The Valderamas est un groupe rennais qui vient de faire paraître son nouvel EP – 1 – via Howlin Banana et Azbin Records. Il est émouvant.
Je me pose toujours cette question à l’écoute d’un nouvel album : qu’apporte-t-il ? Cette question a des allures objectives ; le groupe fait-il avancer le schmilblick. Certains trouvent cette approche obsolète, arguant que seule la sensation compte et que l’on se moque bien de savoir si le groupe est révolutionnaire, ou s’il ne l’est pas. Ils me ramènent, en somme, à une appréciation plus subjective de la musique. En réalité, la mienne l’est tout autant, et ce, pour deux raisons au moins. La première se déduit du fait que ma question est nécessairement biaisée, je peux trouver des avancées dans un album sans qu’elles y soient, ou sans que l’artiste les ait voulues. La seconde découle du fait que je ne peux empêcher mon indifférence quant aux albums dans lesquels je ne trouve pas cette avancée, cette singularité qui les distinguent très clairement des autres. Parce que sinon, je préfère toujours écouter Pavement et Big Star et les Ramones et le Velvet.
Avec les Valderamas, la réponse à ma question est des plus faciles : le groupe fait le pont entre Bob Dylan et la jangle pop façon Chris Bell – voyez “He’s Back“. C’est une première mondiale, première dans l’histoire de la musique, première dans mon coeur, à tout le moins.
Plutôt que de me conformer à dire un petit quelque chose de tous les titres de cet album, je vais ici me contenter d’un seul d’entre eux, parce qu’il est à ce point extraordinaire qu’il mérite toute mon attention. Que ce soit dit, néanmoins, chacun des morceaux de cet EP mérite l’approbation des plus fins mélomanes.
Si je fais ce choix, c’est que j’ai toujours eu une obsession tout à fait singulière pour les morceaux dans lesquels un protagoniste s’en remet entièrement à un autre – force est de constater, lorsque ce sont deux personnes de sexe masculin. Je pense, surtout et avant tout, au “Danny Says” des Ramones. La pleine confiance que Joey donne à Danny en suivant ses recommandations – “Danny says we gotta go. Gotta go to Idaho; But we can’t go surfing; Cause it’s twenty below” – a quelque chose de très touchant, c’est la figure du père qui est projeté sur un autre – Freud – pour faire resplendir la relation. Je pense, en deuxième lieu, à “Moonmate” de TH da Freak – “I’m just watching the moon with my roommate Feel the gloom because it ends We are in bloom so long my friend“, le titre de l’amitié, que dis-je, le plus grand morceau jamais composé sur l’amitié.
Je penserai dorénavant à “I Was 20”. Ce titre m’évoque La Confusion des Sentiments, un véritable chamboulement dans ma façon d’aborder la connaissance. Il m’évoque également The Year of Hibernation de Youth Lagoon. La voix y est fragile, le phrasé est celui de Bob Dylan et on y parle d’amitié. C’est extrêmement touchant, je ne vois pas comment le dire autrement. Avec ce seul morceau, Valderamas rentre dans ma vie et n’en sortira pas.
(mp3) The Valderamas – I Was 20
Tracklist : -1- (EP, Azbin Records / Howlin Banana Records, 2018)
1. Holding Head High
2. You Should Be
3. I Was 20
4. I Can’t Stand
5. He’s Back
6. High Rock Park
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