Takeshi Terauchi & The Bunnys. C’est l’automne, les gens tirent la gueule et les feuilles tombent ce qui a tendance à déprimer la mamie qui vit en face de chez moi, j’ai donc décidé de tenter de compenser la morosité ambiante avec un peu de surf.
Je vous avais déjà fait le coup de la musique japonaise avec un article dédié à différents groupes des années ’70. Me revoilà avec Takeshi Terauchi, un musicien japonais réputé pour son amour des Mosrite Guitars. Auteur de nombreux albums, il se sera essayé à la surf music avec les Bunnys et il en est ressorti l’un des meilleurs LPs du genre jamais composés. Les grands noms de la surf sont bien connus des milieux indépendants, on parle ainsi des Surfaris, des Trashmen, des Ventures, des Mermen, de Link Wray, de Davie Allan and The Arrows, des Chantays et bien entendu, de Dick Dale et des Beach Boys. Il faut pourtant rendre hommage à Takeshi Terauchi pour avoir était l’un des premiers à exporter cette musique (à forte connotation californienne) dans son pays.
L’article du jour est ainsi l’occasion d’évoquer This Is Terauchi Bushi, un album instrumental qui paraît en 1967. Trop peu connu du grand public, il n’en demeure pas moins un modèle en matière de surf qui peut et doit par ailleurs être étendu au rock’n’roll dans son ensemble. Tout était là pour en faire un hit, trust me, vous n’allez pas être déçus du voyage.
“Kanjinchou” est l’une des meilleures introductions qu’il m’ait été permis d’entendre en matière de surf music. Takeshi a je crois la maladie du picking extrême qui consiste à jouer de la guitare jusqu’à cramper. “Kanjinchou” est l’occasion d’assouvir ses désirs les plus pressants, le Maître des Nippon Guitars est déjà là. “Sado Okesa” vient ensuite faire ressortir le penchant plus Halloween-esque de sa musique. L’instru de ce morceau est plus complète, Takeshi nous offre déjà les variations que trop peu d’albums de surf savent créer.
Seulement voilà, il repart plus vite que jamais avec son “Musume Doujouji“, sorte de Teahupoo japonais. Le son de sa guitare est très sec, comme un contraste avec l’humidité que la surf music demande. “Mamoro Gawa Ondo” fait le job et annonce “Komuro Oiwake“. La production de ce morceau ferait pâlir d’envie les Beach Boys. On ne s’étonnera pas que Takeshi Terauchi ait été producteur. C’est ensuite au tour de “Chakkiri Bushi” (l’air des coupeurs de feuilles de thé me dit-on) de venir nous remettre en selle. Ce titre vous rappellera quelque chose, seulement, cette interprétation surf japonaise est inimitable.
“Genroku Hanami Odori” ne nous prend pas vraiment à contre-pied, ce que demande pourtant le 7ème morceau d’un album instrumental, mais Takeshi Terauchi continue d’illustrer ses talents de guitariste hors pair et la vague avance inexorablement vers nous. “Noe Bushi” fait la part belle à l’orgue, comme une exception à la devise de Takeshi : “aucun son si ce n’est la guitare”.
“Hanagasa Ondo” illustre le rythme cavalier de cet LP, toujours au son d’un picking renforcé par quelques orgues assurément sixties. Et puis, vient enfin “Oedo Nihonbashi“, l’instant romantique. Il fallait bien que le beau surfeur japonais aille s’aventurer en terre féminine, ce qu’il fait au son de “Oedo Nihonbashi” aidé par un xylophone qui lui met des étoiles dans les yeux.
“Kazoe Uta“, c’est la dernière vague de ce This Is Terauchi Bushi. La pleine lune est enfin tombée et Takeshi ne semble jamais aussi à l’aise que lorsque personne ne le regarde sur la plage. Le final de ce titre est imparable. “Tsukuba Yama” conclut comme il se doit, avec grandiloquence et amertume.
Au final, This Is Terauchi Bushi est un excellent album de surf music, aujourd’hui devenu un modèle du genre. N’en déplaise aux Californiens, nul besoin de trainer à San Francisco pour composer un hit surf. Peut-être était-ce même plus facile. On se souvient que les Beach Boys avaient longtemps souffert de ne pas être acceptés de la communauté des surfeurs avant de finalement la rejeter. Nulle considération de ce type avec Takeshi Terauchi qui était trop éloigné du pays de Dick Dale pour se questionner sur l’acceptation du groupe et il en ressort un album de surf complet et qui ne s’embarrasse pas des codes du genre. Il y a de la flute traditionnelle, de l’orgue et de la romance, l’appuie des Bunnys et une indéniable envie de varier.
Takeshi est connu comme étant l’un des plus grands musiciens de rock expérimental de son pays, ce que cet LP fait ressortir à sa façon. Sa parenthèse surf est absolument exquise, au moins autant qu’un The Endless Summer sur écran géant. Notons que si Takeshi n’a pas fait beaucoup plus de surf, c’est qu’il quittera les Bunnys pour reformer les Blue Jeans (qui n’en demeure pas moins très bon), son premier groupe avec lequel il continue de tourner à ce jour. Mais ça, c’est une autre histoire.
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