On ne peut pas toujours publier des articles sur de jeunes loups en quête du grand amour. L’artiste du jour, Peter Perrett, ne fait pas partie de la clique de ces artistes à la Burger Records, casquette de côté et t-shirt Trasher sur les épaules. Peter a 65 ans, il est connu pour être l’ancien leader des Only Ones – “Another Girl, Another Planet” – et il vient de faire paraître son premier album en 19 ans.
A vrai dire, je n’ai jamais été un grand fan de ces albums solo d’anciennes légendes, mais il en va différemment avec Peter. Peter, c’est un artiste qui a su capitaliser sur son expérience de la scène pour délivrer un album qui ne tente pas d’imiter ce qu’il faisant dans le temps. Très noir, le rock’n’roll de Peter Perrett parle souvent d’amour. On croirait entendre la bande-son d’un nouveau Spaghetti Western, à moins que ce ne soit celle d’un film noir.
“How The West Was Won” est le grand single de cet album. La vidéo qui l’accompagne a été réalisée par Douglas Hart, chanteur de Jesus and the Mary Chain. Peter chante au sujet de sa femme, Zena, qu’il a marié en 1970 à l’âge de 18 ans. Cela a son importance tant la musique de Peter Perrett ne se comprend qu’à la lumière de son intention. Ces vieux rockeurs ont beaucoup à nous dire, et si la scène la plus jeune est souvent hermétique à ces messages, je crois que le pont ne se fera qu’à travers un story telling convaincant.
“An Epic Story” est plus proche de ce que faisant les Only Ones. Le cheesy revient en force, pour le meilleur. Dans “Hard To Say No“, Peter Perrett nous offre une nouvelle dichotomie: “some people are vampire and some are bleeders“. Je suis moins convaincu par le chorus, mais la voix nasillarde de Peter finit toujours par reprendre le dessus.
“Troika“, avec ses premiers accords de power pop, est logiquement consacré au “true love”, à l’éternelle belle rencontre. Le refrain est super bien fait, on retrouve un peu de jangle pop, bref, Peter manie tous ces genres à la perfection. “Living In My Head“, le dernier morceau de la face A, se veut plus mystérieux. Le premier solo de guitare fait son apparition, voilà bien quelque chose dont la jeune scène pourrait s’inspirer. Je ne serai pas étonné que l’influence de JAMC y soit pour quelque chose.
“Man Of Extremes“, le premier morceau de la face B de ce How the West Was Won – qui est pensé comme un concept-album – est le plus pop de tous. Etrangement, c’est là où la voix de Peter Perrett prend sens, une touche de brume dans un univers fleurit. Et puis, on en revient toujours à ce “You and Me”.
“Sweet Endeavour” est plus mélo, on passe donc à “C Voyeurger” qui n’arrive pas au meilleur moment tant on aurait aimé sortir, ne serait-ce qu’un peu, de cette ambiance pesante de l’album. Mais c’est probablement la volonté de Peter Perrett, nous maintenir la tête sous l’eau 45 minutes durant. Heureusement, “Something In My Brain” réinjecte un peu de pop dans cet album tandis que la guitare retrouve ses allures 1978. “Take Me Home“, le petit dernier, tente l’instru’ diversifiée. Et si Peter Perrett était meilleur dans sa version minimale ?
Beaucoup des albums des anciens rockeurs en font trop, ils sont surproduits tandis que les textes sont pompeux au possible. Peter Perrett évite chacun de ces recueils. How the West Was Won est un bon album qui, tout en rappelant parfois les Only Ones, donne un second-troisième souffle à sa belle carrière.
Je me souviens par ailleurs d’avoir questionné Paul Collins – The Beat – sur la disparition des chansons d’amour. Il partageait mon constat et ce nouvel LP de Peter Perrett, avec son obsession du big love, ne fait jamais que renforcer l’impression. La scène n’ose plus composer sur ce thème, frontalement, sans filtre. Les 90s sont passées par là, il faut que tout soit ironique. Cet album est une bouffée d’air frais, non pas qu’il ne faille pas vénérer les nineties, mais de là à ce que la scène tout entière soit écrasée…
Tracklist : How The West Was Won (LP, Domino, 2017)
1. How The West Was Won
2. An Epic Story
3. Hard To Say No
4. Troika
5. Living In My Head
6. Man Of Extremes
7. Sweet Endeavour
8. C Voyeurger
9. Something In My Brain
10. Take Me Home
Liens :
Article sur The Only Ones
Lien vers tous les anciens albums chroniqués
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