Cherry Pumps, c’est le genre de projet sur lequel il est très difficile de trouver des informations. Et qui fascine (du coup ?). Derrière lui se cache Yaan Pessino, leader du groupe The Pesos. Le bel album de ce groupe, Carpet Dope, laisser penser à un second LP charnu pour aller conquérir le coeur des meilleurs labels US. Que nenni ! Yaan s’est décidé à un projet solo qui, bien que trop discret, est en tout point excellent.
Enregistré par Kyle Mullarky (du groupe Allah-Las, aussi de Boytoy) sur un Tascam 388 – voilà bien une information dont on se fout, il faut surtout noter que c’est à Topanga Canyon (en Californie) que cet EP a vu le jour. On y découvre un Cherry Pumps qui, en plein dans la tradition bedroom pop, fait ce que l’on attend du roi des apathiques. J’en profite donc pour souligner à quel point cette scène se porte bien, les projets se succèdent et, ingénieux, donnent une belle excuse à nos vendredis canapés.
Le premier morceau est nommé “Peace for Profit“, il parle d’amitié, de nineties qui confrontent les sixties, de trahison, de la France, bref, une liste à la Prévert qui ne révèle rien de son essence même. Les accords de ce titre sont diffus, ils semblent ne pas avoir encore trouvé leur forme définitive. Et puis, vient “Cup Cakin’“. Est-ce du post-shoegaze ? Du post-post-nineties ? De la post-musique ? Je préfère oublier mon “post” et me dire que Cherry Pumps sait assurément comment projeter sur nous l’impression d’un futur impossible. Ah moins que le “you and I” de la fin ne soit le rattachement au réel.
“Born Into This” a été mon premier coup de coeur, parce que le faux rythme qu’il imprime semble indiquer une sorte d’addiction, ou d’incompétence, qui finalement me plait beaucoup. Cherry Pumps ne peut véritablement cadencer ses créations, c’est ainsi, contre nature. Mais sa musique, pleine de langueur, n’est jamais lourde, c’est pourtant le défaut régulier de ce type de production. Lui, il est bien trop aérien. Et il veut être une fille, jouant sur le côté androgyne à tous les niveaux. Cette déconstruction est fidèle à ce que sa musique délivre en empruntant 1% de ce vieux fifties, à la façon des Caretaker.
“Me and Mona Lisa“, c’est une fausse valse, une danse pour ceux qui veulent rester assis sur leur chaise, une journée ensoleillée sous la pluie, bref, un mirage. Il vient parfaire le côté spectral de l’EP, on finit son écoute sans avoir eu l’impression de l’avoir consommé, c’est bien trop gazéifié pour nous.
Au final, Cherry Pumps est une excellente production, l’hors classe 2017 en matière de bedroom pop. Et que rajouter sinon qu’il ne fera probablement pas assez parler de lui – il semble ne pas le vouloir – alors que sa musique mérite des louages accompagnés de bouquets de fleurs.
J’évoquerai bientôt un projet shoegaze plutôt inconnu des années 90′. L’article parlera de Noël, et je ne manquerai pas de souligner la connexité avec Cherry Pumps qui s’inscrit donc dans cette lignée des anonymes célestes.
Tracklist : Cherry Pumps (EP, 2017)
1. Peace for Profit
2. Cup Cakin’
3. Born Into This
4. Me and Mona Lisa
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