Warm Soda : I Don’t Wanna Grow Up, le dernier !

Il avait donc tout prévu, from start. Après la pochette de Reaction pour nous mettre en appétit, le service des boissons avec Someone For You et l’album Hamburger – Symbolic Dream – comme plat principal, Warm Soda, dont le nom a toujours assuré que l’on boive à notre soif, délivre à présent le dessert. Ce dessert, c’est I Don’t Wanna Grow Up, le dernier album annoncé de l’histoire de ce groupe qui restera comme l’une des meilleures formations power pop de l’histoire.
Le fait est que je n’ai jamais caché ma volonté de poursuivre Still in Rock – 7 années déjà – au soutien de quelques formations. Warm Soda en a toujours fait partie, et Bare Wires avant lui. C’est donc avec tristesse que je chronique, une dernière fois, ce groupe dont je crois véritablement qu’il marquera la décennie comme étant l’un de ses meilleurs représentants. Je crains que la presse ne le dise pas assez et je suis au regret de constater que, pour la dernière fois, je pourrai défendre ce point de vue.

Ne vous attendez donc pas à trouver un article de presse mesuré, émotions contrôlées. Ce dernier LP de Warm Soda mérite, plus que jamais, que l’on rappelle les chefs d’oeuvres qu’il a fait paraître en 5 années d’existence. Warm Soda a toujours flirté entre power pop seventies et un doux glam rock dans lequel la guitare caresse notre ouïe plus qu’elle ne le fait crisser. Dans la droite lignée de Protex et des Speedies, il confirme aujourd’hui être un grand parmi les grands.

Avec Warm Soda, j’ai arrêté de grandir, j’ai dit non au monde des adultes et je suis resté bloqué avec mes collections de vieux DVD – une photo ?. Avec Warm Soda, j’ai appris qu’il ne servait à rien de manger salé et que les pommes d’amour étaient le plus beau cadeau que je sache faire. Avec Warm Soda, j’ai revisité les Shoes, Milk’n’Cookies et de nombreux groupes de glam rock. Avec Warm Soda…

I Don’t Wanna Grow Up est donc le 4ème et dernier LP de Warm Soda. Certains des titres qui le composent sont des hits fidèles aux précédentes créations de Warm Soda, brillantes pièces de power pop à inscrire au panthéon du genre. On y trouve également des morceaux qui explorent de nouvelles pistes. Le fait que I Don’t Wanna Grow Up ne l’a pas empêché d’aller chercher quelques nouveautés qui finissent de parfaire la discographie de Warm Soda.

Le tout est ainsi introduit sur “Young In Your Heart“, 100% Warm Soda, un titre coloré et power pop, comme si nous revenions dans le Drive-In que Matthew Melton a toujours magnifié. Sortez les pop-corn et votre veste de l’équipe de baseball de la faculté du coin, mettez votre casquette à l’envers, mâchez un maxi Bubble Gum : vous y êtes.

Vient ensuite “I Don’t Wanna Grow Up” que l’on peut sans grande difficulté classer parmi les 10 meilleurs titres de Warm Soda. Ces deux minutes encapsulent beaucoup du spirit du groupe, le refus de grandir et de quitter l’âge adolescent – un trait commun avec la scène slacker, un refrain sur l’amitié et sur l’amour, l’envie de rester “in my room“. Le fait est que la power pop de Warm Soda a toujours brillé par son élan très introspectif. On se souvient par exemple de l’album Young Reckless Hearts qui racontait une romance avec “Emily” ou des morceaux très envieux de Symbolic Dream.

Tell Me In A Whisper” est le seul morceau de cet LP que nous connaissions déjà, parce que paru en 2013 sur un 7inch avec “This Changes Everything“. Matthew a semble-t-il changé d’avis, il m’avait confié sa volonté de sortir quelques morceaux sur 45” dans le seul but de confondre ses plus fidèles. Revoici donc “Tell Me In A Whisper” sur 33″ dans une version remasteurisée où la guitare est un peu renforcée. J’en profite ainsi pour signaler à quel point la production de cet LP est irréprochable. Certains s’étaient plaint de la prod’ très entubée de Young Reckless Hearts – qui lui donnait un filtre romantique, mais le fait est que celle de I Don’t Wanna Grow Up répond à ce qui se fait de mieux en la matière.

