Martian Subculture est un nouveau projet fascinant. Evan O’Malley est un artiste irlandais qui fait dans la pop folk psychédélique et spectrale, à la façon d’Anna et de Thee Grinch, tendance Alexander “Skip” Spence. Dans le monde de Martian Subculture, le weird n’est pas weird, les extra-terrestres écoutent King Gizzard l’après-midi et ils s’endorment avec Martian Subculture la nuit. Cette musique est intemporelle, elle emprunte aux arpèges à la folk, au bizarre de Soft Hair – sans le groove homosexuel – et à la volonté disruptive aux grands noms de la pop – Rainbow Ffolly, par exemple.
Ce que Martian Subculture parvient à faire mieux que les autres, c’est créer une sphère désincarnée dans laquelle l’incorporel est la norme. Sa musique semble flotter au-dessus du reste de la scène. Elle est glaciale et amicale, minimaliste et engageante, bref, ce genre de projet font du bien parce qu’ils font part d’une vision véritable.
L’EP qui fait l’objet de cet article est Folk Music From Another Planet. Paru le 21 juin dernier et composé de 4 morceaux, il semble émaner d’une volonté de retenir l’essentiel de la psych folk : “produced mimicking the way the songs were written at its core while still trying to retain colour and psychedelic influences“.
“Defender“, le premier titre, est celui qui a retenu mon attention. J’ai lu quelque part que le mot “minimaliste” était initialement employé pour dénoncer la pauvreté de la chose qualifiée. Les temps ont changé et avec “Defender”, Martian Subculture prouve que la musique sait se contenter de peu pour faire beaucoup. Dans un autre extrême, King Gizzard prouve que le trop peu ne jamais exister. Le tableau est ainsi fait. “Bleak Concrete” est une berceuse pour martiens. La voix est un brin plus travaillée, mais Martian Subculture parvient à conserver la même justesse. Et puis, on rencontre rapidement un peu de pop spectrale, à mille lieues d’une planète ensoleillée.
Vient alors “Fly Funeral“. Si les premières secondes sont plus proche de la déprime du martien que d’un renouveau – “as I get older, people grow colder”, on se dit que, sans jamais toucher à la musique psychédélique, Martian Subculture parvient à créer un magnifique sentiment de détachement. Et puis, l’EP se conclut sur “Pet Cemetery“. Le martien semble passer du bon temps sur la pochette de cet EP. Qui pourrait refuser d’y passer une après-midi pour une partie de Ness ? Il parait qu’ils ont un jeu vidéo extralunaire dans lequel les héros sont des humains… Toujours est-il que son chien a l’air moins convaincu et que ce morceau traite de sa mort. Ah ça, on ne trouvera pas la force d’aller affronter le monde dans cet EP, à moins qu’il ne veuille nous dire que la vie n’est pas plus lumineuse sur les autres planètes. Sa pop nébuleuse nous le fait ressentir.
Le projet de Martian Subculture est complet. Tout est là, une exécution irréprochable, des morceaux bien écrits, des mélodies magnétiques et un thème qui anime chacune de ses créations. Martian Subculture ne doit pas dévier de cette ligne. Martian Subculture ne DOIT PAS dévier de cette ligne. Faites qu’un label se charge de lui rappeler.
Tracklist : Folk Music From Another Planet (EP, 2017)
1. Defender
2. Bleak Concrete
3. Fly Funeral
4. Pet Cemetery
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