LP Review : The Prissteens – Demos & Rarities (Punk Rock)

The Prissteens. On se souvient de Girsville comme le label qui avait fait paraître l’excellente compilation Stupid Punk Boy (article). Il est revenu en juin dernier avec une petite surprise : des démos et autres raretés du groupe The Prissteens. The Prissteens était un groupe new-yorkais qui, à la fin des années ’90, flirtait entre punk, pop et garage rock. Il ne fera jamais paraître qu’un seul et unique album en 1998, j’ai nommé Scandal, Controversy & Romance. Il aura donc fallu attendre 18 ans pour que ces quelques nouveaux sons émergent. 
Il faut remettre les choses en contexte. Si les Prissteens sont assez peu connus, il faut tout de même noter le beau succès d’audience de l’époque. Il y avait l’aide de son label, Almo Sounds, qui finira dans les mains de PolyGram. Il y avait aussi les producteurs qui commençaient à s’intéresser à lui de sorte qu’il finira dans Jawbreaker. Et puis, Joey Ramone disait tout son amour pour le groupe à qui voulait l’entendre. Ce n’est pas rien. Imaginez Ty Segall se déclarer fan d’un petit groupe de garage français, ça aurait son effet. Il faut dire que le son des Prissteens, bien que très fidèle à son époque, était également fort convaincant. Voyez plutôt. 


La partie vocal des Prissteens était assurée par Lori Lindsay, Leslie Day et Tina Canellas, trois punk de velours qu’il fallait prendre au sérieux. “How Does It Feel” met tout de suite les pendules à l’heure : comment tu te sens, big boy?! Les Prissteens sont là pour nous faire cracher notre amour. “Outta Style” est plus fidèle à la fin des années ’90 mais il n’en demeure pas moins un titre punk qui roule parfaitement sa mécanique. L’aspect un peu sale de l’enregistrement rajoute en agressivité, le genre peut se le permettre. “Stormy Weather” complète le trio introductif. Les Prissteens se ruent sur le thème high school, c’est de bonne guerre. 
If You Really Loved Me, c’est la première chanson d’amour (si l’on considère le premier titre comme étant plus haineux qu’amoureux…). La scène garage rock féminine de 2016 rappelle beaucoup de ces sonorités, pas de doute, les Prissteens sont toujours d’actualité. Et puis, “Almost 24” complète le tableau : après l’amour, le sexe et l’adolescence, il était temps de parler du passage à la vie adulte. Les Prissteens s’y perdent un peu sur le côté pop punk, mais difficile toutefois de leur résister. “Are You Ready” assume un côté très punk et très Riot grrrl à la fois, on croirait entendre du Slits sur le retour. Ca fini sur du punk australien, les Saints ne sont pas loin.

Sugarboy” est plus proche de la tendance power pop du groupe. La différence entre ce morceau et une création de Teenage Fanclub est plutôt ténue. Ça fonctionne parfaitement, les Prissteens savaient donc aussi être plus délicates lorsque nécessaire ! “Nothing To Say” enchaine dans un style similaire, laissant toute la place au songwriting. 
Et puis, tout s’emballe à compter de “Oh Billy!“. Fini la pop, fini les délicatesses en tout genre, voilà du punk ! Ce titre a la volonté de cogner plus fort, d’être plus brouillant et moins consensuel. C’est là où les Prissteens étaient les meilleurs. “Oh Billy!” s’en trouve être un excellent morceau du genre. “The Hound” a cette même volonté, plus proche d’un Damned que d’un Big Star. On y trouve aussi du Dead Boys, quelque chose de très brut que le son un brin noisy vient catapulter en tête des charts de là où ça transpire. “Hercules” va clairement chercher sur du proto-punk, deux accords pour un maximum de bruit. Les Prissteens s’imposent ainsi comme l’un des meilleurs groupes de punk féminin des années 1990. Rien de moins. “Oh Howard!” perpétue ce mouvement avec ses nombreux solos qui ne sont pas sans rappeler certains Clash. “Let Me Run Wild (Live)” nous enfonce la tête dans la cuvette des chiottes. Ce n’est pas bien classe, mais ça étanche la soif. 

Au final, la musique des Prissteens sent bon le teenage movie que l’on aurait couplé avec Singles. Plus flagrant encore, les Prissteens prouvent le lien très fort entre power pop et musique punk. Ses créations oscillent souvent entre ces deux styles musicaux, pour le meilleur et le très bon. Certains des quelques titres présents sur cette cassette sont un formidable témoignage du cool de l’époque, un groupe qui sort de l’influence grunge sans pour autant tomber dans le punk pop ambiant qui a pollué beaucoup de formations de la fin des années ’90. Le groupe se séparera rapidement et ses membres formeront d’autres groupes, dont Purple Wizard. Ça les regarde, mais l’écoute de ces quelques démos (+ de leur LP) ne peut que faire regretter qu’il n’ait pas poursuivi l’aventure. Toujours est-il que l’on doit adresser nos remerciements à Girlsville pour avoir déterré ces 13 morceaux ! 

(mp3) The Prissteens – Oh Billy!

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