X, l’australien. Attention en matière de X, il y a ambiguïté tant ils sont deux. Le premier, c’est un groupe de la scène hard-core de Los Angeles, formé en 1977 et meilleur représentant du genre pendant de nombreuses années. Le deuxième, c’est un groupe formé à Sydney la même année. C’est lui qui fait l’objet de l’article du jour.
X-Aspirations, son premier album, a été enregistré en une après-midi à peine (4 heures, précisément) aux Trafalgar Studios de Sydney. L’album traduit assurément cette sensation d’instantané, nombre des titres de cet LP ont été enregistrés en 1 prise à peine et cela ne trahit en rien l’animosité de son leader. A l’époque, seuls trois membres composent le groupe, Steve Lucas, Ian Rilen et Steve Cafiero. Ian Krahe est mort six mois auparavant, et si cela est sans incidence direct sur l’enregistrement d’X-Aspirations, le groupe passera ensuite 5 ans à essayer de lui trouver un remplaçant digne de ce nom, ce qui le tiendra notamment éloigné des studios. Dommage pour nous.
Assez minimaliste, le punk de X est aujourd’hui tenu comme un modèle du genre. A la production, on trouve Lobby Loyde qui est souvent décrit comme étant “le premier héros de la guitare Australien“. Et ça s’entend. X ne cogne jamais très fort avec sa batterie, mais la guitare fait assurément l’office de lead percussion dans un éclat de sons métalliques.
“Suck Suck“, sans conteste, est le titre le plus emblématique de X : brutal, agressif et mélodique, voilàbien du vrai punk nineties avant l’heure. “Present” part plus vite encore, reprenant à son compte la diction des Dictators/MC5. “Simulated Lovers” et son punk cathartique donne alors l’exemple que beaucoup des autres titres de cet LP suivront. Je pense à “It Must Be Me” qui aurait pu être la bande-son de massacre à la tronço, ou à “Good On Ya Baby” qui casse enfin le rythme.
La formule de “Police” est des plus simples : répéter sans fin les mots “police” et “bullies”, une sorte de message pas tant subliminal craché à la figure des autorités. La basse prend le lead, pour une fois, et X ressort de ces trois minutes avec l’approbation de la jeunesse d’Over the Edge (à voir !). “Revolution” prend logiquement la suite : “Rock’n’roll may be no solution, but it’s what I wanna here“. On se trouve, une fois encore, du côté Américain de la scène punk.
“Delinquent Cars” introduit la b-side avec ce qui faisait le ciment de cette génération punk : jouer à la victime écorchée vive. Vient ensuite “I Don’t Wanna Go Out” qui, avec un punk qui frôle new wave, est une véritable révolution en matière de punk australien. Rappelons-nous en effet que The Saints était LE grand groupe punk Australien de l’époque et qu’on ne peut pas le soupçonner de trainer du côté des clubs anglais du début de la décennie 80′. X le fait à merveille, ce titre est invincible, comme si Stiff Little Fingers avait marié Gang of Four. “Coat Of Green“, que l’on retrouve quelques morceaux plus loin, semble avoir été fait dans le même moule. Les paroles rappelle la volonté des Stooges : ne surtout pas trop en dire !
“Dipstick” a quelque chose de très ’77, un esprit Pistols que le groupe sublime avec un son quasi jangle-pop. “Waiting” veut alors introduire des notes spleenétiques, comme si la romance de “Batman” et Robin avait fini par mal tourner. Ce dernier morceau est plutôt noisy, précepteur du mess punk des années 90′. Et en bonus se trouvent 3 morceaux qui apparaitront sur la sortie de 2004. Le premier, c’est une reprise du “Mother” de John Lennon. Entre l’originale et cette cover, mon coeur balance. X enchaine avec “Halfway ‘Round The World“, le b-side de “Mother“. C’est assurément eighties, du Orange Juice en puissance, avant que ne revienne une autre version de “Mother“, moins forcée.
X-Aspirations est un album de genre absolument irréprochable. Parfait. Probablement parce que X était Australien, on y trouve de multiples influences sans qu’aucune ne l’enferme dans les mécanismes d’un album trop mécanique. Il y a du post-punk, du punk british révolutionnaire, le silly des groupes américains, mais aussi des élans de new wave 80′ avec une basse par moment très présente, bref, X-Aspirations est un must have de tous ceux qui ont un jour aspirés à écrire l’encyclopédie de la “musique pour quelque chose”. Un jour, j’entrerai dans un miteux club parisien – ou berlinois, de ceux où la musique électronique est reine, je brancherai mon iPhone, j’activerai la lecture de X et je les regarderai tous fondre comme des vampires à la lumière du soleil. Je m’y vois déjà !
(mp3) X – I Don’t Wanna Go Out (1980)
(mp3) X – Present (1980)
Tracklist:
1. Suck Suck
2. Present
3. Simulated Lovers
4. Police
5. Revolution
6. Turn My Head
7. Good On Ya Baby
8. Delinquent Cars
9. I Don’t Wanna Go Out
10. Dipstick
11. It Must Be Me
12. Coat Of Green
13. Waiting
14. Batman
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