Cool Ghouls est un groupe originaire de San Francisco qui a déjà fait paraître deux albums via Empty Cellar Records (le label de Dylan Shearer, Sonny Smith et The Cairo Gang, en autre). Jusqu’alors, Cool Ghouls était un groupe qui se disait influencé par les années ’40, le golden age du crime et des vieux costards à chapeau. Il avait y avait un certain voile romantique sur sa musique qui venait le différencier du rester de la scène.
Tout ça est passe d’être terminé au profit d’une pop plus sixties, et, surement, plus psychédélique aussi. Cool Ghouls vient de faire paraître son troisième LP, Animal Races, et force est de constater qu’il s’impose comme l’un des albums de l’année en matière de pop néo-psychédélique. Se pourrait-il seulement que l’on veuille plus ?
Le titre introductif se nomme “Animal Races“. L’orchestration rappelle immédiatement Woods, une pop très maitrisée qui peut parfois pécher de ne pas se laisser assez d’espace. Fort heureusement, Cool Ghouls se détache rapidement de sa structure trop mécanique pour laisser place à un excellent final. C’est prometteur. “Sundial” enchaine immédiatement avec des voix plus saisissantes, à la Byrds. Et puis, “Time Capsule“, un titre instrumental, change un peu l’objectif de cet LP. On s’éloigne ainsi du trop sixties qui anime la scène indépendante pour un morceau dont on ne peut que constater l’efficacité.
“When You Were Gone” embarque avec lui un peu de cet aspect désuet qui avait animé son premier album. Empruntant certains accords à la country (et un bottleneck ?), il nous réconcilie avec nos premières sensations à l’écoute de Cool Ghouls. “Days” est plutôt agréable, un titre pop qui fait parler l’expérience de Kelley Stoltz. “Just Like Me” clôt enfin la première Face de cet album. Encore plus Byrds que les autres, Cool Ghouls frise le cover band.
“(If I Can’t Be) The Man” est plus fidèle à l’univers que l’on voudrait du groupe. Cool Ghouls y délivre une pop qui ne ressemble à aucune autre, une sorte de Tony Joe White qui rencontre J.J. Cale qui rencontre un vieux groupe de bedroom pop. On y trouve également des ressemblances avec Dylan Shaerer, un autre protégé d’Empty Cellar. “Brown Bag“, pour sa part, se détache un peu de l’univers néo-psych du groupe pour aller jouer du côté d’une musique plus noire. Cool Ghouls y est convaincant, comme à chaque fois qu’il s’essaie à une variation de son style sixties trop calibré. Ce morceau emporte du surf, taillé pour le live !
Malheureusement, “Never You Mind” pêche du défaut principal du groupe : à quoi bon imiter The Resonars et la scène sixties, encore et toujours ? “Material Love” est sauvé par sa belle mélodie et le même constat s’impose pour “Spectator“. Cool Ghouls peut aller plus loin et je prends le pari qu’il le fera. Les temps forts de cet LP sont excellents, preuve en est qu’il peut s’éloigner d’une pop mélodieuse et immédiate pour aller voir ce que les terres psychédéliques qu’il aborde (à peine) lui réserve. Cerise sur le gâteau, le final de “Material Love” est très bon, comme pour nous monter une dernière fois qu’il sait quoi faire de l’inventivité de sa formation.
Avec Animal Races, Cool Ghouls intègre la liste des groupes établis, ces valeurs sûres qui font paraître quelques bons albums tous les 2 ans. La pop de Cool Ghouls est mélodieuse et bien produite. Seulement voilà, on veut plus. Une fois encore, laissons les groupes qui maitrisent à peine leur guitare et la prod’ de leurs albums se consacrer à cette musique sixties trop codée et que les autres aillent fouiller des terres moins connues.
Notons également qu’avec Animal Races, Cool Ghouls se transforme en “groupe à finals” : le début de ses morceaux ne saurait vraiment nous surprendre (ni même nous contenter), mais il se laisse ensuite aller à quelques jams super bien sentis. Ça promet pour les lives, moins pour nos platines vinyles. On retrouvera rapidement Cool Ghouls (à commencer par l’espace B le 9 septembre).
(mp3) Cool Ghouls – Brown Bag
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