Aborted Tortoiseest le meilleur ami de Freud. Et pour cause, on se dit que nos qualités obsessionnelles sont magnifiées en sa compagnie, que jamais plus on ne pourrait des-entendre ce groupe et oublier l’amour compulsif qu’on lui porte. Son dernier album en date, An Beach, est sorti en mars 2017, et si je ne le découvre que maintenant, c’est grâce à l’excellence émission Oceane Rock. Il dit faire de la “stupid music for stupid people”, ce qui devrait pourrait être le slogan de Still in Rock.
Je remarque une tendance de la scène slacker à se tourner de plus en plus vers la pop. Mais certains groupes résistent. Aborted Tortoise en est. Avec lui, c’est le (proto) punk un peu cheesy-vénère de la scène New Yorkaise de la fin 70′ qui prend son envol. Avec lui, on se croirait revenu à une époque où les Dictators en étaient encore à leurs balbutiements. C’est l’une de mes trois périodes préférées de l’histoire – avec les nineties et… aujourd’hui ! – alors c’est avec une excitation tout à fait palpable que je vous présente ce groupe.
Et pour cause, An Beach est à mi-chemin entre la scène de Dow Jones And The Industrials et celle de Satan’s Rats. Il laisse souvent place à des mélodies super ensoleillées, des riffs qui ont forgé la scène de skate-punk, des lyrics suffisamment bêtes pour faire l’unanimité. Il est excellent en toute circonstance. La dernière fois qu’un groupe du genre m’avait ébloui de la sorte, c’était Thigh Master. Ils étaient Australiens, eux aussi.
Ça commence du haut d’une colline avec “Get Off The Road“. Le skate va trop vite pour être contrôlé, un peu comme les riffs qui déferlent à la vitesse du groupe X. Et “Goodbye Beach” de faire déjà ses adieux à la plage, aux bikinis et aux parties de beach volley, quelle drôle d’idée. “Cheese Supreme“, sur sa lancée, est tout aussi punk que les deux précédents, et peut-être est-il encore mieux construit. La basse très jangle pop rappelle les Judy’s.
“Fashionably Late” a quelque chose de dark qui fait immédiatement penser à Toy Love. On peut s’amuser dans le gore, les Bad Pelicans l’ont récemment démontré avec tout le brio du monde et lorsque l’on sait connait la capacité des Autraliens à s’amuser de tout, on se dit que l’on danserait bien sur ce punk à 1 dolls.
“Bees 1” et “Bees 2“, sans jamais baisser en intensité, participe de nous faire dire que les Aborted Tortoise, en live, ça doit être quelque chose de sacrément pas piqué des hannetons. Je parie sur une Freaky Loud Things dans les mois à venir, et je parie sur son entrée dans le top 10 de celles-ci. Vient alors “No Skin“, l’ultime masterpiece de cet album, du punk pour l’éternité, un titre à faire entrer dans les anthologies de la scène australienne des années ’10. Le “filthy whore” fonctionne à tous les coups !
“Spewin’ McGregor” – un hommage à ce bon vieux Conor McGregor ?! – est une merveille pour qui aime le surf – et la musique surf. Voilà tout. Quant à “Get Mum“, il pense du côté Jay Reatard de la force, et nous, on fait comme ce fan dans le clip des Beaties Boys (lien vidéo). “Responsibilities” et “Wasted Goods” sont plus calins, ils viennent nous dire que tout ira bien tant que l’on surfera la vague seventies.
Pause vidéo :
Fin de la pause et reprise
“Flash Photography” – du Cramps ?! – veut cogner plus fort que John Dwyer sur la tête de Dan Burke. Vient ensuite “Tv Set“, un hit du groupe, un titre qui le fait entrer dans la catégorie des groupes de punk qui, visiblement, savent jouer de la guitare. “Bab” participe de nous accompagner vers la sortie, chemise déchirée et baskets écrasées. “Crumple Zoe” se charge de porter l’estocade. Hmm… il touche le point G.
Au final, An Beach est un album qui ne souffre d’aucun défaut. Avec ce dernier, les Aborted Tortoise s’imposent d’un coup d’un seul comme un groupe à suivre de la scène australienne. Dans Wayne’s World, ils sont “not worthy“. Avec les Aborted Tortoise, on se demande parfois si l’on mérite un album à ce point efficace. La scène New Yorkaise de la fin 70, celle des The Homosexuals et des Gizmos – on me souffle dans l’oreillette qu’ils ne sont pas de New York – est ici magnifiée comme elle l’a rarement été.
Tracklist : An Beach (LP, 2017) 1. Get Off The Road 2. Goodbye Beach 3. Cheese Supreme 4. Fashionably Late 5. Bees 1 6. Bees 2 7. No Skin 8. Spewin’ McGregor 9. Get Mum 10. Responsibilities 11. Wasted Goods 12. Flash Photography 13. Tv Set 14. Bab 15. Crumple Zone
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