Lorsque j’écrivais sur The Nude Party en juin 2016, jamais je n’aurai pensé me retrouver à chroniquer son album en grande pompe deux ans plus tard. Jamais je n’aurai pensé le voir paraître sur New West Records non plus, un gros label indé originaire d’Austin (Texas). Jamais je n’aurai pensé qu’il aurait un tel succès. J’osais à peine dire qu’il y avait surement quelque chose à faire à la frontière entre surf et blues. Et je m’en tenais à cela, parce qu’après tout, les projets intéressants qui n’arrivent jamais à maturité sont très nombreux.
Seulement, The Nude Party a sorti l’artillerie lourde. Tout est là : la com’, les photos, le label, la musique à tendance sixties, le cool, l’Instagram qui va bien. C’est à se demander, parfois, dans quelle mesure le succès d’un groupe est encore dû au hasard. Mais la réponse à cette question compte peu, en réalité, parce que le premier album de The Nude Party est très bon, on the merits. Que le groupe soit donc épaulé est une très bonne nouvelle pour qui a un jour aimé J.J. Cale et les Stones.
Comme c’était déjà le cas il y a deux ans, The Nude Party décrit son article de Boner Pop. Je note que la définition d’Urban Dictionnary a évolué : “Something you get in class. Fucking annoying. Fixed by going to bathroom and wanking off, or flipping around between the pants and stomach“. Je m’en vais donc chroniquer cet album sur la base de cette description, feintant de ne comprendre que Boner vient de la ville du groupe… Boone, North Carolina.
“Water On Mars” donne le boner, parce qu’est c’est entrainant et que ça nous rappelle les Kinks. “Feels Alright” est moins boner-ish, parce qu’on décroche après 2 minutes. Mais ce sont des titres à l’image de “Chevrolet Van” qui font la magie de cet album. Le phrasé de Mike Lou Reed est évident et The Nude Party trouve le moyen d’y ajouter 10% blues 10 % country. C’est excellent ! Je parlais de musique BBQ à l’occasion de l’article d’hier sur les Proud Parents, je suis obligé de parler ici de musique Swimming Pool tant on s’imagine nager dans un bassin de Louisiane en compagnie de deux ou trois alligators. Bon, on garde le BBQ, aussi.
Et c’est ici que l’album prend tout son sens. La sauce commence à prendre sérieusement, les titres se ressemblent certes, mais ils ont l’avantage de la cohérence. The Nude Party n’est jamais brumeux. “Paper Trail (Money)” nous entraine en pleine canicule, il y a des types qui magouillent proches d’un cactus au loin. Le groupe, posé en plein milieu du désert, délivre ce smooth rock’n’roll pour qui s’est dit, un jour, que Mark Knopfler était un génie. Quant à “War is Coming“, il ne fait que confirmer ce qui est désormais l’évidence : cet album a de fortes allures sudistes et Nude Party sait parfaitement comment créer un mouvement. L’orgue ajoute en psychédélisme, c’est toujours bienvenu.
Il faudrait être sourd, à ce stade, pour ne pas comprendre l’amour que portent les Nude Party aux Rolling Stones. “Records” le fait apparaître plus que de mesure. Il faut dire que le groupe British a toujours su comment exploiter la fibre texane du rock’n’roll fifties, ce que l’on retrouve ici. Et l’on repart pour un tour avec “Live Like Me“. La fête foraine des Nude Party est bien faite, la voix n’a jamais été aussi nasillarde – à la bonheur – et l’on entend la descendance de Dylan. “Gringo Che” donne à cet album les accords de blues qu’il méritait. Il y a des riffs auxquels il est difficile de résister.
“Wild Coyote” nous approche de la conclusion. Les Nude Party en font quelque chose de sauvage, de marécageux. La conquête de l’Ouest ne fait que commencer, le groupe originaire de Caroline du Nord veut donner le boner-bonheur à tout le pays. Et “Astral Man” de venir faire ce que le groupe n’avait pas encore osé : le slow qui va bien, celui que l’on entend au bar du coin, celui qui est dansé par four ladies qui ont encore leurs bigoudis. “Charlie’s Sheep” conclut sur un rock progressif, hello les Feelies, hello le titre instrumental parfaitement maitrisé !
Au final, on nage en plein revival et l’on ne peut pas dire que les Nude Party ne révolutionnent quoi que ce soit. Il n’en demeure pas moins que l’album est 1/ très bien produit, 2/ très festif, 3/ très Sud-USA, 4/ très très ! Il joue à fond la carte sixties, sous toutes ses coutures, et si je me suis lassé de ce style il y a 3 ou 4 ans de cela, je suis forcé de reconnaitre que les Nude Party se placent bien au-dessus de la mêlée des groupes du genre. Avec lui, on accepte le chapeau de cowboy et l’on se pose sur son vieux porche en bois pour lire Killing A Mockingbird et regarder les cannes à sucre. It’s the American Dream!
(mp3) The Nude Party – Paper Trail (Money)
Tracklist : The Nude Party (LP, New West Records, 2018)
1. Water On Mars
2. Feels Alright
3. Chevrolet Van
4. Paper Trail (Money)
5. War is Coming
6. Records
7. Live Like Me
8. Gringo Che
9. Wild Coyote
10. Astral Man
11. Charlie’s Sheep
Lien :
Article de présentation du groupe
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