The Runaways était un groupe originaire de Los Angeles créé en 1975 par Kim Fowley (plus ou moins). Reconnu pour être à la frontière entre hard rock et punk rock, il est difficile de dire si The Runaways est le premier groupe à avoir fait le pont entre les deux styles ou l’un des derniers avant l’explosion punk américaine de 1977. Toujours est-il que les Runaways délivrent un son auquel on est peu habitué, une sorte de Dictators féminin (dictatrices, un mot peu commun…) pour faire la fête.
Les Runaways, c’est 7 albums studio et plus d’une dizaine d’EP et de singles. Comme souvent, le meilleur est à rechercher dans les débuts du groupe, leur album self titled paru en 1976. Kim Fowley était déjà de la partie et Joan Jett menait la bande. Cet LP est le symbole de ce que un all-female band pouvait donner dans le punk hargneux, un statement sexué. On a beau dire, The Runaways est tout de même moins connu que les Ramones, les Clash ou les Sex Pistols. Alors, plutôt que d’y voir une petite tranche d’histoire, je préfère y voir un album super efficace qui regorge de mélodies punk absolument imparables.
“Cherry Bomb” introduit le bal sur ce qui restera le plus grand hit de la discographie des Runaways. Nul doute sur la provenance du groupe à l’écoute du premier rif, les Runaways flirtent avec le Rocky Horror Picture Show. C’est déjà sexy (“comon baby, let me get to you“) et en cela assez éloigné de l’état d’esprit Riot grrrl.
“You Drive Me Wild” a quelque chose de plus classique, du fifties bien boogie revisité par des Runaways très inspirées. “Is It Day Or Night?” reprend une musique plus brute, un punk ponctué par quelques solos de guitare pour un parfait mélange des genres. Is It Day Or Night?” est à ne pas en douter l’un des meilleurs morceaux des Runaways. Son final à fait date. On enchaîne alors avec “Thunder“, du rock bien teenager à faire chavirer la plus belle fille du lycée. Le son de guitare rappelle étrangement celui de Fidlar and co, du slacker en devenir. La production est parfaite (autant le dire tel quel) et l’on se dit encore que Kim Fowley savait comment écrire un hit.
“Rock And Roll“, c’est le célèbre morceau de Lou Reed. Seule reprise de l’album, elle élève les Runaways à un autre niveau, plus fun encore que cette première partie de cet LP. Tout va bien se passer, c’est les Runaways qui le disent. On relève particulièrement à quel point le son du groupe est peu fourni, rappelant en cela le proto-punk qui animé la scène de l’époque.
“Lovers“, c’est l’indispensable de tous les bons albums de punk : la chanson d’amour. Joan Jett a rarement été aussi convaincante, “Lovers” serait capable de mettre en émoi Angela Merkel. “American Nights” est plus classique, un morceau pour haranguer la foule plus que la surprendre. C’est “Blackmail” qui se charge de susciter notre curiosité. Son introduction pre-Black Sabbath est une surprise à elle seule que les Runaways ponctuent d’un solo à faire pâlir Anthony “Tony” Iommi.
“Secrets” nous rapproche doucement des Runaways, voilà que nous sommes intimes et que l’on sent le souffle de Joan Jett glisser contre notre peau. Bien entendu, cet album ne serait pas ce qu’il est sans “Dead End Justice“, l’un des hymnes punk des années ’70. Ne vous fiez pas à sa durée (plus de 8 minutes), ce titre ne prend pas le temps de temporiser. En plein dans la mouvance de l’époque, il reprend l’un des grands thèmes des groupes du genre sans pour autant en singer la substance. “Dead End Justice” est fun, très fun. Les Runways nous racontent comment s’échapper de prison, et nous, on les suit aveuglément.
Au final, The Runways ne souffre que de peu de défauts. Piloté par Kim Fowley, il embarque avec lui tous les codes de l’époque auxquels il donne une touche féminine que l’on retrouvera peu avant l’explosion du Riot grrrl. Et puis, The Runways est l’occasion de quelques hits qui auront marqué le genre.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, reportez-vous au documentaire The Runaways paru en 2010. Il a emporté l’adhésion d’une partie de la critique qui parle de “rich and surprisingly old-fashioned musical biopic”. Peut-être faudra-t-il quelques années avant qu’il intègre la DVD-thèque des amateurs d’objets cultes, un peu comme ce premier album du groupe.
(mp3) The Runaways – Cherry Bomb
(1976)
(mp3) The Runaways – Rock And Roll (1976)
Liens afférents :
Article sur Kim Fowley
Interview avec les Dictators
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