherchant plus de contrôle, Omni s’efforce à ne pas emballer la machine. Le son métallique de la guitare résonne toujours et Is This It n’a jamais semblé si proche. Le titre est diablement efficace, le genre de création indie rock à laquelle il est impossible de résister. Et puis tout change subitement. Omni expérimente, il s’aventure sur du rock expérimental qui fait peur aux autres formations. Il faut dire qu’il faut une sacrée maîtrise technique. Une fois encore, le morceau est parfaitement abouti, la production fait honneur à ces créations et place Omni au niveau des tous meilleurs. 
Plane” joue la carte de la sécurité avec une mélodie bien pop, bien comme il faut. Cet album peut faire consensus dans de nombreux milieux, il suffira simplement qu’il soit entendu. “Plane” rajoute à son aspect universel. Omni a encore changé le son de la guitare et c’est encore réussi. “78” ferme la marche. Le titre est court, le titre est bien senti, le titre est encore fidèle à la scène new-yorkaise d’une quinzaine d’années en arrière. Omni trouve le ton juste, exploitant encore les nombreuses coupures qu’il distille ici et là. 

Disons-le clairement, Omni est l’une des grandes surprises de l’année 2016. Le groupe s’inscrit en plein dans la lignée de ce mouvement post-2000 qui semble gagner la scène. Et si Mike Sniper de Captured Tracks n’est pas d’accord avec cette analyse (voir notre interview), je ne peux m’empêcher de penser que l’influence des Strokes n’a jamais été aussi grande. Tout est une question de cycle, j’imagine. 
Toujours est-il que Omni n’est pas qu’un simple pastiche. Le groupe va chercher dans le seventies de Television, le eighties des Feelies et de DEVO ainsi que dans ce qui se fait de mieux en matière d’indie punk / indie rock actuel (Parquet Courts, Ought…). La musique d’Omni n’est pas si noire que le premier titre le laisse penser ce qui lui permettra assurément de toucher un public plus large. En cela, l’étiquette de post-punk qui commence à lui tourner autour doit être retirée du groupe, lui qui ne joue pas que sur un simple aspect industriel / brumeux / Manchester-isé. Omni est bien plus complexe que cela. Omni est un nouvel espoir de la scène, Omni est un grand en devenir. 

(mp3) Omni – Cold Vermouth
(mp3) Omni – Wire

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Album review du dernier Parquet Courts

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