Boy Germs, c’est un groupe originaire de Brisbane (Australiaaaaaa) qui hésite. Son hésitation, c’est celle d’un type qui ne sait pas trop s’il veut être un slacker ou un lover, un hédoniste ou un nihiliste. Et s’il ne faut probablement pas lui prêter une volonté de refondre la philosophie moderne, on y trouve tout de même quelques cachetons à se mettre sous la langue, pilule nineties au renfort d’une dragée lo-fi.
“Brill“, c’est du nineties dans l’âme, un coup de poing pour ceux qui pensaient s’être débarrassés de la meilleure décennie de l’histoire. Boy Germs a du temps à tuer et il le fait en notre compagnie, loin de la musique qui sait éviter ses propres clichés, parce que Boy Germs, après tout, est encore l’embryon d’un projet plus abouti. Et je ne sais si avoir assisté à l’ultra-performance de Thurston Moore hier soir (la vidéo) modifie sensiblement ma perception de l’oeuvre chroniquée aujourd’hui, mais j’y vois sans conteste l’influence de Sonic Youth, le son métallurgique, l’intro’ un peu vaporeuse et le solo peu garni dont l’intérêt principal réside dans la volupté sonore.
“Mope Tone” est beaucoup plus plat, de la breeze pop un peu maladroite qui fait tout son charme. Ce bricolage maison laisse sous-entendre la volonté DIY que l’on ne sait être imposé au groupe. Mais vient ensuite “Mexican Mustang“, super nineties, une lapalissade de deux styles – la bedroom et le slacker – qui, finalement, parvient à en faire la meilleure pièce de cet EP. Boy Germs y parle de se conformer, une fois encore, un thème récurent de la musique nineties et d’une époque où le terme underground avait une signification. “Piece By Piece” conclut le tout avec un élan spectral lancé par un mélomane. Boy Germs traine du côté Alex Calder de la force – période post-weinstein.
Au final, Standard Candid ne pourrait mieux porter son nom. Boy Germs feinte de ne pas savoir que sa musique emprunte énormément à ce qui fait l’esprit de la période 90s alors qu’il y multiplie les références, preuve de sa “consciousness” à lui (voyez plutôt). L’EP reste parfois trop léger, mais ce charme jamais désuet fait de lui un groupe avec lequel on veut oser une sieste, un dimanche après-mdi après avoir été à l’église. Allez écouter le reste de sa discographie, il n’est pas toujours abouti – voir “Dwell“, “Happy Ending” – mais il fera les pieds à ceux qui se disent garage ou DIY sans toutefois écouter autre chose que les Growlers.
(mp3) Boy Germs – Mexican Mustang
(mp3) Boy Germs – Brill
Tracklist : Standard Candid (EP, 2017)
1. Brill
2. Mope Tone
3. Mexican Mustang
4. Piece By Piece
Liens :
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