Cotillon est un groupe originaire de Brooklyn sur lequel je veux écrire depuis un moment. Je profite d’un petit creux dans l’actualité musicale – mois de juillet oblige – pour me lancer. Il faut dire que la pochette a toujours joué le rôle de repoussoir et que je n’étais pas certain d’adhérer à ce cool un peu forcé. En réalité, The Afternoons – le nouvel album de Cotillon – est fort intéressant et je crois que l’année 2017 de Still in Rock ne serait pas complète sans l’avoir évoqué.
“Secret“, le premier titre, affiche la volonté très 90s de cette scène qui utilisait l’acoustique pour délivrer des morceaux aussi noirs que ceux du grunge. On retrouve ce même élan dans les créations de Tracy Bryant. “Promises 1” et “Promises 2” est d’un esprit similaire. Ces deux morceaux sont toutefois un peu creux, Cotillon a voulu jouer la carte minimaliste mais le tout manque un peu de corps. Il est probable que l’on réécoute cet album dans quelques années et que l’on se dise, comparativement, que Cotillon aura su se donner un peu plus de matière.
Vient “I Like People“, le HIT de cet album, une pièce nineties qui fait penser à un songwriting à la Lennon… I like people that don’t like people. Si l’intention est punk, le titre délivré est à mille lieux d’une quelconque impulsivité. Cotillon parvient à infuser sa pop d’un léger fuzz qui le rend attachant parce qu’un peu daté. “Black Sea” clôt la première face de l’album. Il y a quelque chose de très Girls, pour ceux qui se souvienne de “Hellhole Ratrace” !
“SFO” se veut plus sévère. L’instru’ est inspiré de la scène punk mais Cotillon nous ramène toujours à un univers plus contrôlé avec des partitions vocales qui jouent le contraste. L’aspect Cloud Nothings n’en demeure pas moins prégnant. “Alex’s Room” – merci Pavement – est également emprunt de ce léger fuzz qui anime l’album. Le titre est très américain.
“10 Dish Set” introduit le trio final dans un élan instrumental qui, outre le fait que ses aspects expérimentaux soient bien pensés, manque de faire sens dans un album aux sonorités plutôt accueillantes. “Fang” pourrait être un morceau post-emo à la American Pie mais on se rend rapidement compte que Cotillon en a fait un nouveau statement à la Clerks. Beaucoup de groupes australiens s’inscrivent aussi dans cette démarche. “Staying In” s’appréhende avec les minutes. Cotillon, une nouvelle fois, fait référence au temps qui passe, comme une obsession. Et puis, notons que cet album se conclut sur un “life is impossible” ce qui nous fait dire que Cotillon symbolise – en son nom directement – la désolation que peuvent éprouver les plus taciturnes d’entre nous lors des soirées de Nouvel An lorque la foule s’embrasse avec des chapeaux en papier sur la tête.
Alors, qu’est-ce qui fait de Cotillon un groupe qui mérite votre attention ? Sa nonchalance 90s, pour commencer, qui rappelle indéniablement quelques grands noms de l’époque visée. Il y a aussi ce contraste entre l’utilisation du fuzz et l’intention très bedroom pop de plusieurs des créations. Sans pouvoir parler de violence tranquille comme on le fait au sujet de Tomorrows Tulips – voir cette vidéo – on se rend compte que la musique de Cotillon a la mélancolie très carabinée. Le bourdon psychologique se transforme parfois en bourdon sonore, le tout est très bien pensé, bref, The Afternoons est un album qui fait sens à de nombreux niveaux et s’il manque encore de mélodies je ne doute pas que l’on retrouvera bientôt Cotillon dans nos playlists black summer.
(mp3) Cotillon – I Like People
(mp3) Cotillon – Alex’s Room
Tracklist : The Afternoons (LP, Burger Records, 2017)
1. Secret
2. Promises 1
3. Promises 2
4. I Like People
5. Black Sea
6. SFO
7. Alex’s Room
8. 10 Dish Set
9. Fang
10. Staying In
Liens :
Article sur Tracy Bryant
Interview Still in Rock avec Burger
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