Mozes and the Firstborn, c’est un groupe que nous connaissons bien sur Still in Rock pour l’avoir interviewé en 2012. C’est également une formation qui nous est particulièrement restée en tête grâce à son hit : “I Got Skills“. Son deuxième album paraît ce jour via Burger Records et il se pourrait bien que ce “Great Pile of Nothing” soit bien plus qu’un amas de quelques morceaux de musique.
Disons-le d’entrée, Great Pile of Nothing n’est pas aussi lo-fi / crade / rock’n’roll que son premier LP. Mozes and the Firstborn est clairement passé du côté Teenage Fanclub / Lotion de la force, donnant dans un indie pop rock nineties fort bien produit et qui mise tout sur la mélodie. Great Pile of Nothing, c’est aussi un album qui a été conçu pour sublimer la voix de Melle Dielesen, ce qu’il parvient à faire sans le moindre doute. Oh, mais n’oublions pas la belle section rythmique assurée par Raven Aartsen, la basse de Corto Blommaert et la deuxième guitare de Ernst-Jan van Doorn. Maintenant que tout le monde est cité – c’est la moindre des choses – place au contenu.
“Land Of A 1000 Dreams” introduit l’album dans un style fidèle aux 11 autres morceaux qui l’accompagnent. Les différences avec les sonorités du premier LP du groupe sont déjà nombreuses, mais on se laisse emporter par une mélodie Byrds-ish sur fond sonore à la Dinosaur Jr..
“Great Pile Of Nothing” a un côté très college rock dont l’immaturité en fera fondre de bonheur plus d’un. Le morceau fera particulièrement plaisir aux fans de Weezer et bien qu’il soit moins cogneur que ceux de 2012, Mozes continue à nous endoctriner par les sentiments. “Crybaby” est un morceau bien maitrisé qui reflète le spirit des deux premiers morceaux de cet album. Mozes est définitivement plus pop et Melle se laisse quelques libertés. C’est à partir de ce titre que l’on accepte la folle idée que le groupe ait décidé de ne pas sortir la copie de son premier album. C’est acté, voyons donc ce que Great Pile of Nothing a dans le ventre.
“Power Ranger” (du nom de son EP paru en début d’année) apporte la première temporisation de cet album. On n’est pas sûr de savoir si “Power Ranger” est une déclaration d’amour à une tendre et chère ou bien une simple idolâtrie du dessin animé, mais ça fonctionne !
“OC/DC” est pour sa part excellentissime. Utilisant un arrangement très grunge pour la partie vocale, Mozes rattache ainsi son morceau à un autre mouvement nineties, clever. C’est ainsi que Mozes and the Firstborn intègre la liste des groupes de post-nineties. Loin de moi l’idée d’abuser de cette étiquette depuis que j’ai déposé la définition officielle au Urban Dictionnary (blague) : “(adj) describes a music genre which mimics the codes of 90s’ rock’n’roll (irony, detachment, reverberations, lo-fi production) in the years 2010’…“, mais force est de constater que Mozes a clairement changé de décennie avec cet LP. Les nostalgiques d’un temps où l’on pouvait regarder les power rangers à la TV (tiens, les revoilà) apprécieront. Et puis, “Snowman” vient conclure la première face de cet album avec plus de mesure.
“All Will Fall To Waste“, c’est un morceau que le groupe a de nombreuses fois joué en live. C’est cliché, c’est assumé comme tel et ça fonctionne. Le refrain est particulièrement efficace, du Teenage Fanclub dans toute sa splendeur. C’est d’ailleurs un son qui revient régulièrement dans cet album : de la power pop nineties. Ainsi retrouve-t-on plusieurs clins d’oeil à des groupes tels que Chris Von Sneidern. Certains diront que c’est sur-produit, je dirai plutôt que c’est entubé de sorte à créer la retenue mid-fi que cette décennie recherchait.
“Mayday” est plus lancinant, c’est une pause appréciable, mais sur laquelle il est peut probable que l’on revienne souvent. Vient alors “Till The Feeling’s Gone“, du Superchunk à la sauce hollandaise. Mozes excelle dans un style peu repris dans les années 2010. Voilà bien une ode aux chemises en flanelle et aux jeans déchirés. Mozes and the Firsborn ne feinte pas son engouement pour le style musical que cet LP défend, c’est à ce point bien fait que l’on ne peut s’empêcher de croire à sa franchise.
“Crawl” ose la ballade pop rock, un style qui est rapidement devenu l’antithèse du cool dans les années 2010′. Pourtant, comme Quasi savait le faire, Mozes and the Firsborn délivre un très bon titre du genre, loin des conventions d’une scène indépendante souvent trop conformiste. “It’s Over” enchaine sur un son plus métallique/mélancolique. Mozes aborde le thème de l’adolescence et d’une vie qui passe trop vite de sortie à introduire “Cruel Wide World“, une chanson contre le reste du monde, sorte de continuité du “Society Makes Me Sad” de Johnny Thunders. La conclusion est ainsi faite.
Au final, Great Pile of Nothing remplit tous les objectifs qu’il s’était fixés. Comme Pleasers, la force de Mozes and the Firsborn est de savoir comment nous plonger dans un plein dans une décennie précédente sans pour autant copier les groupes de cette époque. Great Pile of Nothing est romantique, bold, mélodieux et fort bien produit.
