Bee Bee Sea, c’est un groupe italien qui sait tout faire. Ou presque. Originaire de Castel Goffredo, il a fait paraître son deuxième album le 17 novembre dernier, faisant suite à un premier essai paru en 2015. Il est plutôt brut, plutôt très bien produit et plutôt extrêmement mélodique, tout ce que l’on veut dans un bon album de garage, me semble-t-il.
Mais notons, avec étonnement, à quel point le slacker semble être limité aux USA / Australie. Les groupes européens, peut-être plus fidèles à leur héritage british, se cantonnent à un garage rock qui tire souvent sur du sixties. Enfin, disons qu’il y en a, des slackers européens, mais qu’ils sont rares. Bee Bee Sea en est la parfaite illustration, à croire que le garage européen est plus souvent le fait de good boys que de “Jimmers” pressés d’aller vers la bière. Rien de mal à cela, mais il est curieux d’entendre des morceaux qui pourraient avoir un ADN slacker et qui sont limités à ce que l’on ne connait que trop bien.
“Sonic Boomerang” est une introduction coup-de-poing, du garage rock comme la fin des années 2000′ l’a tant aimé. Bee Bee Sea parvient à s’en extraire avec ces quelques solos de la deuxième guitare, c’est une formule qui a toujours fonctionné et qui fera encore des siennes. Et l’on comprend dès “D. I. Why Why Why” ce que l’on peut attendre de cet album qui est toujours efficace, mais jamais inattendu. On s’y sent bien, c’est facile et bien fait.
“I Shouted“, le morceau thème de cet album, a quelques tendances anglaises qu’il ne peut nous cacher bien longtemps. Le Bee Bee Sea semble être décidé à ne pas montrer une seule seconde qu’il est italien, c’est étonnant pour le moins. C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de l’afficher dans le titre de l’article, ça me fait rire. Et “This Dog Is The King Of The Losers” de renforcer le côté USA de cet album avec le 1% de blues rock qui va bien. Cette pudeur italienne nous ait plutôt inconnu. Mé que pasa boys ?!
“Chum On The Drum” est un très bon titre qui, pour le coup, semble vouloir être plus cheesy que les précédents, ce qui fonctionne parfaitement. “Psycho Babe“, à l’inverse, ne présente qu’un intérêt limité tant il faut attendre la seconde moitié pour que Bee Bee Sea se permette un peu de fun. Ouais, je ne referai pas une énième fois ma litanie sur Hermann Hesse (ici, ici, ici et surtout ici), mais j’y pense.
“No Fellas” vient nous montrer une dernière fois à quel point 1/ cet album est bien produit, 2/ facile d’accès, 3/ traditionaliste. Qu’ai-je contre la tradition ? Rien, si ce n’est son caractère passéiste qui tend à enfermer les artistes. “I Shouted II” nous offre un ticket pour les Caraïbes, et c’est ainsi que l’on conclut l’album.
Bee Bee Sea complète le tableau italien avec un garage rock sixties qui fait souvent mouche, malgré l’habitude. Et le groupe vient ainsi former un beau duo avec Freez qui, LUI, veut toujours plus de slacker dans ses Chocapics. En attendant, on se dit que le sixties ne mourra donc jamais – huh ?!, que l’Italie est belle et que les italiennes le sont encore plus – aucun rapport avec cet article.
Tracklist : Sonic Boomerang (LP, 2017)
1. Sonic Boomerang
2. D. I. Why Why Why
3. I Shouted
4. This Dog Is The King Of The Losers
5. Chum On The Drum
6. Psycho Babe
7. No Fellas
8. I Shouted II
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