Natural Child est un groupe originaire de Nashville sur lequel j’ai déjà eu l’occasion d’écrire plusieurs fois. Ancien de chez Burger, il est désormais le boss de son propre label, Natural Child Records and Tapes!, sur lequel il vient a fait paraître son nouvel album studio, Okey Dokey, le 16 septembre dernier. On se souvient qu’il s’était fait remarqué en 2014 avec son Dancin’ With Wolves, un LP à très forte tendance country / Rolling Stones-ish. Son nouvel essai est l’occasion de s’essayer à une autre variante de la musique du sud des Etats-Unis et c’est une fois encore tout à fait captivant !
“Sure Is Nice” ressemble à un nouveau morceau d’Ultimate Painting, mais bien entendu, Natural Child ne peut s’empêcher de raconter des histoires d’anciens rockeurs, taking a shit tout ça. Il n’en demeure pas moins que sa musique est étonnamment délicate. Rappelons-nous que Natural Child avait commencé avec un garage rock très brut, la transformation est désormais actée. “NSA Blues” reprend pour sa part une structure effectivement très bluesy que le groupe complète avec une pop légère sur fond de café froid. On retrouve ici certaines influences de son précédent LP qui tirait volontiers vers une country vieux jeu. On se dit alors qu’on aime notre Natural Child comme un vieux whisky… old fashioned.
“Out of Sight” fait entrer Natural Child dans une nouvelle catégorie : celle des groupes qui savent faire du psyché. Natural Child maintient une certaine pression qui le caractérise si bien, sa musique est taillée pour Hollywood. Jamais le groupe n’a donné autant de place à la basse, c’est grisant.
“Now and Then” s’inscrit pour sa part dans la grande lignée des Rolling Stones / Crosby Steve Nash & Young. Ce rock’n’roll de la fin des années 60 / début ’70 n’est pas vraiment dans les tablettes des groupes “cool” mais force est de constater que Natural Child sait pourtant le sublimer. Sortez le whisky et appelez vos (grand)-papas si vous le pouvez, “Now and Then” est fait pour ça. Et puis, “Transcendental Meditation” tire à nouveau sur du blues, on croirait entendre du Howlin Wolf / Stones 1.0.
“Okey Dokey” introduit la deuxième face de l’album sur une plage instru’ à tendance psychée, encore. “Juanita” vient alors jouer en plein la carte du groupe de quinquagénaires bloqué dans sa musique d’antan. C’est le moment où papi aborde la piste de danse avec une vieille casquette posée sur le crâne. C’est aussi le moment où le guitariste transpire quelques gouttes à l’idée de devoir assurer le solo qu’il a maintenant du mal à jouer.
“Self Centered Blues” se la joue sentimental, façon big man qui a du mal à dire à sa chérie qu’il passerait bien l’après-midi à ses côtés. On se souvient alors que Natural Child est un groupe originaire de Nashville (Tennessee), une ville où les mecs coupent du bois et rentre chez eux transpirant de la dure labeur du jour. “Benny’s Here” se permet ensuite quasi 7 minutes instrumentales, et cette fois-ci, c’est mamie qui s’avance sur le dancefloor avec ses gros sabots. Les Stones ont joué “Sympathy for the Devil“, Natural Child délivre une continuité avec ce Benny (le nom du Diable, donc ?) qui est assurément déchainé.
“It’s A Shame My Store Isn’t Open” conclut l’affaire. Voici venue l’heure de gloire du propriétaire du seul petit store de tout le county. Le shérif négocie le pris d’un pack de bières tandis que Shany Lane, la plus belle fille du patelin, s’avance pour acheter quelques lollipop à la fraise. Profitons-en pour tirer un coup de chapeau à la production, et puis, pendant qu’on y est, tirons un coup de grisou pour la pochette, splendide !
Au final, Natural Child prend le parti de nous présenter une autre facette de ses inspirations et c’est une fois encore tout à fait réussi. Okey Dokey a un petit côté ringard bien dosé qui fait appel à nos instincts les plus confus. Avec cet album, on se plonge en plein dans l’époque d’une Amérique que nous ne connaitrons jamais. On y fait la fête avec tous les habitats des suburb’ d’une ville du sud du pays. Natural Child fait le lien entre les Rolling Stones et la musique de son Etat, c’est unique en son genre et c’est en cela indispensable.
Peut être Okey Dokey manque-t-il d’un hit qui nous accroche véritablement l’oreille, mais c’est en même temps le parti pris de cet LP : jouer sur une ambiance dont la stabilité permis au vieux bartender de mener tranquillement ses affaires. Le saloon est doucement animé par un album qui remplace à merveille le vieux piano-bar. Okey Dokey réussi parfaitement ce qu’il entreprend de faire, big up Natural Child.
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