Priors, c’est un groupe originaire de Montréal qui aime tout simplement trop le garage punk pour que l’on puisse ne pas l’aimer aussi. Priors, c’est le genre de groupe capable de décrocher des hits et, sur quelques minutes, d’aller flirter avec les plus grands. Il faut dire que tout est parfaitement en place, de la production à l’imagerie, du son de la guitare aux mélodies, Priors parvient à nous combler tout autant que Cameron Diaz comble Jonathan Richman dans le film bien connu.
“Grease“, son dernier morceau, fait précisément tout ce que je viens de décrire avec une facilité digne de Mike Krol qui rencontre Crazy & the Brains. Paru le 11 juillet dernier, il ne fait aucun doute que le titre ici décroché par Prior devra faire partie de la liste des meilleurs uppercuts de l’année 2018. Sans trop miauler, sans trop se tortiller du cul non plus, Priors délivre son garage punk avec l’affront des groupes qui savent organiser une belle orgie punk. On pourrait l’écouter 15 fois d’affilé. Alors on le fait. Le tout a été fabriqué au Mountain City Studios qui devra bientôt inclure Priors dans la liste de ses clients.
La bonne nouvelle, c’est que Priors a également fait paraître un album l’an dernier / cette année. Si la version digitale a vu le jour en mars 2017, les belles K7 que vous pouvez vous procurer viennent d’être mises dans les meilleurs bacs par Brain Gum Records. Le tout débute avec “Story Blind” qui reprend le plus grand trick du monde : guitare et batterie se complètent quand, soudainement, la batterie se tait pour laisser le lead à la guitare. Et nous, on remue de la tête. C’est ultra efficace, bien que pas très novateur, mais c’est un peu le constat général de cet album. “Disgrace” le démontre mieux que les autres. Les 20 dernières secondes relèvent du très haut niveau qu’il faut mettre sous scellé avant que l’on ne vienne nous voler le groupe.
“Intermediate” joue la carte cathartique et la voix bousillée par les effets. Et c’est grâce à “Hungry For Love” que je peux sortir ma nouvelle théorie de la musique post-skate, alors je lui dis merci. J’en disais donc, à l’occasion de l’article sur les Shifters, que le post-skate est joué par ceux qui “ont l’attitude sans l’objet, qui ont le punk sans faire du skate punk pour autant, qui ont le style vintage sans les vans.” Je complète aujourd’hui la définition telle que suit : le post-skate, c’est un musique aux rythmes très resserrés, des mélodies pop qui sont mises au service d’une voix plutôt aggressive mais amicale par ailleurs. Voilà. Et une fois encore, il me semble que Thigh Master, les Shifters, Dumb, Aborted Tortoise et Rips répondent bien à cette définition. Ajoutons Priors à la liste.
“Reality” prend le relais dans ce qui est l’un des meilleurs passages de cet album, une prouesse en ce qui concerne la deuxième moitié. Une prouesse post-skate, c’est bien ça. “I Don’t Kid” est plus noir, (presque) plus langoureux, alors on file sur “Bottom Feeder“. Une fois encore, la production de cet album est étonnament imperfectible, et dans son genre mid-fi, elle doit faire office d’exemple.
“Big Love” reprend la hache et lance le kick de la batterie à fond les ballons. Les voix se sont mutées en un chorus qui ferait presque penser que Priors s’adonnne à des rituels non cautionnés par l’Eglise, une fois la nuit tombée. “Internal Wasted“, plus punk que jamais, est une nouvelle baffle pour tous ceux qui sont venus avec leur skate, parce qu’ici, on ne traine pas du côté de la musique de Fidlar, mais des types qui sont post tout ça, voyez. Et “Old Boys Club” de venir sceller son appartenance au club, reconnaissait les siens parmi tous. Priors n’a jamais été si apocalyptique.
Au final, je souhaite la bienvenue à Priors dans la nouvelle sphère des groupes de post-skate (haha, le délire continu). Tout ce qu’il a fait paraître à ce jour mérite d’immenses louanges que je me fais un plaisir absolu de lui faire ici. Son nouveau single et cet album sont de grandes pièces de musique qui honereront les classements de l’année 2018. Priors semble par moment reprend la formule originale de Together Pangea (voyez plutôt), et s’il part sur des bases assez pop et garage, il finit dans un élan très punk qui ne fait jamais que renforcer l’excellence de son album. Vive Priors, vive le post-skate et vive l’excellence !
(mp3) Priors – Grease
(mp3) Priors – Reality
(mp3) Priors – Disgrace
Tracklist :
Grease (Single, 2018)
1. Grease
Priors (LP, Brain Gum Records, 2017)
1. Story Blind
2. Disgrace
3. Intermediate
4. Hungry For Love
5. Reality
6. I Don’t Kid
7. Bottom Feeder
8. Big Love
9. Internal Wasted
10. Old Boys Club
Liens :
Article sur Dumb
Article sur The Shifters
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