Portastatic, c’est le projet solo de Mac McCaughan, par ailleurs leader de Superchunk. Si j’attaque l’article de la sorte, c’est que je veux couper court à l’idée selon laquelle trop de groupes nineties seraient déjà présents sur Still in Rock, et qu’ainsi, un de plus ou de moins n’y changerait rien. Cela ne viendrait pas à l’esprit de reprocher à quelqu’un d’avoir trop de livres dans sa bibliothèque, eh bien, il en va de même pour les groupes 90s. Assez n’est jamais assez. Mais après tout, personne ne me reproche d’en avoir trop chroniqué (skyzophrénie), et puis, il serait particulièrement mal venu de dire non-essentiel un projet proche de Superchunk.
L’album qui fait l’objet de cette chronique est I Hope Your Heart is Not Brittle, premier LP du groupe. Paru en 1993 via Merge Records, il fait partie de ces albums immortels qui encapsulent une décennie en des termes universels. Il se compose de 17 morceaux de rock alternatif à tendance grungy à tendance Chapel Hill à tendance Indie Rock.
A la différence de beaucoup d’albums issus de cette scène, Portastatic n’est jamais nerveux. C’est même tout le contraire, Mac McCaughan est toujours stone, et nous avec. “Mute 2” introduit ainsi l’album sur quelques notes semi-dépressives qui nous font dire qu’Elliott Smith n’est pas loin. “Polaroid” est plus single-ish, on reconnait bien la touche Superchunk. Portastatic n’est donc pas que le projet anti-mélodique de McCaughan.
Mais à en croire Wikipedia, “the name “Portastatic” is derived from the TASCAM Portastudio home recording device. Due to the quality of the recordings, Mac McCaughan added “static” to “porta” to form “Portastatic.”” Tout s’explique donc. Portastatic est un projet de bedroom pop tournée à la sauce Chapel Hill. “Gutter” en témoigne.
Mais à en croire Wikipedia, “the name “Portastatic” is derived from the TASCAM Portastudio home recording device. Due to the quality of the recordings, Mac McCaughan added “static” to “porta” to form “Portastatic.”” Tout s’explique donc. Portastatic est un projet de bedroom pop tournée à la sauce Chapel Hill. “Gutter” en témoigne.
“Naked Pilseners” parvient alors à encapsuler toute l’essence nineties dans une balade qui n’a rien de crunchy ou d’ironique. L’instru fait quelques rappels à Sonic Youth, c’est l’époque qui veut ça. Vient ensuite “Creeping Around” qui ne pourrait mieux porter son nom. A ce stade, on réalise que I Hope Your Heart is Not Brittle est un album entièrement composé de ces morceaux que l’on trouve habituellement à mi-parcours, des interludes pour venir tempérer les ardeurs d’antant.
(titre issu de Slow Note from a Sinking Ship, 1995)
“Wierd Time” est une touche de plus dans l’univers de Portastatic. Tout est étrange, les monstres sont aussi déprimés que les humains qui errent encore à la recherche de l’âme soeur – façon Reality Bites. Il y a clairement un ventre mou, ce pour quoi Mac McCaughan délivre ici “Silver Screw“.
“Beer And Chocolate Bars” est fait pour les romantiques. Les voix sont parfaitement posées sur cette acoustique qui imite un film noir. J’en profite pour faire un coucou à TH da Freak, version Infandous. Quant à “Had“, il vient traduire cette vision passéiste d’une époque post-industrielle (déjà) qui pensait à la fin du rock’n’roll. Reconnaissez-vous les accords ? “Memphis” est volontairement mieux produit, plus guilleret, aussi.
“Why Have You Come Back” introduit le dernier temps de cet album. A cette époque, on ne feinte pas une prod’ brouillonne, on la magnifie. Portastatic adopte la démarche de Guided by Voices, il prend une mélodie défendable qu’il salit le plus possible. “The Main Thing” – encore du Elliott Smith like – ne veut pas notre sourire, comme “Mute 1” qui vient renforcer l’impression mélancolique de la Beat Generation. “Look, Honey, Peaches” et “Weighted Raft” viennent conclure le tout sur des opposés. Faut-il y voir une volonté élitiste, pour éloigner le peu convaincu ? Probablement.
Au final, I Hope Your Heart is Not Brittle est un album souvent exigeant. Il s’adresse à une niche d’auditeurs. Il semble même avoir été conçu avec les chutes de Superchunk que McCaughan aurait volontairement fait plus saturniennes. Avec lui, mélancolie se confond avec romantisme. Le tout prend corps dans une musique nineties-nineties, plus révélatrice du noir de l’époque que les autres albums de nos discographies.
(mp3) Portastatic – Polaroid (1993)
(mp3) Portastatic – Beer And Chocolate Bars (1993)
Tracklist : I Hope Your Heart is Not Brittle (LP, Merge Records, 1993)
1. Mute 2
2. Polaroid
3. Gutter
4. Naked Pilseners
5. Tree Killer
6. Creeping Around
7. Wierd Time
8. Silver Screw
9. Beer And Chocolate Bars
10. Had
11. Memphis
12. Receiver
13. Why Have You Come Back
14. The Main Thing
15. Mute 1
16. Look, Honey, Peaches
17. Weighted Raft
Liens :
Article sur Superchunk
Article sur les meilleurs albums de Merge Records
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