Soft Hair, c’est le nouveau groupe (même si formé il y a 5 ans) de Connan Mockasin et Sam Dust du groupe LA Priest. Si l’un comme l’autre sont connus pour leur extravagance pop, il va sans dire que Soft Hair se devait d’être un projet singulier et captivant. Il l’est. J’avais donc promis (sur Facebook) de chroniquer le premier album du groupe dès sa sortie, mais je m’étais également promis de me raviser après avoir écouté sa première moitié. Cet article est finalement là pour vous conter sa seconde moitié, faisant de Soft Hair un album intriguant et absurde.
Une question se pose toutefois : quelle est sa cible ? Un trentenaire en mal de nouvelles drogues, le gérant d’un club échangiste, une gamine de 12 ans qui fait une déprime carabinée, mon chien ? Soft Hair délivre une sorte de pop mutante que l’on ne peut ni décrire de psychée, ni d’expérimentale, et qui emprunte pourtant à ces deux genres pour en faire quelque chose de très groovy.
L’album est introduit par “Relaxed Lizard“, et disons le d’entrée, passez votre route si vous êtes allergique au disco, ou aux lézards. Connan introduit la danse et Sam Dust vient rapidement prendre le relais avec une voix grave et masculine, ouhhh darling, je me sens toute chose. On enchaîne alors avec “Jealous Lies“, incontestablement la guitare de Connan. La première phase est plutôt captivante mais la deuxième moitié du morceau tente l’expérience psychée et le titre perd trop en cohérence pour nous embarquer avec lui. Dommage, ça partait bien.
“i.v.” est une sorte de minute électronico-planante, et sans dogme aucun, je dis nop. “A Goood Sign” ne fait pas mieux. Le titre imite les mauvaises rave party de la fin des années ’80. Ouais, ça ne vole pas super haut jusqu’à présent, mais c’est là que tout change.
L’album enchaine en effet avec “Lying Has To Stop“, une sorte de hit pop imparable à faire craquer Vladimir Putin. L’introduction est un peu (trop) longue, mais ne vous faites pas avoir, “Lying Has To Stop” cache ensuite l’un des singles de vos soirées gay (ça y est, je l’ai dit). Le clip vaut également le détour, Connan et Sam Dust jouent la loufoquerie à fond. “In Love” fait ensuite dans un genre différent, plutôt dans le style mauvais titre de r’n’b. Que la scène de tous ces pseudo lovers en prennent pour leur grade. Ça y est j’ai compris, Soft Hair vise ici la trentenaire en mal de déhanchés. Le final, psyché et fleurit, a pour lui ses quelques élucubrations à la guitare.
“Alive Without Medicine” continue ce bel enchainement avec la phase la plus Connan Mockasin de tout l’album. On en est pas à “Forever Dolphin Love“, mais on s’en approche, Soft Hair joue le concept album sur fond de Barry White instrumental. On se rappelle alors que Golden Silvers avait tenté l’expérience il y a de nombreuses années (en 2009) et on ne sait plus vraiment à ce stade si Soft Hair est un groupe de doo-wop transe ou le troisième degré de deux artistes à la recherche de l’inconnu.
Au final, Soft Hair est un album inconstant, alternant entre kitsch-rétro un peu à côté de la plaque et pop-troisième-degré en plein dans la plaque. Une fois encore, la deuxième moitié de l’album est bien plus consistante que la première. L’excellente production en fait un hit de 2016.
Après tout, peut-être ai-je vraiment trouvé l’objectif de cet album, peut-être est-il en effet la traduction musicale du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. L’existentialisme de Soft Hair est patent, le groupe prouve que son destin appartient à ses seuls instruments qui lui en auront fait voir de toutes les couleurs. On perd ainsi en cohérence, mais on gagne assurément en créativité. Soft Hair est un album qui fait peu sens, mais après tout, à quoi bon chercher toujours une explication ? Je ne sais toujours pas quel sera le public de Soft Hair, et pour y répondre, peut-être que vous me verrez à son premier concert parisien, avec des talons aiguilles que j’irai acheter pour l’occasion.
Liens afférents :
Article sur le deuxième album de Connan
Article sur Unknown Mortal Orchestra
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