Loving est un nouveau groupe originaire du Canada (Victoria, British Columbia) qui a fait paraître son premier album au début de l’été. Encore (très) peu connu du public, Loving est une expérience musicale dont la courtoisie pourrait séduire un grand nombre d’entre nous. Il y a en effet une douceur tout à fait réconfortante dans sa musique, un voile léger capable de tirer quelques soupirs amoureux aux rockeurs les plus endurcis, comme le fait par ailleurs si bien Daniel Johnston.
“Sweet Fruit” est une belle introduction dont le charme opère facilement. On se dit que Loving nous captive avec le même dandysme que celui de Dylan Shearer. Il y a déjà une légèreté tout à fait fascinante dans cette musique, du Boys Age à la canadienne. “Forgot Again” pousse l’expérience vers un territoire plus brumeux, du psy-fi dans toute sa splendeur. Et puis, “The Not Real Lake” opère un pas de plus vers la musique indépendante que produisaient les japonais dans les années ’70, je pense notamment à Haruomi Hosono.
“A Long Slow Little Wave / Citizen, An Activity” est un morceau instrumental aux accents jazzy et rêveurs et la japonisation de la musique de Loving s’accentue au fil des secondes. Vient alors “She Refused To Say” dont l’introduction fera nécessairement penser à Mac DeMarco. On retrouve également quelques intonations à la Chris Cohen, une grande maitrise mélodique que Loving ne presse pas. Sa musique est loin du monde actuel, loin de l’agitation d’une journée trop éblouissante.
“Bowlly goes Dancing Drunk Into The Tuture” fait entrer la musique de Loving dans une autre dimension, un brin plus psychédélique, comme aventureuse sans jamais trop s’éloigner de son abri. Le groupe n’en oublie surement pas son élégance, un mot qui je crois caractérise si bien l’ensemble de son album. Il aborde enfin le sujet que son appellation demande, all love is unfair. Et puis, “Where Everybody Goes” nous ramène doucement à bon port, un final concluant qui laisse place à une belle guitare acoustique. Loving rappelle le spleen des Morning Benders autant que Connan Mockasin et Amen Dunes.
Au final, cet album aurait pu être celui qu’aurait écouté Basquiat pour apaiser ce grand frisson de la vie. L’expérience Loving est plénière, tout aussi harmonieuse qu’elle est convéniente : écouter cet LP fait du bien, c’est un anti-douleur instantané dont il faudra se souvenir de l’existence. Ces 20 minutes ont quelque chose de très agile, et voici déjà la promesse d’une vie plus douce au bord d’un cours d’eau. Vivement le prochain album de Loving, peut-être avec une musique plus singulière encore.
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