Nun of the Tongue est un groupe originaire de Melbourne (2017, année Australienne ?) qui vient de faire paraître son premier album, Process, le 13 avril dernier. Tout y est effectivement affaire de process. On commence avec la pochette, qui – à l’évidence – illustre comment notre corps process les délicieuses choses que nous lui donnons. On continue avec le spirit qui est largement inspiré des années 90′ lorsque le terme indie rock voulait encore dire quelque chose synonyme de garage mid-fi. Et puis, on se dit également que quelques-uns des morceaux de Nun of the Tongue semblent illustrer la façon dont un groupe peut diriger certains des meilleurs albums de ces 20 ans dernières années pour en sortir quelque chose de consistant.

Il y a de prime abord quelque chose de très premier degré dans la musique de Nun of the Tongue qui fait parfois penser aux early garage, à moins que ce ne soit au revival du début 2000′ avec les White Stripes. C’est en tout cas l’impression que nous donne “Suck Up“. Le titre manque un brin de production par moment, mais rien de bien grave. “Burnt Brains” enchaine – après Bad Brains, il est moins nerveux mais les Nun of the Tongue s’en donnent tout de même à coeur joie. L’album commence ici à gagner en consistance et jamais plutôt les Nun of the Tongue ne vont lâcher prise.
3d Song” est le troisième morceau de cet LP, celui à partir duquel je ne peux plus taire le nom de Pavement. Le son par moment très industriel de la guitare, la voix nonchalante et les reprises à deux guitares font incontestablement penser AU groupe des années ’90. Dans la même lignée que Thigh Master, Nun of the Tongue est un groupe de post-90s, à sa façon. Les quelques implosions de ce morceau sont toujours très bien venues. 
Blood” perpétue cet univers un peu brumeux des quelques morceaux précédents, comme si Nun of the Tongue s’était également inspiré de la scène straight edge de Washington. Il n’y aurait pas un peu de Fugazi là-dedans ? Notons aussi à quel point la ligne de basse est efficace, ala X. “The Lake” vient clore la première phase et on note que Nun of the Tongue aborde un nouveau genre dans chacun de ses morceaux. C’est très bien joué. “The Lake” joue l’introduction en contrôle – dans laquelle basse et guitare semblent danser ensemble, pour le meilleur – pour lâcher quelques envolées un brin plus grungy. 

Portraits” attaque la face B, et comme il se doit, il réinjecte de quoi sautiller à pieds joints dans la cave d’un vieux DIV bar. C’est encore une fois très ingénieusement fait, Nun of the Tongue a bien travaillé ses transitions, les morceaux ont tous une place bien précise sur l’album, well done ! Le final a quelque chose qui oscille entre Dinosaur Jr et Sonic Youth, la transition avec “Moving Away” se fait naturellement avec douceur et violence. Vous avez remarqué à quel point les groupes australiens semblent bien aimer les phases parlées dans leurs albums ? Process n’échappe pas à la règle, ce que prouve “Moving Away” qui a le 10% slacker qui fait joie. 
Dickhead” fait réapparaître Pavement. Le titre est logiquement assez génial. De plus, Nun of the Tongue n’est jamais avare d’un peu de garage qui cogne sans-chichi-ni-fuzz. Les amateurs du genre seront servis pour les semaines à venir. “Less Than Likely” laisse sous-entendre une inspiration Strokienne mais il n’en est rien. Le petit côté pop vient couper avec un son de guitare plus travaillé qui joue sur une saturation permanente, une fois de plus, Nun of the Tongue est appliqué et ça fonctionne.
I Want To Be An Astrophysicist II” vient conclure cet album sur une basse surpuissante qui est parfois dépassé par la guitare. On croirait entendre Parquet Courts à son meilleur, un indie punk cathartique qui passe en force et qui fait boom mouche !

Au final, Process n’a pas l’air de grand-chose – aucun grand label dans le coup, une com’ plus en berne qu’autre chose… – mais il prouve en quoi les meilleurs albums de garage sont travaillés, pensés et exécutés avec précision. Trop de “groupes bandcamp” se contentent d’enregistrer quelques démos en une nuit à peine pour les cracher sur la toile. Là se trouve certes la magie des plateformes numériques, mais force est de constater que Nun of the Tongue – qui n’avait pas sorti un morceau en 2 ans – en fait un bien meilleur usage. Quelques-uns des morceaux de cet album ont la force de grands singles, mais notons surtout à quel point les Nun of the Tongue sont constant. Pour une claque, c’est une belle claque.

Tracklist:
1. Suck Up
2. Burnt Brains
3. 3d Song
4. Blood
5. The Lake
6. Portraits
7. Moving Away
8. Dickhead
9. Less Than Likely
10. I Want To Be An Astrophysicist II

Liens :
Article sur les Fugazi
Article sur le groupe X

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