Il se pourrait certes qu’il déplaise aux amoureux du premier LP du groupe, il est trop différent pour s’attirer la sympathie de tous ceux qui avaient suivi le groupe en 2012. Mais Great Pile of Nothing permettra également à Mozes and the Firsborn d’aller chercher un nouveau public, et puis, une fois encore, il est irréprochable qu’un groupe dont le premier album a si bien fonctionné décide de ne pas le copier sur un second essai. Les Américains parlent de “milking the cow” lorsqu’un concept est poussé à ses limites de sorte à générer le plus de dollars possible. C’est précisément ce que Mozes and the Firsborn n’a pas fait avec son deuxième album, à la bonheur. Cerise sur le gâteau, cet LP est une franche réussite qui contentera les nostalgiques d’une musique où la mélodie voulait tout dire.
(mp3) Mozes and the Firstborn – OC/DC
Liens afférents :
Article sur le premier album du groupe
Interview Still in Rock avec le groupe
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ENGLISH Version
(french above)
(french above)
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Mozes and the Firstborn is a well-known band here at Still in Rock since we interviewed them back in 2012. This group also kept running through our minds thanks to their hit “I Got Skills”. Their second album is released today on Burger Records and this Great Pile of Nothing could very well be more than a simple heap of music pieces.
Let’s clarify it from the outset: Great Pile of Nothing is not as lo-fi/dirty/rock’n’roll as the first LP. Mozes and the Firstborn has clearly joined the Teenage Fanclub/Lotion side of the force, giving us a very well-crafted nineties indie pop rock that relies above all on the melodies. Great Pile Of Nothing is also an album conceived to enhance Melle Dielesen’s voice, which it does perfectly. Oh, but let’s not forget the top-notch rhythm section managed by Raven Aartsen’s drums, Corto Blommaert’s bass and Ernst-Jan van Doorn’s guitar. Now that everyone has been mentioned -that’s the least we could do- let’s get to the content.
“Land Of 1000 Dreams” introduces the album in a style that is faithful to the 11 other tracks it precedes. The differences with the sound identity of their first LP are already quite abundant, but we get carried away by a Byrds-ish melody on a Dinosaur Jr.-like instrumental.
“Great Pile Of Nothing” has a college-rock style of which the immaturity will delight quite a few. This track will especially please the Weezer fans, and even if it is less hard-hitting than their 2012 songs, Mozes keeps on indoctrinating by sweet-talking to us. “Cry Baby” is a well-handled track that reflects the spirit of the first two songs of the album. Mozes is definitely more pop and Melle grants himself some more liberty. Starting from this song, we acknowledge the crazy idea that the band has decided not to release the twin of its first album. That’s a fact, but now let’s see what Great Pile of Nothing is really made of.
“Power Ranger” (taking its name from the early-2016 EP), brings the first temporization on the album. We’re not quite sure if “Power Ranger” is a declaration to a loved one or a simple idolatry of the TV series, but it works pretty well! As for “OC/DC”, it is more than excellent. Using a grunge arrangement for the vocal part, Mozes build a link between their song and another nineties music movement: clever. That’s how Mozes and the Firstborn joins the list of the post-nineties bands.
Far be it for me to overuse this etiquette since I filed its official definition on the Urban Dictionnary (just for fun): “(adj) describes a music genre which mimics the codes of 90s rock’n’roll (irony, detachment, reverberations, lo-fi production) in the years 2010s…”, but it should be noted that Mozes has undoubtedly traveled to another decade with this LP. The ones nostalgic of a time we could watch the Power Rangers on TV (here they go again) will appreciate. Then, “Snowman” concludes the A-Side of the album in a steadier way.
“All Will Fall to Waste” is a song the band has played plenty of times on stage. It’s willingly cliché and it works well. The chorus, in particular, is great, Teenage Fanclub in all its splendor. By the way, it’s a sound we can hear regularly all along the album: nineties power pop, the reason why we find several nods to bands like Chris Von Sneidern. Some might claim it’s over-produced, but I would rather say it’s over-compressed in a way that creates the mid-fi restraint that this decade was looking for.
“Mayday” is more thumping, it’s an enjoyable pause, but it’s less likely that we often come back to it. Then comes “Till The Feeling’s Gone”, a dutch-style Superchunk. Mozes excels in a style we haven’t heard much in the 2010s. It’s a clear ode to flannel shirts and ripped jeans, Mozes and the Firstborn don’t hide their passion for the music genre that this LP supports, it’s so well-executed that we can only be convinced by their truthfulness.
“Crawl” dares to deliver a pop rock ballad, a style that has undeniably become the antithesis to what’s cool in the 2010s. Yet, like Quasi knew how to do, Mozes and the Firstborn offers us a truly good rendition of the genre, far from the norms of an often too conformist indie scene. “It’s Over” carries on with a more metallic/melancholic sound. Mozes tackles the theme of adolescence and of a fast-passing life in order to introduce “Cruel Wide World”, a song against the rest of the world, some kind of continuity to Johnny Thunder’s “Society Makes Me Sad”. There stands the conclusion.
In the end, Great Pile Of Nothing reaches its targets. As for Pleasers, the strength of Mozes and the Firstborn is to know how to immerse us into a past decade, yet not copying the bands from that era. Great Pile of Nothing is romantic, bold, melodious and very well produced.
Of course, the fans of the band’s first LP could dislike this one: it is way too different to gain the sympathy of all those who followed the band in 2012. But Great Pile of Nothing will also enable Mozes and the Firstborn to grab a new audience, and once again, it’s irreproachable for a band that made such a good first album to decide not to copy and paste it for the second release. The Americans talk about “milking the cow” when a concept is pushed to its limits to generate the maximal profit. That’s exactly what Mozes and the Firstborn have NOT made on their second album: well done! The icing on the cake: this LP is a piece of art that will please the nostalgics of a music in which the melody was the rule.
Translation by Paul
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