J’ai écrit cet article deux fois. Une première fois à 23h, hier soir. La seconde fois à minuit. Entre temps, j’ai écrit l’article de demain… sur la page des Bubble Boys. J’avais bu du whisky, et lorsque je m’en suis aperçu, j’avais envie de tout sauf de recommencer. Alors je n’ai pas recommencé, j’ai écrit autre chose, un truc qui n’avait rien à voir. Voici la deuxième version de cet article, je ne sais pas si elle est mieux que la première fois, mais il faut savoir se résigner.
Je disais donc que les Bubble Boys sont un groupe originaire d’Orlando, Florida. Je disais, aussi, qu’ils sont rares les groupes dans la lignée de Nobunny. Le gros slacker a envahi la scène, mettant définitivement a mal le slacker plus fin, plus surnois et plus moqueur. Ce slacker là est précisément celui de Nobunny, de Hunx, de Shannon, le slacker pre-2012 en gros. Mais c’est aussi, plus récemment, celui de Crazy & the Brains, et désormais celui des Bubble Boys.
Le 13 avril dernier, il faisait paraître son premier album, Sticky Sitch. Il fait suite à quelques sorties qui avaient déjà bien préparé le terrain – et les foies. Le Sunshine State dont il est issu vient là de se trouver une nouvelle raison d’être. Si les Bubble Boys sont encore inconnus des plus grandes salles au monde, ils ont en eux le pouvoir de transformer des hordes de groupies zombies venues pour le fun-fun-fun. Ils sont trop rares à savoir le faire sans vouloir cogner à tout prix. Bubble Boys est hyper mélodique, son album est véritablement taillé pour sublimer les hits qu’il contient. Ils sont au nombre de huit.
“Wrathchild” débute dans la belle lignée du Ty Segall 2010, façon Goodbye Bread. C’est déjà cheesy, mais les Bubble Boys savent faire encore plus dumb et plus fun. “Need A Lover” en est un bon exemple, le genre de morceau sur lequel on fait des concerts de air guitar avec toute l’énergie d’Iggy Pop un jour de resdescente.
“Baseball“, quant à lui, assume la réconciliation du musicos avec le quaterback. J’ai souvent parlé de ce thème, et ici, les Bubble Boys lui donnent une nouvelle tonalité avec un slacker punk qui fera la joie de Nobunny. “Be My Baby” vient clore la face A de cet album avec toute la grâce qu’un skateur peut avoir. On a rarement entendu quelque chose de plus fun-fun-fun (trois fois) en 2018. Et histoire de citer tous les types que je cite tout le temps, je ne manquerai pas Lester Bangs qui qualifiait le rock’n’roll de “most invincible Superjoke in history“. Ce que je dis peu, ce qu’il ajoute également que le rock était “strogest“, en traduction non littérale, de la musique pour AVC. Avec les Bubble Boys et les dizaines d’headbangers qu’il nous impose de faire, on se retrouve très rapidement proche du drame.
“Sticky Sitch“, c’est l’une des grandes réussites des Bubble Boys, parce qu’en plus du cheesy auquel ils étaient en train de nous habituer, ils y ajoutent une musique pleine de grandiloquence qui les élève assurément au statut de Supercheesy. Ce sont les Memories qui vont être contents d’avoir trouvé de nouveaux compagnons de route. Et puis vient “Naked Girl“, le genre de hit dont on ne se sépare pas comme ça. Avec lui, les Bubble Boys viennent nous dire qu’il n’y a finalement pas meilleure occupation que d’escalader des échelles pour aller regarder dans le dortoir des filles, c’est du Animal House puissance 3.
“Ditty Bomb” n’a rien n’a envie au “Time Bomb“, les Ramones n’auront donc pas fait tout ça pour rien. En réalité, les Bubble Boys viennent nous faire danser dans la grande lignée des radio college qui devaient animés les campus floridiens dans les années 80s. Et “Science Friction” de venir ne donner le clou de spectacle qui rappelle à notre bon souvenir l’existence de Weird Science, un crackerjack du cinéma américain, tout comme il sera bientôt un crackerjack de la scène slacker des années 2010s. Nobunny a relancé la mode de la voix nasillarde et les Bubble Boys la sublime ici, à la bonheur !
Au final, vous aurez bien compris que Sticky Sitch est un album pour faire la fête et pour aller s’encanailler sur les campus floridiens. Pendant que les Bubble Boys délivrent leur musique, une partie de la scène reste bloquée sur l’idée qu’il faut absolument délivrer des messages philosophiques pour changer le monde. Les Bubble Boys, changent le monde avec un dumb punk qui ferait danser un zombie-à-bières. Imaginez si la musique de Sticky Sitch était imposée à l’ensemble de la population mondiale. Imaginez votre boss qui écoute “Ditty Bomb” à son réveil tandis qu’il repasse sa chemise en caleçon. Imaginez la grand-mère d’en face qui, à 6h00, met Sticky Sitch bien fort pour danser avec sa serpillière. Imaginez votre copain/copine qui vous réveille avec cette douce musique slacker en vous préparant un café. Ah, le monde serait bien beau. Alors, si certains d’entre vous veulent réveiller le monde avec Sticky Sitch et m’envoyer une vidéo de cet acte héroïque, je posterai la vidéo ici-bas.
(mp3) Bubble Boys – Naked Girl
Tracklist : Sticky Sitch (LP, 2018)
1. Wrathchild
2. Need A Lover
3. Baseball
4. Be My Baby
5. Sticky Sitch
6. Naked Girl
7. Ditty Bomb
8. Science Friction
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