Thigh Master, ce sont nos amis australiens. En janvier dernier, ils reprenaient “Ça plane pour moi” à l’occasion d’un concert qui fera date à l’Espace B (voir la vidéo, ci-dessous). Depuis, nous avons décidé de faire un pacte d’amitié, BFF tout ça tout ça. Il faut dire que je culpabilise de ne pas avoir classé le groupe dans le top de 2016, la faute à une découverte en janvier 2017. What a pity tant Early Times est un album exceptionnel (lien). Les groupes qui s’aventurent dans la période nineties sans la singer sont rares. Thigh Master en est.
Il y a quelques semaines à peine, Thigh Master faisait paraître deux nouveaux titres, j’ai nommé “Exodus” et “Pity Run“. Et comment ne pas y entendre toute la nonchalance du pays ?! Thigh Master est un groupe de quasi post-2001 qui a pour lui une attitude slacker véritable. Ses compo’ sont toujours très rythmées, comme pour conjurer le sort d’une époque où l’on ne danse plus, on se meut.
“Exodus” a son côté skaster qui fonctionne sans encombre. Il fait de Thigh Master le type cool qui traine sur les rembardes avec ses fringues trop amples, son bonnet de travers et son jean déchiré. Cliché ? Assurément pas, souvenons-nous que l’on est en 1991, que Beck n’est pas encore arrivé, que Silver Jews n’a toujours pas donné la définition du mot flâneur et que Polvo n’a pas montré ses muscles. Thigh Master, c’est l’histoire de cette période pre-TOUT. Sauf lorsqu’il fait le saut en 2001, je vais y revenir.
“Pity Run” est paru en novembre dernier, on se souvient immédiatement de lui avec son faux rythme, ses airs désabusés et, surtout, inintéressés. C’est un peu comme si Thigh Master voulait se montrer blasé et déconstruit alors que sa musique conserve l’aspect semi-mécanique qui fonctionne si bien. N’est pas indolent qui veut, et avec son EP, Thigh Master réalise le grand écart – danse / canapé – avec le talent des plus vaillants. La succession de Pavement est ainsi assurée, dans le secret des salles D.I.Y.
Au final, Thigh Master continue d’être ce groupe inimité, un ovni parmi la scène slacker australienne qui n’en finit pas de s’envoyer des litrons de bières sans jamais penser à sortir de son pop punk natal. Thigh Master est plus américain qu’eux tous, il rend un hommage constant à la scène 90s que l’on aime tant par ici, celle qui, sous couvert d’un peu d’ironie, se débarrasse de tous les artifices qui font chics en 2018. C’est en cela, aussi, que Thigh Master est un groupe de post-2001. Il y a comme un retour à ce qui constituait cette période Strokes-ish. Entre 1991 et 2001, leurs coeurs balancent, le notre aussi.
(mp3) Thigh Master – Pity Run
Tracklist : Exodus / Pity Run (Single, Bruit Direct Disques, 2018)
1. Exodus
2. Pity Run
Liens :
Article sur Early Times
Article sur l’album majestueux de TH da Freak
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