(un morceau issu de Symbolic Dream, 2015)
Evoquer Ramona est un grand classique de la chanson américaine, de Tino Rossi à Matthew Melton. “To Be With Ramona” est une bonne addition à l’album, mais on se fait rapidement happer par “Don’t Stop Now” qui, sous couvert de dévoiler les secrets de Warm Soda, cache en réalité l’un des plus beaux enchainements de l’album, psyché, pop, seventies, américain-au-possible, bref, un hit !
Game of Undefined Love“, le sixième morceau de cet LP, est l’un de ses plus précieux. Warm Soda utilise la batterie comme il le fait peu, la guitare crise et nous rappelle les plus belles heures de Johnny Thunders, la voix de Matthew Melton est toujours aussi mielleuse, voilà comment assommer la scène pop en 2017.



Don’t Leave Me For Another Guy“, c’est le classique où la fille est méchante, parce qu’elle veut voler de ses propres ailes, loin de son méchant copain castrateur qui ne pense finalement qu’a faire des mauvaises blagues avec ses bro’ de l’équipe de baseball. Il faut dire, pour sa défense, que le coach est un sale type qui pousse ses joueurs à devenir de mauvaises personnes, bouh, c’est mal. Et puis, “Run Away With Me” s’inscrit dans la tradition des morceaux de glam, un tempo plutôt lent, des voix en chorus et une guitare qui sature l’espace sonore. 

Gumdrop” commence comme beaucoup de morceaux de Warm Soda, et pourtant, son aspect très analogique est en rupture avec les autres créations du groupe. Et puis, c’est en écoutant “Tell Me Your Story” une énième fois que je me suis rendu compte que j’écrivais cette review en chantant tous les titres d’une voix fausse mais joyeuse, tel Sean Penn qui récite sa recette magique dans Fast Times at Ridgemont High.

Avec “This Changes Everything“, revoilà Emily, celle de son album Young Reckless Hearts. “Emily est un peu une personne idéale que j’ai créée pour des besoins narratifs. Mais ce n’est pas une personne réelle“. La boucle est quasi bouclée sur fond de guitare acoustique, il ne manquait que “Angel Of Love” qui semble nous conduire tout droit vers l’univers de Twin Peaks. Ce dernier titre de l’histoire de Warm Soda – oui, j’en fais volontairement beaucoup – pour venir nous dire que Warm Soda sera des groupes les plus importants de la décennie – rien que ça !
Difficile de juger si I Don’t Wanna Grow Up est ou non le meilleur album de Warm Soda. Comment choisir entre ses propres enfants ? Les fans de power pop se sont à ce point approprié Warm Soda qu’il est difficile de lui dire au revoir. Je vous tire les larmes des yeux ? Tant mieux !

Et pour cause, la musique de Matthew Melton a toujours traduit de ce que devait être notre légèreté, un monde fantasmé dans lequel tout le monde se déplace en patin à roulettes, où les filles sont coiffées avec des couettes et où les mecs ne se privent pas de jouer d’un combo geek / capitaine de l’équipe de sport du lycée. Avec I Don’t Wanna Grow Up, Warm Soda magnifie tous les aspects de sa musique. Quiconque s’est un jour épris d’admiration pour American Graffiti ou Sixteen Candles saura y trouver ce qui a fait certaines des plus belles heures de sa misérable existence. N’oublions pas non plus que Matthew Melton cite Over the Edge comme film référence, un long métrage faussement high school qui parle en réalité de rébellion. On comprend mieux pourquoi certains de ses morceaux cachent une noirceur à faire pâlir la bande à Ty Segall. 
Mais après avoir joué la mater dolorosa tout au long de cet article, je ne pourrai conclure autrement qu’en soulignant, après tout, que I Don’t Wanna Grow Up pourrait bien ne pas être le dernier LP de Warm Soda… Just sayin’…

Tracklist:
1. Young In Your Heart
2. I Don’t Wanna Grow Up
3. Tell Me In A Whisper
4. To Be With Ramona
5. Don’t Stop Now
6. Game of Undefined Love
7. Don’t Leave Me For Another Guy
8. Run Away With Me
9. Gumdrop
10. Tell Me Your Story
11. This Changes Everything
12. Angel Of Love

Liens :
Article sur son album Symbolic Dream
Interview Still in Rock avec Matthew Melton

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