Mellow Fellow, c’est le projet solo d’un artiste originaire des Philippines qui alterne entre jizz jazz, pop alternative et bossa-nova. Sa grande nonchalance caractérise également l’ensemble de son oeuvre, à la façon de Boys Age. On y retrouve logiquement l’influence de Yo La Tengo et de toutes cette scène je-m’en-foutiste très nineties.
Son deuxième album, Jazzie Robinson, est paru le 19 juillet 2016 et je me suis dit que plutôt que de courir après l’actualité, autant laisser un peu de place à cet artiste peu connu qui mérite que l’on parle beaucoup de lui.
“Best Friend” est une excellente introduction, jangle pop, blasée, mélodieuse et indolente. Polo Reyes délivre quatre minutes qui font de l’ombre au Big Lebowski dans le genre flâneur de l’extrême. Le titre pourra être ressorti chaque mois de juillet. “Alive, Dreaming” est plus direct bien que toujours apathique. Laissez-vous bercer par cette douce mélodie au bord d’un lac.
“Tired“, comme son nom l’indique, veut aller moins vite que la musique. Mellow Yellow y est atone, comme pour mieux traduire cet état de day dreaming permanent. Sa pop de chambre nous accompagne lentement dans l’univers de Dylan Shearer & co, sur du presque psychédélique. Et “Bossa Yeshua” de conclure la première phase de l’album. Mellow Yellow y est plus dansant, certes, mais le côté un peu négligé revient en force lorsque le refrain se présente à nous. Cet album, finalement, ne semble pouvoir se trahir lui-même. Mellow Yellow est un apathique endurci. Mac DeMarco n’est pas loin (j’étais obligé de le mentionner).
(gros nounours sur petite photo)
“My World“, sans casser le rythme, reprend le son très jangly des dernières minutes de la face A pour contraster plus encore avec le côté avachi de la partition vocale. Sans pour autant resté inerte, Mellow Yellow traduit la sensation que l’on a tous expérimenté, bloqué sur un canapé, la soif au ventre mais incapable de se lever. Il y a comme une légère frustration dans sa musique que l’on voudrait un brin plus psychée, à l’image de celle de Jackson Scott, mais c’est finalement l’effet recherché.
“The Grass Seems Greener” est assez révélateur du message que nous fait passer Mellow Yellow. C’est mieux ailleurs, mais encore faut-il vouloir faire les efforts pour y accéder. Le passé était mieux, aussi, mais encore faut-il avoir la force de s’y raccrocher. “Jazzie Robinson”, la chanson thème, acte l’incapacité à bouger plus encore tandis que “Even When I Still Breathe” nous convainc définitivement que même en vie et capable, le slacker fini toujours être rattraper sa propre tristesse.
Au final, la pop blasée de Mellow Yellow est un difficile rappel à la réalité des indifférents. Jazzie Robinson nous met face à nos contradictions, on contemple cet album comme les jours et les relations qui nous passent entre les mains. Sans aborder le côté pop spectrale qui pourrait traduire à un état fini, sans jamais être psyché, Mellow Yellow s’accroche à dépeindre le quotidien des flegmatiques. Il le fait avec brio !
(mp3) Mellow Fellow – My World
Tracklist : Jazzie Robinson (LP, 2017)
1. Best Friend
2. Alive, Dreaming
3. Tired
4. Bossa Yeshua
5. My World
6. The Grass Seems Greener
7. Jazzie Robinson
8. Even When I Still Breathe
Liens :
Article sur les artistes de bedroom pop
Article sur les nonchalants de Deep Sea Peach Tree
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